Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a réclamé mercredi l’injection de 35 milliards de dollars dans l’Accélérateur ACT, le mécanisme mondial pour accélérer le développement et la production de diagnostics, de traitements, et de vaccins contre la Covid-19 sur une base équitable.
« Malgré des efforts extraordinaires pour contenir sa propagation, la pandémie de Covid-19 continue de ravager le monde, atteignant cette semamaine le seuil de 1 million de vies perdues », a déclaré M. Guterres lors d’un événement virtuel de haut niveau organisé par l’ONU en partenariat avec le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud.
« Il est dans l’intérêt national et économique de chaque pays de travailler ensemble pour élargir massivement l’accès aux tests et aux traitements, et pour soutenir un vaccin en tant que bien public mondial, un vaccin disponible et abordable pour tous, partout », a ajouté le chef de l’ONU.
Selon M. Guterres, l’Accélérateur d’accès aux outils Covid-19 (ACT), avec COVAX, son pilier vaccins, « est le véhicule pour y arriver ». « Nous constatons déjà des progrès remarquables dans nos efforts et nous devons approfondir ce travail », a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général a souligné que l’Accélérateur ACT, qui a été lancé en avril, « est le seul mécanisme mondial doté d’un éventail complet de partenaires et d’outils pour vaincre la pandémie – avec des tests, des traitements et le plus grand portefeuille de vaccins au monde aux stades d’essai les plus avancés ».
Cette semaine, le mécanisme a annoncé la mise à disposition de 120 millions de tests rapides abordables et de haute qualité pour les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Le chef de l’ONU a également noté que l’Accélérateur ACT est le seul moyen sûr et certain de rouvrir l’économie mondiale le plus rapidement possible. « Un effort national de vaccination dans une poignée de pays ne permettra pas d’ouvrir les portes de l’économie mondiale et de restaurer les moyens de subsistance », a-t-il dit.
Une injection immédiate de 15 milliards de dollars
S’agissant de la tarification, le Secrétaire général de l’ONU a noté qu’avec autant de pays déjà impliqués, l’Accélérateur ACT peut tirer parti de son pouvoir de négociation pour obtenir les prix les plus bas pour des vaccins efficaces et des diagnostics rapides, et assurer un accès équitable à tous ceux qui en ont besoin.
Mais le mécanisme a besoin d’un soutien financier beaucoup plus important, a prévenu M. Guterres. « Les 3 milliards de dollars qu’il a reçus ont été critiques pour le démarrage. Nous devons maintenant développer ce mécanisme et garantir un impact maximal – et cela nécessite 35 milliards de dollars supplémentaires. Cela doit commencer par une injection immédiate de 15 milliards de dollars ».
Selon le chef de l’ONU, ces ressources sont cruciales pour éviter de perdre la fenêtre d’opportunité d’achat et de production à l’avance, pour constituer des stocks parallèlement à l’octroi de licences, pour stimuler la recherche et pour aider les pays à se préparer à optimiser les nouveaux vaccins lorsqu’ils arrivent.
« Il est temps pour les pays de puiser dans leurs propres programmes d’intervention et de relèvement », a-t-il dit.
La pandémie coûte à l’économie mondiale 375 milliards de dollars par mois et 500 millions d’emplois depuis le déclenchement de la crise. Les pays développés ont consacré plusieurs milliers de milliards de dollars pour répondre aux impacts socio-économiques de la crise chez eux.
« Nous pouvons certainement investir une petite partie de cette somme pour arrêter la propagation de la maladie partout », a dit le chef de l’ONU.
« J’appelle tous les pays et partenaires à intensifier considérablement leurs efforts au cours des trois prochains mois pour fournir des ressources nouvelles et supplémentaires indispensables, mobiliser tous les partenaires et obtenir le soutien de tout le monde à cette réponse mondiale pour y parvenir », a-t-il conclu.
Près d’un milliard de dollars de nouveaux financements
Lors de cette réunion de haut niveau, près d’un milliard de dollars de nouveaux financements ont été annoncés pour ce mécanisme qui a été lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Commission européenne, la France et la Fondation Bill & Melinda Gates, a indiqué l’OMS dans un communiqué de presse.
Les nouveaux engagements pris dans le cadre de l’initiative sont les bienvenus et seront mis à profit pour catalyser des financements supplémentaires afin de poursuivre les travaux novateurs de l’Accélérateur ACT, a précisé l’OMS.
La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, a estimé que l’Accélérateur ACT était « une solution mondiale véritablement viable » qui produit déjà des résultats. Selon elle, si le mécanisme a été alimenté pour la première partie du voyage, il aura besoin « de ravitaillement pour pouvoir délivrer 2 milliards de doses de vaccin, 245 millions de traitements et 500 millions de tests, à tout le monde partout».
Elle s’est félicitée des engagements annoncés mercredi par le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada, la Suède, le Groupe de la Banque mondiale et la coalition des grandes sociétés pharmaceutiques.
« Je vous remercie tous au nom du Secrétaire général pour ces engagements », a-t-elle dit. « Il s’agit d’un premier pas bienvenu vers le bond en avant du financement nécessaire pour arriver à 35 milliards de dollars ».
« Nous avons beaucoup de travail à faire. Si ces engagements peuvent être mis en œuvre rapidement, ils réduiront les besoins immédiats de 15 milliards de dollars à environ 14 milliards de dollars et permettront à l’Accélérateur ACT de faire avancer ses travaux au cours des trois prochains mois », a-t-elle ajouté.
Le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est également dit « reconnaissant pour les engagements financiers généreux pris aujourd’hui, mais nous avons encore un déficit de financement important à combler ».
« Le financement intégral de l’Accélérateur ACT aidera à contrôler la pandémie, à restaurer la confiance et à stimuler la reprise mondiale. Franchement, ce n’est pas un défi financier, c’est un test de solidarité. C’est le moment de dire non au nationalisme et oui à notre humanité commune », a-t-il ajouté. « La science nous donne des solutions, sous la forme de nouveaux tests, de nouvelles thérapies et, espérons-le, d’un vaccin. Mais la science et les solutions seront inefficaces sans solidarité ».