Emmanuel Macron a achevé ce mardi 4 février sa visite d’État en Pologne par une détour par Cracovie. Point culminant de la journée, il s’est exprimé devant 150 étudiants de la célèbre université Jagellonne, l’une des plus anciennes d’Europe centrale.
Dans un discours de plus d’une heure, Emmanuel Macron a notamment parlé d’histoire et de la tentation de la réécrire. Que ce soit de la part de la Russie sur une responsabilité polonaise dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ou de celle de Varsovie, lorsque le gouvernement conservateur minimise la collaboration avec les nazis. « Il y a comme quelque chose qui s’est enrayé ces dernières années, en Europe, ici », a déclaré le président français.
Après une première journée où il s’est employé à apaiser les relations entre la France et la Pologne, Emmanuel Macron s’est montré plus incisif ce mardi devant les étudiants de l’université Jagellone. Notamment dans ses critiques contre la mise au pas du système judiciaire polonais, rapporte notre envoyée spéciale, Anastasia Becchio. « L’Europe n’est pas seulement un marché, c’est un socle de valeurs, de droits, de libertés. La séparation du pouvoir, l’indépendance de la justice, les libertés des personnes, c’est ce qui fait l’essence de l’Europe ».
Et dans cette université qui a accueilli un étudiant illustre, le président français a cité ces célèbres paroles en polonais : « N’ayez pas peur ». L’injonction de Jean Paul II qu’Emmanuel Macron fait sienne. Un message à cette Pologne dont il espère se faire un allié dans l’Europe de l’après-Brexit.
Mais à Cracovie, considérée comme le centre culturel et intellectuel du pays, les étudiants auxquels s’est adressé le président français sont inquiets. « La démocratie n’est pas au mieux en Pologne. Et la Commission européenne regarde cela de près. Cela doit être un avertissement pour notre gouvernement. Je crois qu’il est en train de nous faire sortir de l’Union européenne », confie Maia au micro de notre correspondant, Thomas Giraudeau.
À côté, son ami, Pawel Marczyk, étudiant en relations internationales, partage cette inquiétude d’un Polexit. « Oui, je pense que c’est possible. Les juges peuvent maintenant perdre leur travail, être écartés juste parce qu’ils ont exprimé leur opinion. Donc, si l’Europe veut changer quelque chose et nous aider, elle doit arrêter de verser de l’argent à la Pologne. »
Michal Slawtczuk, lui, se veut au contraire optimiste. Le Polexit, dit-il, on en est encore loin. « Plus de 80 % des Polonais sont pour l’UE. Et totalement contre le Polexit. Donc là, je n’ai pas peur. En revanche, j’ai peur de la marginalisation de la Pologne parce qu’elle est moins importante que d’autres pays d’Europe. » Les étudiants veulent justement que leur pays de 40 millions d’habitants pèse davantage. Mais pour cela, la Pologne doit régler son conflit avec l’Europe sur la justice.
RFI