L’eurodéputé et bourgmestre de la commune belge Anthisnes qui a été libéré de son bracelet électronique sous conditions mardi 9 s’est exprimer dès le lendemain face à la presse ou il a une fois de plus clamé son innocence.
Marc Tarabella a été accusé, de blanchiment d’argent, d’appartenance à une organisation criminelle et de corruption publique dans le cadre de l’affaire connue sous le nom du « Qatargate ».
Devant la presse mercredi (10 mai), M. Tarabella est revenu sur l’affaire dans laquelle il s’est retrouvé entraîné par celui qu’il croyait être son « ami », l’ex-eurodéputé Pier-Antonio Panzeri.
Le 9 décembre 2022, Marc Tarabella a appris que M. Panzeri avait été arrêté pour corruption. Il explique avoir été « supris » par cette annonce et avoir pensé qu’il s’agissait d’une « erreur ». « Comment un homme qui a eu des fonctions importantes pendant 15 ans au Parlement européen, un ancien leader syndical reconnu, aurait pu tremper dans une telle affaire ? », s’était alors demandé M. Tarabella.
Le Belge relate ensuite : le 10 décembre, l’impensable arrive. Des policiers se présentent à son domicile accompagnés du juge d’instruction et de la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour une perquisition. Il souligne par ailleurs le « tact et le professionnalisme des policiers qui ont effectué la perquisition ».
La raison de cette perquisition ? Les mensonges de Panzeri qu’il voyait pourtant « régulièrement » et qu’il considérait comme un « ami de longue date ».
Il est en effet accusé par l’Italien d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent (120 000 à 140 000 euros) en échange d’un assouplissemnet de sa position sur le Qatar.
Ensuite, la presse s’emballe, les demandes d’interview s’enchainent. Toutefois, Marc Tarabella refuse de commenter, même si cela n’a pas été facile, explique-t-il.
« Je vois ensuite mon visage à la une du JT », explique-t-il avant de fondre en larmes. « Mon nom est partout », celui que porte « ma famille […] qui eux non plus n’ont jamais mérité cela », tout cela « sur la seule base des dires d’un homme qui a jeté mon nom en pâture pour ne pas être dévoré ».
M. Tarabella a également tenu à saluer les médias qui ont respecté la présomption d’innocence, expliquant avoir lu des choses « parfois absurdes, choquantes », qui lui ont fait beaucoup de mal.
Il n’a pas mentionné sa double exclusion, d’abord de son groupe politique au niveau national (Parti socialiste) et au niveau du Parlement européen (S&D), que son avocat avait alors qualifié d’« injuste », puisque son client n’avait « jamais été entendu ».
Il a toutefois indiqué ne pas en vouloir à ceux qui se sont détournés de lui. « Je ne leur en veux pas. Quand un tsunami arrive, rester sur la plage n’est certainement pas la meilleure option. »
Le Belge a mentionné sa levée d’immunité parlementaire, et notamment le fait qu’il a voté en faveur de celle-ci et a appelé ses collègues à faire de même.
Une fois son immunité levée, il est à nouveau entendu et perquisitionné, d’abord dans les bureaux de sa commune puis ceux au Parlement européen, où aucun élément n’a été trouvé.
Ensuite, le 10 février, l’« horreur » : il est placé en détention. « La prison, ce n’est pas facile pour un coupable, et c’est encore pire pour un innocent. »
Il décrit les cinq mois qui ont suivi l’éclatement du scandale comme la pire période de sa vie.
À la fin de son discours, il a précisé ne pas vouloir commenter les éléments de l’enquête, celle-ci étant toujours en cours, avant d’expliquer qu’il a tout intérêt à ce que la vérité soit connue, puisqu’il est innocent dans cette affaire et n’a jamais reçu d’argent ou de cadeaux en échange de ses opinions politiques.
« Même si le combat n’est toujours pas fini », il affirme accueillir « très favorablement » la décision prise par le juge d’instruction mardi.
Une reprise de ses activités parlementaires ?
L’eurodéputé va à présent tenter de reprendre son travail au sein du Parlement européen, où il agira en tant que membre non inscrit suite à son exclusion, et en tant que maire d’Anthisnes — une fonction qu’il a dû abandonner le 22 avril dernier.
Cependant, il devra disposer d’une autorisation de la justice pour se rendre aux séances plénières à Strasbourg
En ce qui concerne la possibilité de réintégrer son groupe politique au sein du Parlement européen, M. Töller a déclaré que M. Tarabella « estime toujours appartenir à ce groupe », mais « qu’il faut voir ce qu’ils [les socialistes et démocrates] vont faire, la balle est dans leur camp ».
Interrogée sur une éventuelle réintégration de M. Tarabella, mais aussi de l’eurodéputé Andrea Cozzolino et de l’ancienne vice-présidente de l’Assemblée Eva Kaili, Iratxe García Perez, présidente du groupe des socialistes et démocrates au Parlement, a répondu à Politico : « Ces personnes ne sont pas des membres de notre groupe, je n’en sais donc rien et le groupe ne fera rien à ce sujet. »
Source : EURACTIV