Selon une enquête menée par des médias danois et européens, les États-Unis ont espionné des responsables politiques en Europe avec l’aide des services de renseignements danois.
Cette nouvelle affaire d’espionnage pourrait remettre la National Security Agency (NSA) au cœur de l’attention médiatique, près de 10 ans après le début de l’affaire Snowden. L’agence de renseignement américaine chargée des écoutes électroniques se serait, en effet, branchée sur des câbles de télécommunication danois pour espionner des responsables de premier plan et de hauts fonctionnaires en Allemagne, en Suède, en Norvège et en France.
C’est ce qu’a avancé, dimanche, une enquête de la télévision publique danoise Danmarks Radio (DR), réalisée conjointement avec la chaîne suédoise SVT, la chaîne norvégienne NRK, les chaînes allemandes NDR, WDR et le quotidien Süddeutsche Zeitung, ainsi que le quotidien français Le Monde.
Dans son enquête, DR affirme que les États-Unis ont réussi à espionner des personnalités politiques européennes de 2012 à 2014, parmi lesquelles figure, notamment, la chancelière allemande Angela Merkel. Dans cette liste, on retrouve également deux candidats malheureux à la chancellerie, respectivement en 2009 et 2013: le ministre allemand des Affaires étrangères de l’époque, Frank-Walter Steinmeier, et le chef de l’opposition d’alors, Peer Steinbruck.
Complicité danoise ?
Pour espionner tout ce petit monde, la NSA a bénéficié d’une collaboration en matière de surveillance avec les services du renseignement militaire danois (Forsvarets Efterretningstjeneste, FE), rapporte DR. Les actes de la NSA auraient, d’ailleurs, été rapportés dans un rapport interne de FE portant le nom de code « Operation Dunhammer » et présentés à la direction des services du renseignement militaire dès mai 2015.Il n’est toujours pas clairement établi si le Danemark savait que les États-Unis utilisaient son système de surveillance pour espionner ses voisins.Partager surTwitter
Selon l’enquête, la ministre danoise de la Défense Trine Bramsen, qui a été nommée en juin 2019, a été informée de cette affaire en août 2020. Le ministère danois de la Défense, interrogé par l’AFP, n’a pas réagi, mais Trine Bramsen a déclaré à DR que « l’espionnage systématique par des alliés est inacceptable ».
Il n’est toujours pas clairement établi si le Danemark savait que les États-Unis utilisaient son système de surveillance pour espionner ses voisins. La NSA a pu accéder aux SMS, aux appels téléphoniques et au trafic internet, y compris les recherches, les chats et les services de messagerie, rapporte DR.
Neuf sources
DR a déclaré que ses informations avaient été confirmées par neuf sources qui avaient eu accès à des informations classifiées de FE. Leurs révélations ont également été appuyées indépendamment par plusieurs autres sources, selon le média danois. Ni FE, ni son directeur de l’époque, Lars Findsen, n’ont encore fait de commentaires sur ces révélations.
Cette affaire d’espionnage, si elle est confirmée, s’est produite pendant et après l’affaire Snowden, en 2013. Employé de la NSA devenu lanceur d’alerte, Edward Snowden avait alors révélé l’existence d’un système de surveillance mondiale des communications et d’internet visant notamment les Allemands et, en particulier, le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel.