Rappelons que le Forum économique mondial de Davos a été créé en 1971 sous forme de fondation à but non lucratif par Klaus Schwab Professeur d’économie à l’Université de Genève. C’est un rassemblement annuel de personnalités politiques, économiques et sociales du monde entier. L’objectif de cet événement est de réunir en un même endroit les personnalités les plus influentes de la planète, afin qu’elles abordent des grandes problématiques économiques et sociales.
Cet événement majeur dans le monde de l’économie et de la politique, peut avoir des répercussions concrètes et influencer les politiques publiques des différents pays participants. Davos est une petite ville située au cœur des montagnes suisses dans le Canton des Grisons, qui dispose d’un centre de Congrès ultramoderne.
La 54 ème édition du Forum de Davos s’est déroulée du 15 au 19 Janvier 2024 sur le thème « Rétablir la confiance ». Elle a regroupé 3.000 participants dont 60 chefs d’Etat et de gouvernement, entre autres Emmanuel Macron et Vlodymir Zelenski, ainsi que des Premiers ministres tel que Li Qiang de Chine, ou des ministres tels qu’Antony Blinken des Etats-Unis. On y croise également les patrons des plus grandes entreprises mondiales, des personnalités du monde de la technologie, des économistes de renom, et des journalistes influents. Au niveau du genre, 840 femmes étaient présentes soit 28% des participants.
Plusieurs thèmes ont été abordés pendant cette 54 ème édition. En ce qui concerne le Moyen-Orient, c’est la guerre à Gaza qui a dominé l’ordre du jour du Forum. Il n’y a pas eu de détails clairs sur le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, ni sur la création d’un Etat palestinien. Le ministre Qatari des finances a indiqué que cette guerre ralentit l’économie de toute la région.
La reconstruction de la bande du Gaza quasiment détruite par l’armée israélienne a été estimée à 15 milliards de dollars. Les pays arabes ne participeront pas à cette reconstruction tant qu’une paix durable ne serait pas instaurée. Le ministre Saoudien des affaires étrangères a insisté pour la paix pour Israël, mais aussi pour les Palestiniens à travers l’établissement d’un Etat palestinien. Les attaques des navires par les Houtis du Yémen en Mer rouge ont fait augmenter les coûts des marchandises entre l’Asie et l’Europe, ce qui a poussé les entreprises à chercher d’autres voies d’approvisionnement. Les représentants du Yémen et de l’Iran ont déclaré que les attaques ne cesseront pas tant qu’Israël ne mettra pas fin à la guerre à Gaza.
Le Premier ministre chinois a déclaré que son pays était ouvert aux affaires, et a souligné son potentiel en matière d’investissements. Mais les investisseurs sont restés prudents face à la lenteur de l’économie chinoise, et les tensions avec les Etats-Unis. Une large place a été accordée lors du Forum de Davos à l’intelligence artificielle en vantant ses promesses, mais aussi ses risques pour la sécurité. Les discussions ont porté sur la manière de réglementer cette nouvelle technologie et de l’appliquer à la recherche scientifique.
Le président argentin Javier Milei qui participe pour la première fois au Forum de Davos a déclaré « Le capitalisme de libre entreprise est le seul outil dont nous disposons pour mettre fin à la faim et à la pauvreté ». Il s’est rapproché de Kristalina Georgieva directrice générale du FMI pour discuter de son plan visant à sortir son pays de labyrinthe de la dette. D’autre part, les dirigeants des banques mondiales ont mis en garde contre les pressions inflationnistes dues à l’augmentation des coûts des transports, et à la possibilité d’une hausse du prix du pétrole.
Ils craignent que le marché évalue mal les réductions de taux d’intérêt, et que les risques géopolitiques ne provoquent de la volatilité. D’autre part, l’année 2024 va être marquée par des élections importantes en Europe, aux Etats-Unis, en Inde et au Mexique, qui pourraient changer la façon dont les mesures de relance budgétaire sont gérées.
Plusieurs panels ont été consacrés à la fin des combustibles, et les patrons des
grandes compagnies pétrolières se sont rencontrés pour discuter de la manière de contribuer à la décarbonisation des industries qu’ils approvisionnent.
Le président Zelenski a mis l’Ukraine à l’ordre du jour de Davos. Les discussions ont abouti à la proposition de la Suisse d’accueillir des pourparlers de paix. Le président ukrainien a pris des contacts avec les dirigeants des banques, afin de trouver des financements pour la reconstruction de l’Ukraine. La présidente de la Commission européenne a plaidé pour continuer à soutenir la résistance de l’Ukraine pour l’emporter contre la Russie.
L’Afrique a tenu aussi une bonne place dans le Forum 2024 de Davos. Attirer les
entreprises privées plutôt que l’aide au développement, l’Afrique s’efforce de changer son image.
La vice-présidente de la Banque africaine de développement a déclaré «Dire ce que le continent à offrir est déjà un très bon moyen de faire venir le secteur privé dans une zone de libre-échange de 1,4 milliard de personnes ».
Les décideurs africains ont surtout débattu cette année de libre-échange, d’investissement, d’innovations et de transition énergétique. Le vice-président du Nigeria a de son côté déclaré « Nous pouvons vraiment profiter de la révolution numérique.
Le président de la Banque mondiale a indiqué que le monde doit commencer à comprendre l’importance du rôle que l’Afrique jouera dans les dix, vingt prochains années ».
Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) a présenté à Davos une initiative baptisée Timbuktov visant en dix ans à investir un milliard d’euros de capitaux publics et privés dans jeunes entreprises innovantes partout sur le continent.
L’Afrique ne représente aujourd’hui que 0,2% des jeunes entreprises dans le monde en terme de valeur. La quasi-totalité du capital-risque injecté dans les startups du continent provient de l’étranger, et revient à 83% à quatre pays : Nigeria, Kenya, Afrique du Sud, Egypte. Les jeunes entreprises africaines manquent de capital pour être compétitives sur la scène mondiale. Le projet Timbuktov prévoit d’ouvrir huit centres d’innovations en Afrique, et une présence dans plusieurs universités.
Les Etats-Unis et la Norvège ont lancé récemment un programme dédié au financement de petites et moyennes entreprises dans le secteur agricole africain à travers des fonds comptant aussi des investisseurs privés.
En conclusion, le Forum Davos 2024 s’est tenu dans un contexte géopolitique et
économique le plus compliqué depuis plusieurs décennies. Outre les deux guerres en Ukraine et à Gaza, les incidents de la Mer rouge, il faut ajouter le changement climatique, l’accroissement de la pauvreté, les problèmes de l’immigration et de la sécurité, l’intelligence artificielle, la désinformation. Tous ces thèmes ont été traités par des personnalités de haut niveau à la fois politiques et économiques.
L’autre intérêt de ce Forum est le réseautage entre les responsables politiques et économiques.
IMRI