L’Europe a voté en cette journée dominicale du 9 juin. En Allemagne, les
citoyens se sont rendus aux urnes pour élire leurs 96 députés au Parlement Européen, soit le plus gros contingent parmi les 27 États membres.
Les résultats sont déprimants. Ils ont provoqué une onde de choc. Les Chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et l’extrême-Droite (AFD) remportent les élections avec 30% du scrutin électoral. Les Socialistes (SPD), parti du chancelier Olaf Scholz, recueillent 14 % des votes, les Libéraux (FDP) 5,9% et les Verts (Bündnis 90/die Grünen) 11,9%. Les Verts sont les grands perdants de ce scrutin. La coalition gouvernementale au pouvoir, soit les 3 partis «Die Ampel» (Les feux tricolores) a perdu les élections. Avec un score de 30,%, la Droite peut assurer son soutien au vote de la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
La percée spectaculaire de l’extrême Droite, lors du scrutin, est en fait un désaveu de la part des citoyens*nes vis-à-vis de la politique de la coalition gouvernementale. Mais la plus grosse déception demeure le vote des jeunes. Ils ont donné massivement leurs voix aux Nationalistes, à la Droite et à l’extrême-Droite.
Or, pour la première fois, les jeunes de 16 et 17 ans avaient le droit de voter. Pourquoi se sont-ils détournés massivement des Verts ? Quels sont les motifs d’un tel revers ? Les questions de protection de l’environnement et de changements climatiques, qui leur tenaient à cœur, semblent avoir cédé le pas à celles de la politique migratoire et de l’insécurité, qui ont pesé de tout leur poids.
Quel rôle ont joué les médias-sociaux ? Cette nouvelle forme de populisme a su semer la panique et polariser la peur de l’islamisation de l’Europe et d’une insécurité grandissante. Peut-être cette peur a-t-elle poussé de nombreux jeunes électeurs à changer de cap. Á moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’un avertissement, un vote-sanction donné au gouvernement actuel pour lui exprimer le mécontentement des citoyens à propos de la lenteur de la croissance économique et du règlement de la question migratoire qui suscite toujours de nombreux débats. L’analyse du vote des jeunes, dans les prochains jours, devrait permettre d’établir avec plus de certitude les raisons de ce vote.
Cette défaite incite à jeter un coup d’œil sur les élections européennes de 2019. À l’époque, les Verts avaient obtenu 20 % des suffrages et 21 sièges. Aujourd’hui, leur score est de 11,5% avec 12 sièges, soit une perte de presque la moitié des sièges qu’ils occupaient au Parlement Européen. Le groupe parlementaire des «Verts/ALE» passe de 71 à 52 sièges.
Cette fois-ci, en Allemagne et en France, les Verts ont perdu presque autant de sièges qu’ils en avaient gagné en 2019. Après cinq ans de vague verte, la protection de l’environnement figure loin sur la liste des priorités derrière la prospérité et la concurrence, la sécurité et la défense, l’agriculture et le thème de l’immigration. Désormais, le groupe des Verts/ALE au Parlement européen ne sera plus que le sixième groupe le plus important, derrière les nationalistes et les extrémistes de droite. Comparativement aux élections de 2019, le Parti des Verts Bündnis 90/die Grünen a perdu plus d’un demi-million d’électeurs au profit de l’Union de la droite.
Cette élection marque un tournant décisif pour la politique des Verts. Ils devront se mettre à la recherche de solutions et de compromis susceptibles de leur faire regagner la confiance des électeurs*trices en vue des élections législatives de 2025 pour le Bundestag.
Selon les derniers sondages, les citoyens Allemands attendent du gouvernement fédéral qu’il donne la priorité à deux grandes préoccupations, à savoir: l’essor économique et la politique migratoire.
En effet 68% des personnes interrogées souhaitent une amélioration de la situation économique et 67% sont en faveur d’un meilleur contrôle de l’immigration. C’est le grand défi que la coalition au pouvoir doit relever afin de redorer son blason.
Croissance économique et immigration, ces deux thèmes suscitent des débats houleux et controversés. Pour le citoyen ordinaire, ce sont ces problèmes qui doivent être résolus dans un avenir proche.
En France, les résultats du scrutin ont amené le président Macron à dissoudre l’Assemblée nationale. Il a fixé les nouvelles élections au 30 juin. En Allemagne, cette option pour l’instant ne semble pas faire d’adeptes, malgré les dissensions au sein de la coalition. Les trois partis au pouvoir ont chacun leur propre culture du débat, car ils sont issus de visions politiques totalement différentes.
Malgré tout, les Verts demeurent optimistes qu’ils parviendront à regagner la confiance des électeurs. Une bonne analyse de la situation pourrait aboutir à des changements positifs qui influenceront la situation politique actuelle.
La montée de la Droite soulève de nombreuses questions, notamment à propos de la démocratie, la liberté et la tolérance ainsi que sur l’apparente focalisation sur la migration, bouc émissaire de tous les maux. La partie Est de l’Allemagne a voté en grande majorité pour les Nationalistes AFD en invoquant la question migratoire, alors que c’est une région où les réfugiés n’ont même pas accès.
Il sera intéressant de constater la mesure dans laquelle la Droite majoritaire au prochain Parlement européen et les divers autres partis qui le composent parviendront ensemble à relever les défis auxquels ils seront confrontés.