Le sommet extraordinaire sur le budget de l’UE doit reprendre vendredi matin après une nuit de consultations et une nouvelle proposition de compromis pourrait être soumise aux 27 pour tenter de sortir de l’impasse.
Les discussions ont été menées par le président du Conseil Charles Michel dans l’ordre des présidences de l’UE à venir et se sont prolongées dans la nuit de jeudi à vendredi.
Le sommet devrait reprendre vers 10H00 (09H00 GMT), a annoncé la présidence du Conseil après minuit.
Une nouvelle proposition de compromis devrait être soumise aux dirigeants. Mais compte tenu des profondes divergences entre les 27, il n’était pas certain que Charles Michel soit en mesure de le faire, a confié à l’AFP le représentant d’une délégation.
Dans ce cas, le sommet serait un échec, a commenté cette source.
Les bilatérales ont commencé avec le Croate Andrej Plenkovic. Charles Michela ensuite reçu la chancelière Angela Merkel, puis le Portugais Antonio Costa, le Slovène Marjan Sarec et le Français Emmanuel Macron. Les autres dirigeants se sont ensuite succédé au cours de al nuit.
– Priorités et lignes rouges –
Chacun a exposé ses priorités, ses lignes rouges et ses marges de manœuvres à Charles Michel, dont la mission est de trouver un consensus.
Les dirigeants européens avaient affiché leurs divergences dès l’ouverture du sommet.
« Le montant global du budget a été fortement attaqué par les pays du nord et la PAC (politique agricole commune) spécifiquement », a-t-on indiqué dans l’entourage de la présidence française.
Parmi ces pays, quatre – Pays-Bas, Danemark, Suède, Autriche – surnommés « les frugaux », ne veulent pas que le niveau total du budget dépasse 1% du revenu national brut (RNB) de l’UE. Leurs dirigeants ont été reçus ensemble, à leur demande, par l’ex-Premier ministre belge.
« Ils ont réitéré avec fermeté leurs positions », ont indiqué des membres de leur délégation.
Les « frugaux » souhaitent également, avec l’Allemagne, une répartition des ressources plus favorables aux nouvelles priorités (recherche, défense, protection des frontières extérieures…).
Les 27 doivent trouver un compromis sur le niveau global du budget (2021-2027) et sur sa répartition entre les différentes politiques de l’UE : agriculture, aides aux régions les plus défavorisées, lutte contre le changement climatique, numérique…
– « Inacceptable » –
La proposition de compromis de Charles Michel discutée jeudi représente 1,074% du RNB, soit 1.094 milliards d’euros. Trop élevée pour « les frugaux ».
Le Brexit a compliqué la donne de cette négociation, qui a lieu tous les 7 ans. En raison du divorce, le budget 2021-2027 devra se passer de la contribution de Londres, soit une manque estimé entre 60 et 75 milliards d’euros sur sept ans.
L’Allemagne n’est « pas satisfaite » de la proposition de compromis, « parce que l’équilibre entre les contributeurs nets (qui payent plus qu’ils ne reçoivent) n’a pas encore été correctement négocié », avait affirmé à son arrivée Angela Merkel.
« Il y a un chemin pour trouver un accord durant ce sommet, si tout le monde montre une volonté de compromis et d’ambition », a de son côté assuré Emmanuel Macron.
Il a annoncé vouloir « se battre » pour la PAC, alors qu’il est attendu samedi à Paris pour inaugurer le salon de l’agriculture.
Sa position est soutenue par l’Espagne, où les manifestations d’agriculteurs se multiplient.
Politiques traditionnelles de l’Union, la PAC et la politique de cohésion (l’aide aux régions les moins développées) mobilisent environ 60% du budget.
Ces deux enveloppes accusent une baisse globale d’une centaine de milliards d’euros par rapport au précédent budget (2014-2020) dans le compromis de Charles Michel .
Une quinzaine de pays de l’Est et du Sud, dont l’Espagne, la Pologne et la Grèce, réunis au sein des « amis de la cohésion », refusent une baisse du financement de cette enveloppe.
Les rabais, dont bénéficient aujourd’hui cinq pays – Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Autriche et Suède – sont un autre sujet de contentieux. Leur montant est de 5 milliards d’euros par an. Mais les pays bénéficiaires sont sous pression de leurs Parlements, où leurs majorités sont fragiles, refusent de renoncer à cette disposition.
Les autres capitales, France en tête, voudraient y mettre fin à la faveur du départ du Royaume-Uni, pays qui a imposé cette pratique à l’époque de Margaret Thatcher.
Le président du Parlement européen, l’Italien David Sassoli a aussi fait entendre sa voix, en jugeant la proposition de Charles Michel « inacceptable ». Or, tout accord devra être voté par les eurodéputés.