Le face à face d’une crise sanitaire due à une pandémie virale inédite.
Face à la maladie et à la mort, dans une ambiance anxiogène, des réflexes de solidarité se réactivent. Face à l’incertitude qui persiste, le cerveau cherche de nouveaux repères. A Bruxelles, Ben est l’un de ceux qui relèvent le défi de façon exceptionnelle et insolite en ouvrant son hôtel aux médecins.
Une mutation en guise de secours sanitaire
Ici comme ailleurs, on commence à remercier et à complimenter tous les efforts consentis dans l’urgence sanitaire de cette pandémie historique qui préoccupe actuellement le monde entier. On exprime une grande estime au personnel soignant, à cette noble profession : la médecine. En Belgique, après le vote de confiance de la majorité des partis, on a une pensée pour la première Dame de l’Etat qui assure la cohésion d’un gouvernement en situation de crise.
Proposer de convertir les chambres d’hôtels en lits d’hôpitaux pour accueillir les pathologies légères (les hospitalisés les moins inquiétants, les convalescents…) afin de soulager les hôpitaux ? De nouvelles normes pour de nouvelles situations ? Une proposition que Ben Abderrahman envisage très sérieusement. Elle viserait à alléger les hôpitaux encombrés, les services de soins intensifs saturés, le personnel médical essoufflé et donc le système de santé publique en général. Des médecins face à un dilemme fatal devront juger de la gravité et de la priorité des patients à prendre en charge, de celui qui bénéficiera ou pas du traitement. Plus que le virus, les médecins redoutent davantage de voire leur service submergé. En envisageant de dépêcher à son hôtel, quelques « blouses blanches » avec des compétences sanitaires et « médicales » minimales qui formeraient des volontaires aux bons gestes et aux bons réflexes à avoir, on contribuerait à soulager le fardeau du corps médical.
Une citoyenneté solidaire
Le virus résiste, mais le système de santé ne semble pas résister aux maladies de civilisation. Dans certains pays, des hôpitaux à haut risque pourraient bientôt être désertés. En cette période troublée, face à l’urgence, à la maladie et à la mort, d’aucuns pensent qu’il conviendrait de s’activer afin de constituer des équipes « d’urgence » et de circonstance. Se ne seraient ni des experts ni des urgentistes, mais ils « formeraient » une équipe d’intervention à l’hôtel afin que les hôpitaux puissent mieux contrôler et endiguer la situation de crise des personnes atteintes de problèmes respiratoires aigus, en réduisant le travail des professionnels de la santé. De telles attitudes radicales devraient donner un élan de solidarité, inciter et booster les citoyens solidaires à une meilleure coopération. Mais pour l’heure, on pourrait faire appel aux étudiants en médecine, au personnel de la croix rouge qui ont déjà une formation minimale. Ensemble il faudra prendre soin de l’humanité en étant responsable de soi et des autres.
Ensemble on peut aller de l’avant et devancer la situation. En espérant que d’autres suivront l’exemple et prendront le relais. Dans la situation actuelle, il faudrait pouvoir jouer collectif chez soi. On ne répétera jamais assez qu’une ville qui n’est pas solidaire est une ville qui s’écroule.
Ben est bien habitué à recevoir des personnes en difficulté (réfugiés, migrants, transmigrants, sans abri et autres nécessiteux), à l’instar du personnel hospitalier, il fait partie de ces hommes et femmes qui dépensent sans compter.
En plein cœur de Bruxelles (grand place), le propriétaire du Mozart entend mettre à disposition ses chambres d’hôtels afin de permettre aux médecins, infirmiers et autres aide soignants à bout de souffle de se reposer et de récupérer, surtout pour ceux qui habitent en province. Il offrirait ainsi au personnel de la santé le gîte et le couvert, surtout durant ces jours de détresses et d’infortunes caractérisés par le futur pic épidémique, dans une ambiance conviviale et de partage. Cette proposition préviendrait la contamination éventuelle de leurs proches. Une telle initiative pourrait indirectement contribuer à préserver des emplois dans ce secteur, déjà fort éprouvé et répondre, le cas échéant aux urgences, par l’augmentation de la capacité d’accueil de patients légers dans les hôtels.
Cet hôtel bruxellois compte actuellement une cinquantaine de chambres à disposition pour la situation d’urgence.
Mohammed Jamouchi : Ingénierie sociale