Le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic a exhorté jeudi le Royaume-Uni à trouver un compromis pour régler les tensions post-Brexit dans la province britannique d’Irlande du Nord, en amont d’une rencontre avec le ministre britannique Michael Gove.
Fraichement arrivé à Londres pour ces négociations, M. Sefcovic a indiqué que Bruxelles était “absolument déterminé” à faire appliquer l’accord post-Brexit pour l’Irlande du Nord, malgré certains appels à en édulcorer les termes, voire à l’abandonner complètement.
“L’UE fera tout son possible pour protéger la paix en Irlande du Nord, comme nous l’avons fait tout au long des dernières décennies et du processus Brexit”, a déclaré aux journalistes M. Sefcovic, invitant le Royaume-Uni à respecter ses “engagements” dans la mise en oeuvre du protocole nord-irlandais qui va “dans les deux sens”.
Officiellement sorti de l’Union européenne fin janvier 2020, le Royaume-Uni a quitté l’union douanière et le marché unique européens en janvier 2021, à la fin de la période de transition du Brexit.
Mais sa province d’Irlande du Nord continue elle à en faire partie, selon les termes du protocole spécifique négocié dans l’accord de divorce entre Londres et Bruxelles, qui introduit ainsi des contrôles sur le fret arrivant dans la province britannique en provenance de Grande-Bretagne.
Cette solution a été adoptée pour éviter le retour d’infrastructures frontalières entre la province britannique et la République d’Irlande, points de frictions lors de trois décennies sanglantes entre unionistes et républicains qui ont pris fin en 1998.
Mais les dirigeants unionistes, attachés au maintien de l’Irlande du Nord sous la couronne britannique, ont demandé dernièrement à ce que ce protocole soit abandonné, invoquant des pénuries de marchandises provenant de la Grande-Bretagne.
“Tout en respectant les objectifs du protocole, nous sommes prêts à nous pencher sur ces problèmes liés à son démarrage”, a indiqué jeudi M. Sefcovic, rappelant que l’UE considérait “le protocole non pas comme un problème, mais comme une solution”.
L’Union européenne avait en outre attisé la colère des unionistes en menaçant la semaine dernière d’utiliser l’article 16 du protocole, qui lui aurait permis de passer outre certaines dispositions après une querelle avec Londres au sujet de l’approvisionnement en vaccin britannique contre le Covid-19.
Malgré une rapide volte-face après ce faux pas diplomatique, la menace a intensifié l’opposition au protocole nord-irlandais dans la province.
“C’est décevant que la Commission n’ait pas reconnu le choc et la colère” qu’a causé cette menace dans “la communauté d’Irlande du Nord”, a déclaré jeudi un porte-parole de Downing Street, appelant à des “mesures urgentes” pour rétablir la confiance.