Il avait témoigné contre Donald Trump en novembre devant la Chambre des représentants dans son procès en destitution. Ce vendredi, deux jours après l’acquittement du président, le lieutenant-colonel Alexander Vindman a été prié de quitter la Maison Blanche. Quelques heures plus tard, c’était au tour de Gordon Sondland, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne
Son témoignage devant la Chambre des représentants retransmis en direct sur les chaînes d’information américaines avait provoqué la colère du président. « Je suis censé être content de lui ? » fait mine de s’interroger Donald Trump devant la presse ce vendredi matin. « Eh bien non, je ne suis pas content de lui ».
Peu après cette déclaration, la Maison Blanche annonce le licenciement du témoin embarrassant. Alexander Vindman est prié de quitter les lieux, raccompagné vers la sortie. « Il n’y aucun doute dans l’esprit des Américains sur les raisons de son licenciement », dit son avocat.
Il avait alerté les juristes
Le lieutenant-colonel Vindman a dû partir pour avoir dit la vérité. « Son honneur, son engagement ont fait peur à l’homme le plus puissant du monde. » Militaire américain né en Ukraine, Alexander Vindman est arrivé aux États-Unis à l’âge de trois ans avec son père qui fuyait l’URSS.
Ce témoin-clé du procès en destitution était en charge du dossier ukrainien au sein du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Sans contact direct avec Donald Trump, il avait néanmoins écouté en juillet sa discussion téléphonique avec le président ukrainien, discussion à l’origine de son procès en destitution.
Jugeant inapproprié la demande de Donald Trump à l’Ukraine d’enquêter sur son rival Joe Biden, il avait alerté les juristes de la Maison Blanche. Son limogeage intervient deux jours après l’acquittement du président et au lendemain de ses déclarations et de celles de son entourage promettant faire payer ceux qui ont témoigné contre lui.
Mais le licenciement de Vindman a aussi été suivi d’un autre, dans un genre assez similaire : celui de Gordon Sondland. l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, riche homme d’affaires et donateur républicain, d’annoncer dans un communiqué qu’il était rappelé « à effet immédiat ».
M. Sondland avait notamment affirmé sans détour lors d’une audition publique en novembre devant le Congrès qu’un « donnant-donnant » avait bien été proposé aux Ukrainiens: si leur président voulait être invité à la Maison Blanche, il devait annoncer publiquement des enquêtes sur Burisma, le groupe gazier qui a longtemps employé Hunter Biden. Gordon Sondland avait ajouté « avoir acquis la conviction » que l’aide militaire avait également servi de levier. Il avait toutefois reconnu que le président Trump, avec qui il discutait régulièrement, ne lui en avait « jamais » parlé « directement ». Suite à son témoignage, Donald Trump avait assuré ne pas bien le connaître.
Réactions courroucées
À la suite du limogeage du premier, la cheffe des démocrates Nancy Pelosi s’est dite choquée : « C’est honteux, cela va trop loin »
« L’ambassadeur Sondland et le lieutenant-colonel Alexander Vindman sont des fonctionnaires courageux, des héros et des patriotes », a écrit l’élu Mark DeSaulnier sur Twitter. « La vengeance de Trump contre eux pour avoir dit la vérité est une action digne de dictateurs et de criminels, pas du président de la plus grande démocratie du monde. »
Le limogeage des deux hommes « est un nouvel abus de pouvoir de la part du président », a renchéri le sénateur Ron Wyden.