Après de longues semaines d’attente, les autorités israéliennes ont approuvé la livraison de carburant pour les opérations humanitaires de la principale agence onusienne opérant à Gaza, l’UNRWA, mais l’autorisation ne concerne que la moitié des besoins quotidiens minimum en carburant pour ces opérations humanitaires, a indiqué samedi le chef de l’UNRWA.
« C’est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins et permettre aux usines de dessalement, aux pompes à eaux usées, aux hôpitaux, aux pompes à eau des abris, aux camions humanitaires, aux ambulances, aux boulangeries et aux réseaux de communication de fonctionner sans interruption. Le carburant ne devrait pas être limité pour ces activités », a déclaré dans un communiqué Philippe Lazzarini, le Commissaire général de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies chargée des réfugiés de Palestine au Proche-Orient.
L’entrée de carburant essentiel aux opérations humanitaires dans la bande de Gaza a été largement interdite depuis l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre (1.200 morts et quelque 240 personnes prises en otage), qui a été suivie de bombardements et d’une opération terrestre par l’armée israélienne à Gaza.
Crise humanitaire sans précédent
Selon le chef de l’UNRWA, sans la quantité totale de carburant, les gens ne disposeront que des deux tiers de leurs besoins quotidiens en eau potable ; de grandes parties de Gaza continueront d’être inondées par les eaux usées, augmentant encore davantage les risques de maladies ; 70% des déchets solides ne seront pas évacués, ce qui représente un risque majeur pour la santé ; et l’UNRWA sera obligée de gérer un nombre réduit de camions d’aide qui traversent quotidiennement Rafah.
« Les organisations humanitaires ne devraient pas être obligées de prendre des décisions difficiles entre des activités concurrentes qui sauvent des vies. Les tensions communautaires dans une société autrefois très unie sont susceptibles de s’intensifier, ce qui rendra encore plus difficile pour l’UNRWA et d’autres organisations d’opérer dans un environnement de crise humanitaire sans précédent », a estimé M. Lazzarini.
Il a appelé à une livraison « adéquate, régulière et inconditionnelle de carburant » pour maintenir toutes les activités vitales de l’UNRWA dans la bande de Gaza.
« Ces derniers jours, nous avons assisté à une réduction drastique de ces services, notamment de la disponibilité de l’eau et de l’évacuation des eaux usées, avec de graves conséquences pour les personnes dans le besoin. L’aide humanitaire ne peut pas être conditionnelle et ne doit pas être utilisée à des fins politiques ou militaires », a-t-il affirmé.
120.000 litres autorisés
Le mercredi 15 novembre, les autorités israéliennes avaient autorisé l’entrée d’un peu moins de 23.000 litres (un demi-camion) de carburant destiné à l’UNRWA pour transporter des cargaisons d’aide par camion arrivant via Rafah. Ce carburant ne pouvait être utilisé à d’autres fins humanitaires.
La quantité autorisée aujourd’hui, soit 120.000 litres, sera utilisée sur deux jours et ne couvrira que la moitié des besoins critiques quotidiens. L’UNRWA a été informée que 120.000 litres de carburant seraient livrés tous les deux jours.
L’agence onusienne rappelle que le carburant est également essentiel pour les réseaux de télécommunications. Gaza a connu vendredi une quatrième panne de communication. En conséquence, l’UNRWA n’a pas été en mesure de transporter des camions d’aide humanitaire arrivant via l’Égypte.
Mission de l’OMS à l’hôpital Al-Shifa
De son côté, le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué que son agence a mené samedi une mission d’évaluation à haut risque à l’hôpital Al-Shifa à Gaza.
L’équipe a constaté que l’hôpital « ne pouvait plus fonctionner : pas d’eau, pas de nourriture, pas d’électricité, pas de carburant et les fournitures médicales étaient épuisées », a dit Dr Tedros dans un message sur la plateforme de médias sociaux X.Tweet URL
« Face à cette situation déplorable et à l’état de nombreux patients, dont des bébés, les agents de santé ont demandé un soutien pour évacuer les patients qui ne peuvent plus y recevoir de soins vitaux », a-t-il ajouté, précisant que l’OMS travaille avec ses partenaires pour élaborer un plan d’évacuation urgent et demande « la pleine facilitation de ce plan ».
« Nous continuons d’appeler à la protection de la santé et des civils. La situation actuelle est insupportable et injustifiable. Cessez-le-feu. MAINTENANT », a déclaré le chef de l’OMS.
Des personnes tuées dans une école de l’UNRWA
Par ailleurs, plusieurs hauts responsables de l’ONU se sont émus des images « effroyables » dans une école de l’ONU abritant des déplacés dans le nord de la bande de Gaza. La frappe aurait touché l’école Al-Fakhoura, dans le camp de Jabaliya.
« Nous recevons des images effroyables de dizaines de personnes tuées et blessées encore une fois dans une école de l’UNRWA abritant des milliers de déplacés dans le nord de la bande de Gaza », a écrit le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini. « Ces attaques ne doivent pas devenir monnaie courante, elles doivent cesser. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut plus attendre », a-t-il estimé.
Le Coordinateur des secours de l’ONU, Martin Griffiths, s’est également ému de ces informations tragiques « concernant des enfants, des femmes et des hommes tués alors qu’ils s’abritaient à l’école Al Fakhoura, dans le nord de Gaza ». « Les civils ne peuvent et ne devraient plus avoir à supporter cela plus longtemps. L’humanité doit prévaloir », a-t-il écrit dans un message sur X.
La cheffe de l’UNICEF, Catherine Russell, a aussi dénoncé « une fois de plus, des images horribles d’enfants et de civils tués à Gaza alors qu’ils s’abritent dans une école qui doit toujours être protégée ». « Le carnage doit cesser. La souffrance doit cesser. Ce cauchemar pour les enfants doit cesser MAINTENANT ! », a-t-elle écrit sur X.