Le gouvernement présente mercredi un nouveau projet de budget rectifié pour 2020, le quatrième depuis le début de la crise sanitaire, afin de débloquer 20 milliards d’euros supplémentaires pour soutenir l’économie mise à mal par la deuxième vague de l’épidémie et le reconfinement.
C’est un exercice qui était devenu pure routine pour l’exécutif et la majorité: le collectif budgétaire de fin d’année servait habituellement à ajuster à la marge les crédits alloués aux ministères afin de coller au plus près des dépenses et des recettes déjà constatées durant l’année.
Mais face à une crise sanitaire et économique inédite, et à une deuxième vague épidémique qui se déclare dans les derniers mois de 2020, l’exercice prend une toute autre mesure.
Le quatrième projet de budget rectifié pour 2020 va ainsi entériner une nouvelle dégradation des prévisions économiques du fait du confinement, et 20 milliards d’euros de nouveaux moyens.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire l’a déjà annoncé la semaine dernière: le produit intérieur brut (PIB) devrait finalement se contracter de 11% cette année, contre 10% anticipé dans la précédente prévision de septembre.
En cause: le reconfinement en vigueur depuis vendredi et décidé à ce stade pour un mois, qui va faire replonger l’activité et grever le rebond du troisième trimestre.
Même s’il est moins strict que le premier confinement, de nombreux commerces, déjà fragilisés par la crise, se retrouvent contraints de fermer, malgré leurs protestations.
Pour éteindre leur colère et limiter les faillites, le gouvernement met donc 20 milliards d’euros supplémentaires sur la table, après près de 470 milliards débloqués depuis mars (dont plus de 300 milliards de garanties publiques).
Principale mesure, le fonds de solidarité dédié aux petites entreprises est gonflé de 10,9 milliards en plus des 9 milliards déjà prévus. Son accès a été élargi et les montants alloués augmentés.
Le dispositif d’activité partielle est, lui, doté de 3,2 milliards d’euros supplémentaires, après 31 milliards déjà budgétés et plus de 22 milliards dépensés.
Le gouvernement prévoit aussi 3 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales, et 1,9 milliard d’euros de nouvelles dépenses de santé dans le cadre de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam).
Enfin, accusé de ne pas en faire assez pour soutenir les plus modestes, le gouvernement va verser des primes exceptionnelles aux bénéficiaires du RSA, des chômeurs en fin de droits et aux moins de 25 ans, qui coûteront 1,1 milliard d’euros.
Ces dépenses couvrent plus d’un mois de confinement – dont le coût a été évalué à 15 milliards d’euros par Bruno Le Maire – laissant penser que le gouvernement anticipe une prolongation du confinement.
Il n’en est rien, répond-on à Bercy, où on justifie cette enveloppe par une “sortie progressive des dispositifs” de soutien après le déconfinement et non un arrêt brutal.
Conséquence: le déficit public devrait finalement se creuser à 11,3% du PIB et la dette s’envoler à 119,8% en 2020.
Avec ces hypothèses, Bercy défend un quasi-retour au scénario envisagé en juillet, lorsque le gouvernement ne s’attendait pourtant pas à une deuxième vague de l’épidémie, mettant en avant la vigueur du rebond de l’économique au troisième trimestre.
Un rebond qui s’est notamment traduit par de meilleures rentrées fiscales – 2,7 milliards de plus que ce qui était anticipé dans les dernières prévisions – et en particulier de TVA, d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les sociétés.
Un signe “de confiance et d’espoir dans la capacité de notre économie à rebondir une fois que l’épidémie sera derrière nous et à redresser les finances publiques grâce au retour de la croissance”, veut-on croire à Bercy.
Mais si le gouvernement ne pense plus atteindre en 2021 les 8% de croissance prévu jusqu’ici, il se refuse à ce stade à dévoiler toute nouvelle prévision.