À en juger par les dernières évolutions, avec l’interdiction du survol du territoire nigérien à tous les avions français par les autorités nigériennes issues du putsch qui a renversé le résident Mohamed Bazoum, le 26 et l’annonce par le président Emmanuel Macron qui se résout finalement à faire rentrer l’ambassadeur Sylvain ITTE et à retirer les forces françaises comme l’exige depuis plus d’un mois le pouvoir de Niamey, la crise entre la France et le Niger est loin de connaitre son épilogue.
A travers un communiqué en date du 23 septembre dont la source est attribuée à la Présidence de la République, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie(CNSP), l’organe dirigeant mis en place par les militaires au pouvoir depuis déjà deux mois au Niger, a annoncé sa décision concernant le contrôle de l’espace aérien du pays, mais impactant surtout la France.
« Conformément au communiqué du samedi 23 septembre 2023 transmis à l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique (ASECNA), le Niger a décidé de restreindre l’accès à son espace aérien. Celui-ci reste ouvert à tous les vols commerciaux nationaux et internationaux, à l’exception des appareils français et de ceux affrétés par la France, y compris la flotte d’Air France », apprend-on.
Le communiqué ajoute également que « tous les vols militaires opérationnels et vols spéciaux demeurent interdits, sauf autorisation exceptionnelle des autorités ». Selon les termes de ce communiqué, « la décision symbolise la volonté du peuple nigérien, par la voix de son gouvernement, de reprendre le contrôle total de son ciel et de son territoire ».
Coïncidence ? Quelques heures après cette annonce, les autorités françaises acceptent finalement de se plier aux exigences des autorités militaires nigériennes qui depuis le 25 Août dernier ont retiré leur agrément à M. Sylvain ITTE, l’ambassadeur de France en poste à Niamey, et lui ont demandé de quitter le territoire nigérien sous quarante-huit heures après avoir dénoncé trois semaines auparavant, les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France.
Refusant jusque-là de considérer ces décisions en justifiant cette attitude par la non reconnaissance de son gouvernement de la légitimité des autorités issues du coup d’Etat du 26 juillet au Niger, M. Emmanuel Macron, a annoncé, hier 24 septembre le retour en France de l’ambassadeur Sylvain ITTE et le retrait des militaires français d’ici à la fin de l’année.
Cela, a-t-il dit, suite à un échange avec le président déchu, M. Mohamed Bazoum. « Dans les prochaines heures, notre ambassadeur, avec plusieurs diplomates rentreront en France et nous mettons fin à notre coopération militaire avec les autorités de fait du Niger, car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme », a déclaré le président français lors d’un entretien avec les chaines TF1 et France 2.
À Niamey, cette annonce réjouit les acteurs qui se mobilisent derrière le CNSP, comme les membres de la structure dénommée Front patriotique pour la souveraineté qui y voit une victoire résultant de leur mobilisation. « Emmanuel Macron vient de signer la reddition de la France devant le vaillant peuple nigérien en actant le départ de l’ex Ambassadeur Sylvain ITTE et le départ des soldats français du Niger », résume le communiqué du Front patriotique pour la souveraineté.
Est-ce suffisant pour faire baisser la tension qui n’a cessé de monter entre Paris et Niamey depuis le 26 juillet dernier ?
Par : Dan Daouda