Ce samedi, le ministre Philippe De Backer, en charge de gérer l’approvisionnement en matériel pour la protection personnelle, a annoncé la mise au point par l’ULiège de nouveaux tests automatisés de détection du Covid-19, ce qui va permettre de réaliser des dépistages massifs dès le début de cette semaine. Le ministre libéral avait déjà révélé dans l’Echo ce week-end avoir une stratégie pour dépister massivement.
Les nouveaux tests ont été développés par l’unité de recherche Covid 19 de l’ULiège, coordonnée par le professeur Fabrice Bureau, également vice-recteur à la recherche au sein de l’université liégeoise. « Nous avons mis en place un ensemble de réactifs qui permet d’accélérer la capacité de diagnostic en Belgique. Au départ, nous étions à 1.500 ou 2.000 tests par jour. Avec beaucoup d’efforts, on a réussi à monter à 4.000. Avec ceux que nous mettons à disposition, nous allons pouvoir effectuer 10.000 à 20.000 tests par jour en Belgique. » Les tests permettront de détecter tous les porteurs du virus, malades ou asymptomatiques.
Pour comprendre le fonctionnement de ces nouveaux tests, le professeur explique qu’il y a trois étapes lors d’un test. Première étape : l’écouvillon qui arrive avec le prélèvement effectué sur le patient est potentiellement porteur du virus. Il faut donc d’abord tuer le virus pour sécuriser les étapes ultérieures. Deuxième étape : il s’agit d’extraire de la source le matériel génétique, en l’occurrence ici l’ARN, pour l’isoler du reste. Enfin, troisième étape : l’amplification du matériel génétique pour qu’on puisse voir le virus.
La priorité : les maisons de repos
« Le problème se situait au niveau de la deuxième étape, poursuit Fabrice Bureau. Pour extraire le virus, il y a deux méthodes. Une solution manuelle, extrêmement fastidieuse, qui prend beaucoup de temps et avec laquelle il est impossible de faire des milliers de tests par jour. L’autre option se fait automatiquement avec des robots, mais cela nécessite un usage des réactifs commerciaux actuellement en pénurie. Ce sont ces réactifs que nous avons remis au point à l’université de Liège. »
L’unité de recherche Covid 19 de Liège, qui est composée de quatre laboratoires différents compétents dans ce domaine, « et qui contiennent vraiment des petits génies de ces problématiques-là », insiste le professeur, travaille depuis deux semaines au développement de ces réactifs. Ils sont aujourd’hui au nombre de cinq. Quatre réactifs à base de mélange de produits chimiques. Et un plus singulier. « Un des réactifs en pénurie totale au niveau mondial est composé de microbilles magnétiques, recouvertes de silice, détaille le vice-recteur à la recherche. Nous avons refabriqué nous-mêmes des microbilles magnétiques. »
La semaine dernière, les réactifs ont été homologués par le laboratoire de référence de la KULeuven. La phase de production à grande échelle commence, via les centres UCB, GSK et Janssens Pharmaceutica, qui possèdent d’importantes capacités de testage. La priorité, dès lundi, sera de tester massivement dans les maisons de retraite, et ensuite parmi le personnel soignant de première ligne.
Belga