« La Suisse est une source d’inspiration pour le Brexit », a déclaré Nigel Farage, le chef du Parti du Brexit, il y a quelques jours à la radio-télévision suisse. Le destin européen de la Suisse est en effet intimement lié à celui de la Grande-Bretagne.
Même si certains, en Suisse, auraient souhaité que la Confédération rejoigne l’Union européenne (UE), l’essai n’a jamais été transformé. Le gouvernement suisse avait pourtant signé un accord pour rejoindre l’espace économique européen en 1992. Mais le peuple l’a refusé dans les urnes. Depuis, les relations entre la Suisse et l’Union européenne reposent sur ce qu’on appelle les « bilatérales », une succession d’accords sur différents sujets tels que le commerce, la libre-circulation des personnes, la recherche et les transports.
La Suisse est donc aujourd’hui membre de l’espace Schengen et commerce énormément avec l’UE. Un milliard d’euros sont ainsi échangés chaque jour entre Berne et les pays membres de l’Union. Cette formule « un pied dedans, un pied dehors » intéresse beaucoup le Royaume-Uni, notamment en raison de la vitalité de l’économie suisse.
Tensions
Pourtant, les relations se sont tendues entre Berne et Bruxelles, notamment depuis 2014 et l’adoption d’une initiative populaire pour limiter l’immigration de masse. Le texte, portée par la droite nationaliste, a jeté un froid dans les relations avec l’UE. Bruxelles considère que la Suisse récompense bien mal ses partenaires pour son accès privilégié au marché commun. En conséquence, l’UE a suspendu la Suisse du programme d’échanges universitaires Erasmus. Depuis, le couple essaie de se rabibocher tant bien que mal en essayant de conclure un nouvel accord-cadre qui remplacerait les bilatérales.
Or, la sortie de Londres de l’UE a complètement bousculé le calendrier. Bruxelles cherche d’abord à régler la question britannique avant de parler de la Suisse. Les Européens ne veulent pas donner l’impression que rester en dehors de l’UE, comme la Suisse, serait plus avantageux que d’y rester. Selon une étude d’une fondation allemande, le marché commun rapporte en moyenne 840 euros supplémentaires chaque année pour chaque Européen et près de 3 000 euros pour un Suisse, presque trois fois plus qu’en France ou en Allemagne.
Il existe donc un effet de vase communicant entre les négociations sur le Brexit et celles entre l’UE et la Suisse. En cas de « Brexit dur », les relations de bon voisinage risquent de se tendre à nouveau. Surtout si les Suisses limitent une fois de plus la libre-circulation des personnes. La population doit se prononcer à nouveau en mai prochain sur une initiative de la droite nationaliste.
RFI