Les présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen et américain Donald Trump, réunis à Davos le 21 janvier, ont abordé les différends commerciaux qui pèsent entre l’UE et les Etats-Unis – Crédits : Flickr White House / Domaine public
Lors du Forum économique mondial qui s’achève aujourd’hui, le gouvernement de Donald Trump a de nouveau menacé l’Europe de sanctions commerciales. Pour autant, les discussions se poursuivent sur les projets de taxe Gafa et d’accord transatlantique de libre-échange.
« À quoi sert le Forum de Davos ?« , s’interroge aujourd’hui La Croix, avant de répondre : « à sauver des négociations internationales mal embarquées« .
Sauvées, les relations commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis ne le sont pas encore. Trop « mal embarquées » ? Début 2018, le président Trump avait décidé d’imposer « des surtaxes de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium » de l’UE, rappelle Le Monde. Ce qui a inévitablement amené à une riposte européenne. Même bras de fer en octobre dernier, après de nouveaux droits de douane mis en œuvre par Donald Trump « dans le cadre d’un vieux différend entre Boeing et Airbus« , poursuit le journal.
La taxe Gafa, pas si insurmontable ?
Entre les deux partenaires, la dernière escalade est survenue ces derniers jours à propos de la taxe Gafa sur les géants du numérique. Un projet « enterré à l’échelle européenne« , mais que plusieurs pays « comptent mettre en œuvre« , certains l’ayant même « déjà fait« , rappelle Le Monde. La France, elle, l’a adoptée en juillet 2019. Une décision qui lui a alors valu des menaces de sanctions commerciales américaines « pour un montant de 2,4 milliards de dollars« , indique La Croix.
Lors du Forum international de Davos, le ton est monté : « le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a tenté de dissuader les pays qui voudraient adopter une telle taxe en reprenant, mercredi, la menace d’imposer plus fortement les automobiles européennes« , à hauteur de 25 % [Le Monde]. Mais jeudi 23 janvier, ses échanges avec son homologue français, Bruno Le Maire, « ont permis de débloquer la négociation« , poursuit La Croix. « La France et les États-Unis sont d’accord pour avancer de concert sur deux sujets : l’introduction d’un taux minimal de taxation et d’une meilleure taxation des activités numériques » dans le cadre de l’OCDE, explique le quotidien.
« Nous avons maintenant un vrai engagement américain au niveau politique« , s’est félicité Pascal Saint-Amans, le directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE, cité par La Croix. Et en attendant un tel accord, les Etats-Unis ont accepté de suspendre leurs menaces, et la France de reporter le prélèvement de sa taxe à la fin de l’année.
Un accord commercial « rapide«
Autre sujet de discorde : le déficit commercial « de 138 milliards d’euros » enregistré par les Etats-Unis vis-à-vis de l’UE [Le Monde]. D’où la volonté, aujourd’hui commune aux deux partenaires, de « négocier un accord de libre-échange pour les produits industriels« . « Deux accords sont en cours de négociation entre les Etats-Unis et l’UE« , précise Le Monde. « L’un porte sur la reconnaissance mutuelle des organismes de certification aux normes, pour permettre aux industries d’exporter plus facilement leurs produits. L’autre concerne la réduction des droits de douane sur les produits de la pêche et de l’industrie« . De son côté, la Commission européenne viserait « un accord commercial assez rapide avec la Maison blanche » dans les secteurs de l’automobile, de la technologie et de l’énergie, note Capital avec l’AFP.
Mais « la situation est encore loin d’être réglée entre les deux puissances« , tempère Forbes. « Pour le moment, il n’y a pas de projet concret qui est sur la table« , a confirmé Bruno Le Maire, interrogé hier par BFM Business en direct de Davos. « Nous ne voulons pas (…) conclure de grands accords commerciaux avec des pays qui vous disent : ‘il n’y a pas de problème avec le réchauffement climatique’« , a-t-il insisté. Une seconde « ligne rouge » concerne les produits agricoles, exclus des négociations par les Européens, explique Le Monde.
« Un élément ressort plus que jamais de ces négociations, l’unité européenne« , analyse Forbes. Une unité qui fait dire au locataire de la Maison blanche que la Commission européenne est « bien plus dure que la Chine« . « Il est très dur de traiter avec l’Europe« , juge ainsi le président américain [Capital]. « Ils n’ont jamais voulu négocier avec mes prédécesseurs, mais ils vont négocier avec moi« , ajoute-t-il cependant [RFI], faute de quoi « je prendrai des mesures » [Capital]. Et en période de campagne électorale, « si un conflit commercial avec l’Union européenne devait servir ses intérêts, Donald Trump n’hésiterait sans doute pas à ouvrir les hostilités« , conclut RFI.
T.E