Le Parlement européen se joint à la communauté internationale pour marquer la
Journée européenne de commémoration de l’Holocauste des Roms et se souvenir des 500 000 Sinti et Roms qui ont été confrontés à des atrocités dans l’Europe occupée par les nazis de 1933 à 1945.
Dans la nuit du 2 au 3 août 1944, les 4 300 derniers Sinti et Roms qui se trouvaient encore dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau ont été assassinés, la plupart d’entre eux étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées. Nos pensées vont vers tous ceux qui ont été victimes de cet holocauste. L’histoire de Sidonie Adlersburg (1933-1944) illustre l’atrocité d’un tel carnage.
Le 18 août 1933, le gardien de l’hôpital de Steyr trouve devant son appartement un nourrisson, une petite fille enveloppée dans une couverture. A côté du nouveau-née, se trouve un morceau de papier avec l’inscription suivante:
« Mon nom est Sidonie Adlersburg et je suis née sur la route d’Altheim (en Autriche) Je cherche des parents.“
Les autorités autrichiennes l’identifient comme une fille appartenant au groupe de Sinti et de Roms. Elle est Noire de peau.
Amelia Derflinger, la femme du serrurier, veut prendre Sidonie en charge, mais son mari la menace de les chasser toutes les deux et de demander aussitôt le divorce, si elle emmène Sidonie à la maison «Veux-tu que tout le monde se moque de nous, et que nous soyons la risée même de nos Veux-m ’apporter la guigne, le malheur dans notre maison avec cet enfant Noir ?”
Sidonie est prise en charge par la famille Breirather, connue pour leur idées
communistes. Le couple l’éduque avec leur fils Manfred. Le service de la jeunesse les nomme officiellement tuteurs de Sidonie. Josefa et Hans Breirather s’occupent avec beaucoup d’amour de Sidonie et la prénomme „Sidi”. Sidi est une enfant affectueuse. Très tôt, elle est confrontée au racisme qui sévit et aux insultes dont elle est la cible. Sidi développe des stratégies pour se défendre de ces discriminations, en inventant des histoires du style:
«Je suis Noire parce que je passe beaucoup de temps au soleil.»
À l’école, une enseignante pense que son manque de concentration et ses difficultés pour apprendre à lire et à écrire sont dus à son ascendance et à la couleur de sa peau.
« Pour cette seule raison, je pense qu’il est préférable que l’on retrouve au plus vite sa mère et qu’elle retourne vivre avec elle maintenant, car plus tard elle aura encore plus de mal à se réintégrer dans son groupe ethnique de Roms auquel elle appartient.”
Monument á la mémoire de Sidonie
Par son expertise, la maîtresse d’école porte indirectement la responsabilité de la mort de Sidonie. Après l’annexion de l’Autriche à la Grande Allemagne, la plupart des Autrichien*nes adhèrent à la politique des Nazis, du National socialisme NSDAP.
Les travailleurs étrangers et les membres de l’opposition sont persécutés. Un couple de la région des Sudètes s’installe dans la famille des Breirather, l’espionne et profère des insultes racistes à l’encontre de Sidi.C‘est un couple fidèle au régime nazi.
Hans Breirather est accusé de vouloir former un groupe de résistance, de conspirer contre le pouvoir et Josefa de diffuser de la «propagande anti-nazie contre l’Etat » et de fomenter un coup d’État. Considérés comme les ennemis de l’état, ils sont tous deux emprisonnés. Pendant ce temps, les services de protection de l’enfance recherchent la mère biologique de Sidonie qu’il retrouve et initie un transfert. Une véritable chasse aux Sintis et Roms commencent. Les autorités locales ont décidé de “libérer” la ville de tous les Sinti et Roms qui s’y trouvent. Il faut protéger “la race aryenne” de ce fléau.
La chef du bureau de la Jeunesse s’arme de toutes sortes d’avis d’experts sur Sidi afin de pouvoir se débarrasser d’elle.
Le 10 mars 1944, l’assistante sociale Mme Grimm se rend avec Sidonie au camp de Hopfgarten où les Sinti et Roms sont parqués. Le jour de la déportation tous les Sinti et les Roms de la ville sont déportés du camp de Hopfgarten vers Auschwitz-Birkenau, où la plupart d’entre eux sont assassinés. Seuls quelques-uns survivent.
Sidonie arrive au camp d’Auschwitz-Birkenau, elle est tatouée et a le numéro
d’immatriculation Z 6672. Elle meurt dans la nuit du 2 août au 3 août 1944. Elle est âgée de 11 ans.
Après le décès de son frère de lait, Manfred Breirather ,en novembre 1999, le conseil municipal de Sierning, malgré l’opposition du FPÖ, décide de donner le nom de Sidi au jardin d’enfants local.
Le 23 septembre 2000, le nouveau jardin d’enfants communal «Sidonie Adlersburg» est inauguré à Sierning-Letten.
