Le président français Emmanuel Macron a vivement dénoncé lundi les discours « indignes » alimentant les critiques antifrançaises au Sahel, qui servent selon lui des « puissances étrangères » ayant « un agenda de mercenaire ».
« Les discours que j’ai pu entendre ces dernières semaines sont indignes (…) parce qu’ils servent d’autres intérêts, soit ceux des groupements terroristes (…), soit ceux d’autres puissances étrangères qui veulent simplement voir les Européens plus loin, parce qu’elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires », a dénoncé le président français, en affirmant que « l’armée française » était au Sahel « pour la sécurité et la stabilité », pas pour « d’autres intérêts ».
« J’entends beaucoup de gens qui disent tout et n’importe quoi. Demandez-vous par qui ils sont payés, demandez-vous quels intérêts ils servent. Moi j’ai mon idée », a répondu M. Macron à un journaliste malien qui rapportait les doutes d’une partie de la population de son pays sur les raisons de l’engagement des militaires français et leur détermination à combattre les djihadistes.
« Que ces gens-là disent qui se fait tuer pour leurs enfants ! », s’est exclamé M. Macron alors que 41 militaires français ont été tués au Sahel depuis 2013. « Moi je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens et des Burkinabè: des soldats français », a-t-il martelé.
Ce dernier a remercié les dirigeants sahéliens d’avoir « combattu avec beaucoup de fermeté » ces « discours indignes ». Mais les cinq chefs d’Etat africains, dont plusieurs ont salué l’engagement de la France lors de leurs discours de fin d’année, sont restés silencieux sur ce point lors de la conférence de presse à Pau.
« Nous soupçonnons les Russes d’encourager le sentiment antifrançais » dans la bande sahélo-saharienne, confiait récemment à l’AFP un haut gradé français.
Et bien que le président Macron n’ait pas précisé lundi à quelles « puissances étrangères » il se réfère, le terme de « mercenaires » évoque les activités du sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner.
A l’automne 2019, quelques mois après la conclusion d’un modeste accord de coopération militaire entre le Mali et la Russie, une petite équipe de Wagner a séjourné à Bamako, a appris l’AFP auprès de deux sources sécuritaires distinctes en Afrique de l’Ouest.
Ce groupe, avec qui Moscou dément tout lien, fournit des services de maintenance d’équipements militaires, entre autres activités. Ils ont été aperçus ailleurs en Afrique: en Libye, on les dit alliés au maréchal Haftar. Dans le nord du Mozambique, ils combattraient avec l’armée une rébellion djihadiste et des médias occidentaux ont fait état d’une présence à Madagascar et au Soudan.
AFP – Afrique Lalibre