Des élections régionales se tiennent ce dimanche 26 janvier en Calabre et en Émilie-Romagne. Mais dans cette région prospère du nord de l’Italie, grand bastion de la gauche depuis 70 ans, le Parti démocrate est au coude-à-coude avec l’extrême droite.
En Italie, depuis l’après-guerre, l’Émilie-Romagne a toujours eu le cœur à gauche. D’abord bastion du Parti communiste, la région est depuis administrée par le Parti démocrate. Mais l’élection régionale qui s’y tient ce dimanche pourrait rebattre les cartes.
À gauche, nombreux sont les déçus de l’administration sortante. C’est le cas de Stefano, qui travaille pour un quotidien altermondialiste à Bologne. Pour lui, la gauche qu’il affectionne n’a pas de chance de se retrouver dans les urnes. « Il y a une gauche radicale qui est enracinée sur le territoire, qui essaie d’avoir de la visibilité, mais elle n’a jamais pesé grand-chose d’un point de vue électoral. Elle représente quelque chose à Bologne, mais ce n’est pas ce qu’on appelle la social-démocratie », remarque-t-il au micro de notre envoyé spécial, Eric Sénanque.
La social-démocratie, incarnée par le Parti démocrate, est dans cette région rouge en perte de vitesse depuis plusieurs années face à la montée des populistes. Pour de nombreux Bolognais de gauche, le PD a perdu sa crédibilité. « Ce qu’on appelle en Italie le centre-gauche n’a plus rien à voir avec le socialisme de près ou de loin. Moi, j’aimerais que la gauche s’occupe de ce qu’elle a toujours fait : les classes les plus pauvres, les précaires, plutôt de penser à sauver les banques », réclame Giulio, employé dans un salon de tatouages près de la cité universitaire de Bologne.
Giulio, comme nombre de ses proches, n’ira pas voter ce dimanche. Un signe n’a pas trompé durant cette campagne : l’absence du logo du PD sur les affiches électorales du président sortant, Stefano Bonnacini, donné au coude-à-coude avec la candidate de la Ligue, Lucie Borgonzoni.
Déterminé à revenir au pouvoir depuis qu’il a fait éclater la coalition que son parti d’extrême droite formait avec le Mouvement 5 étoiles en août 2019, Matteo Salvini a fait preuve d’une énergie spectaculaire pour convaincre les électeurs d’Émilie-Romagne. Il a joué sur la peur des migrants, sur les incertitudes face à l’avenir et sur la difficulté de la gauche à retrouver son sens de la proximité, rapporte notre correspondante à Rome, Anne Le Nir.
Il est indubitable qu’une victoire de Lucia Borgonzoni aurait des répercussions sur la fragile alliance gouvernementale entre le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles. Deux forces qui traversent l’une et l’autre une crise d’identité. En cas de défaite du Parti démocrate, le destin du gouvernement, dirigé par Giuseppe Conte, dépendra donc avant tout de la capacité à blinder la majorité au Parlement.
Rédaction avec RFI