Les États-Unis ont annoncé leur intention de lever la prime de 10 millions de dollars accordée à Abou Mohammed al-Jolani, le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), marquant ainsi un changement significatif dans leur approche du leadership syrien après le conflit.
La décision fait suite à des pourparlers directs entre des responsables américains et Jolani, qui utilise maintenant son nom de naissance, Ahmed al-Sharaa, à Damas.
Un nouveau chapitre dans les relations américano-syriennes
Barbara Leaf, la plus haute responsable du département d’État américain au Moyen-Orient, a révélé que cette décision est subordonnée à l’engagement de HTS à prévenir le terrorisme à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Les États-Unis, tout en maintenant leur désignation de HTS comme organisation terroriste, explorent des pistes pour s’engager avec les dirigeants du groupe dans des circonstances changeantes en Syrie.
« Nous jugerons par des actes, pas seulement par des paroles », a déclaré M. Leaf, à la suite d’une rencontre avec M. Jolani. Elle a qualifié les discussions de « productives » et a noté la position pragmatique de Jolani sur des questions telles que l’égalité de protection des femmes et des minorités. Cependant, Washington a clairement indiqué que la levée des sanctions et de la désignation terroriste imposée à HTS en 2018 dépendra de l’adhésion du groupe aux principes de gouvernance inclusive et de stabilité.
Le chemin de la légitimité de HTS
Jolani, autrefois une figure centrale de l’opposition contre le régime de Bachar al-Assad, positionne maintenant HTS comme un acteur clé dans la gouvernance de transition de la Syrie. Dans des déclarations à l’issue de la réunion, HTS a souligné son engagement en faveur de l’obligation de rendre des comptes, de la justice et de la poursuite des criminels de guerre. Le groupe a également souligné l’importance de la reprise économique de la Syrie et de la levée des sanctions internationales.
Les responsables américains ont reconnu que les pressions internes et externes façonneront probablement les prochaines étapes de HTS. « Il va y avoir un certain degré de pression interne sur les autorités intérimaires et sur l’éventuel gouvernement de transition pour qu’ils s’alignent sur les exigences nécessaires à la levée des sanctions », a déclaré M. Leaf.
Relance économique et stabilité régionale
Jolani aurait donné la priorité à la reprise économique de la Syrie, une nation meurtrie par des années de guerre civile et de dévastation généralisée. Son leadership, et celui de tout gouvernement de transition qui lui succédera, jouera un rôle déterminant dans la détermination du rythme et de la portée des efforts de reconstruction. HTS a exprimé des aspirations à la paix régionale et à des partenariats stratégiques, indiquant un désir d’intégration dans le cadre géopolitique plus large du Moyen-Orient.
La délégation américaine à Damas comprenait Roger Carstens, l’envoyé spécial pour les otages, et Daniel Rubenstein, un diplomate de haut rang qui supervisera l’engagement avec la Syrie. Cette visite visait également à aborder le sort d’Austin Tice, un journaliste américain disparu à Damas en 2012. Carstens a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve concluante concernant la situation actuelle de Tice.
Engagement futur
La levée de la prime signale un changement prudent mais notable dans la politique américaine, visant à favoriser le dialogue avec les autorités de transition en Syrie. Alors que le soutien matériel à HTS n’est toujours pas à l’ordre du jour en raison de sa désignation terroriste, la volonté de Washington de s’engager avec Jolani reflète un effort plus large pour stabiliser la région et naviguer dans les complexités du redressement de la Syrie.
D’autres voyages de responsables américains sont prévus si les conditions le permettent, en mettant l’accent sur l’engagement avec diverses parties prenantes et le suivi des progrès de HTS dans la mise en œuvre des réformes promises. Ces développements soulignent une approche nuancée des États-Unis pour relever les défis multiformes du paysage post-conflit en Syrie, en équilibrant les exigences de responsabilité, d’inclusion et de stabilité.
Cette décision pourrait ouvrir la voie à une redéfinition de la relation entre la Syrie et la communauté internationale, sous réserve du respect des engagements de HTS et de ses dirigeants.