Il y a un an et un jour éclatait le Qatargate. C’est le 9 décembre 2022 que des policiers belges ont saisi 878.000 euros en billets de banque au domicile de la vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili et dans une valise détenue par son père. L’eurodéputée grecque a troqué les bancs du Parlement européen pour une cellule.
C’est sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche (RTL) qu’Eva Kaili offre sa première interview à une télévision belge, accompagnée de son avocat Sven Mary.
Inculpée pour « corruption » dans l’affaire du « Qatargate », Eva Kaili livre sa version des faits. « Il y a tout juste un an, nous étions à la maison, on est descendu au rez-de-chaussée et Francesco (Giorgi, assistant parlementaire, ndlr) se fait arrêter. Ils ont pris sa voiture, moi, j’étais choquée, je rentrais à la maison. Je pensais que c’était un accident de la route. Là, j’ai commencé à recevoir des messages, on m’a envoyé des articles avec des grands titres. J’ai réalisé qu’il s’était passé quelque chose avec Antonio Panzeri et que ce n’était pas un accident« , nous raconte-t-elle.
D’où venait donc cet argent découvert par la police ? « Je sais qu’on avait de l’argent à la maison, le salaire de mon conjoint qui a donné de l’argent à Panzeri. Il avait versé ce salaire depuis des années et espérait récupérer cet argent à un moment. Ensuite, j’ai trouvé un sac qui n’était pas à nous. J’ai réalisé que cela devait être celui de Panzeri. J’ai appelé la police. Je n’arrivais pas à joindre Francesco et personne ne savait rien. J’ai demandé à mon père de prendre le bébé, jusqu’à ce que je puisse contacter mon avocat« , continue Eva Kaili.
« J’ai appelé Marie Arena pour renvoyer ce sac et elle m’a dit que je pouvais le laisser à l’hôtel, au restaurant, et qu’il pourrait le récupérer. Je pensais que c’était une bonne idée, on a décidé d’appeler la police et de renvoyer ce sac à son propriétaire« , assure-t-elle.
La police a ainsi intercepté le père d’Eva Kaili, qui venait de sortir de son domicile bruxellois, avec une valise pleine de billets pour un montant total de 720.000 euros. Dans l’appartement d’Eva Kaili, la police a découvert 158.000 euros dans deux sacs de voyages.
Pourquoi a-t-elle voulu se débarasser du sac, via son père ? « Je me disais que c’était la bonne chose à faire, de rendre l’argent à son propriétaire. Pas de le cacher à la maison. Mon père n’était pas au courant, il pensait que c’était quelque chose pour Panzeri« , affirme Eva Kaili.
Antonio Panzeri, ancien élu du parlement européen, a reconnu être le cerveau de la campagne d’influence en faveur des intérêts du Maroc et du Qatar.
Eva Kaili n’émet aucun doute, ce n’est pas son argent : « Mes empreintes ne sont pas sur l’argent, je ne suis pas dans le dossier et je ne suis pas impliquée. Il y avait de la surveillance, si j’étais impliquée, ils auraient bien été au courant« , conclut-elle.
Immunité parlementaire
Eva Kaili a rapidement été écrouée, car la justice a estimé que c’est un flagrant délit et que l’immunité parlementaire ne s’applique donc plus. Sven Mary répond : « Il n’y a aucunement un flagrant délit ». « Si vous êtes observés par les policiers, s’il y a les services secrets devant votre maison. Je pense qu’on peut difficilement parler d’un flagrant délit, puisque vous êtes observés. Il y a une enquête depuis des mois à votre encontre« , ajoute l’avocat.
Sven Mary explique que la notion de l’immunité a toute son importance : « Mme Kaili et M. Giorgi sont deux personnes qui vivent ensemble et qui ont un enfant. Ils ont un coffre-fort qui appartient à M. Giorgi. Il ressort que l’argent qui est maintenu là-bas provient de son salaire et a été remis en cash suite à un emprunt de M. Panzeri. Le reste appartient à M. Panzeri. Si Mme Kaili avait vraiment voulu, à ce moment-là que l’origine de cet argent ne soit pas connue, l’argent serait resté chez elle puisque sa maison a une immunité. Automatiquement, on ne peut pas rentrer dans sa maison« .
Eva Kaili se sent confiante
Elle est la protagoniste de l’affaire qui a passé le plus de temps en prison, quatre mois. Eva Kaili se sent confiante maintenant : « Je me sens plus forte maintenant que je peux voir ma fille. J’ai aussi accès à mon dossier, j’ai les preuves et les faits pour démontrer l’innoncence que je clame depuis le premier jour », nous confie-t-elle.
Un an après le début de l’affaire, l’enquête se poursuit. Eva Kaili a été autorisée à retirer son bracelet électronique en mai dernier.
Source : RTL.BE