La présidente de la région de Madrid et étoile montante de la droite, Isabel Díaz Ayuso, a démissionné mercredi et convoqué des élections anticipées pour le 4 mai dans cette communauté autonome, rebattant brutalement les cartes de la vie politique espagnole.
“J’ai été contrainte de prendre cette décision pour le bien de Madrid et de l’Espagne et contre ma volonté répétée de terminer la législature”, a-t-elle déclaré lors d’une brève allocution au siège du gouvernement régional à l’issue de laquelle elle n’a répondu à aucune question de la presse.
Elle a affirmé avoir décidé de rompre l’alliance de son parti, le Parti populaire (PP, conservateur), avec le petit parti de centre-droit Ciudadanos, qui gouvernait la région depuis mai 2019, uniquement afin d’empêcher ce dernier de présenter une motion de censure avec le parti socialiste (au pouvoir en Espagne, mais dans l’opposition au niveau régional).
La branche locale du Parti socialiste a ensuite confirmé avoir présenté dans la matinée une motion de censure, mais sans Ciudadanos.
La décision de Mme Díaz Ayuso, 42 ans, qui a pris la classe politique par surprise, est survenue quelques heures après que Ciudadanos eut décidé de changer de camp dans une autre région, celle de Murcie (est de l’Espagne), que ce parti gouvernait également en coalition avec le PP, en soutenant une motion de censure du Parti socialiste.
Outre Madrid et Murcie, le PP et Ciudadanos gouvernent deux autres des 17 communautés autonomes du pays.
“L’instabilié institutionnelle provoquée ce matin même (mercredi matin) par Ciudadanos, le PSOE et d’autres partis de gauche à Murcie (…) nous a conduit à cette situation”, a déclaré Mme Díaz Ayuso.
Cette crise politique se produit alors que la région de Madrid et ses près de 7 millions d’habitants font déjà face — comme le reste du pays, mais de manière encore plus aigüe — à la crise sanitaire provoquée par le Covid-19.
Bien que le taux d’incidence du coronavirus soit en baisse depuis plusieurs jours dans le pays, il reste élevé dans la région de Madrid, où Mme Díaz Ayuso a toujours refusé de prendre des mesures trop strictes afin de ne pas étouffer l’économie locale.
Bars, restaurants et théâtres sont ainsi restés ouverts dans la région, avec toutefois des restrictions au niveau des horaires ou de l’affluence.
“A la pandémie s’ajoute une crise économique et sociale sans précédent”, a poursuivi Mme Díaz Ayuso.
Pour cette raison, “Madrid a besoin d’un gouvernement stable”.
“Je ne peux pas permettre que Madrid s’arrête maintenant, consentir à ce que tout ce pour quoi les Madrilènes se sont battus s’écroule”, a-t-elle ajouté. “En définitive, je ne peux pas permettre que Madrid perde sa liberté”.
“Nous bénéficions d’une liberté et de droits qu’il n’y a pas dans toute l’Espagne, cette façon de vivre à la madrilène est unique”, a-t-elle lancé.
Les Madrilènes, a conclu Mme Díaz Ayuso, devront choisir le 4 mai “entre le socialisme et la liberté”.
Un doute planait toutefois sur le fait de savoir si des élections anticipées pourraient bien avoir lieu le 4 mai, en raison du dépôt de la motion de censure socialiste et de celle d’un autre petit parti de gauche.
Il est, en effet, juridiquement impossible de dissoudre le parlement et de convouqer des élections anticipées après le dépôt d’une motion de censure.
La question était donc de savoir si le décret de dissolution de l’assemblée régionale avait été pris avant l’enregistrement des motions de censure.
Mme Díaz Ayuso s’est fait remarquer depuis le début de la pandémie par son opposition répétée au gouvernement de gauche dirigé par le socialiste Pedro Sánchez et par sa stratégie de la confrontation.