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Coronavirus: la diplomatie chinoise poursuit la voie de la «riposte systématique»

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Sur le banc des accusés pour avoir dissimulé l’ampleur de l’épidémie, la Chine riposte sans complexes. Finie l’époque où la diplomatie faisait profil bas, estime la sinologue Alice Ekman, responsable de l’Asie à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (EUISS) et auteure du livre « Rouge vif – l’idéal communiste chinois », paru aux éditions de l’Observatoire.

RFI : Le président américain Donald Trump dit avoir des preuves que le virus s’est échappé d’un laboratoire de Wuhan et réclame une enquête internationale. La Chine finira-t-elle par accepter d’inviter des chercheurs internationaux, alors que l’OMS et de plus en plus de pays le demandent ?

Alice Ekman : Il est peu probable que la Chine accepte rapidement, alors que les tensions sino-américaines sont très rudes sur l’origine du virus. C’est une question de positionnement international. La communication officielle chinoise autour du virus est vive et s’est rapidement déplacée sur le terrain d’une compétition entre systèmes politiques, n’hésitant plus à souligner les forces présumées du système chinois par rapport aux faiblesses présumées des systèmes européens ou américain. Rien n’indique que ce positionnement évoluera, que la Chine changera de stratégie de communication. Au contraire, je vois plutôt une exacerbation des tensions préexistantes entre la Chine et les États-Unis dans le contexte de crise du Covid-19, et dans une moindre mesure entre la Chine et certains pays européens. La riposte ‘œil pour œil, dent pour dent’ se poursuivra et il est peu probable que Pékin entre dans une période de questionnements ou d’introspection.

À chaque critique, Pékin riposte de façon agressive – certains experts parlent déjà d’une ‘diplomatie du loup guerrier’. Exit la diplomatie du profil bas ?

Oui, exit depuis plusieurs années déjà. L’actuel président Xi Jinping a engagé la diplomatie chinoise sur une voie que je qualifie de « riposte systématique ». Cela était déjà le cas bien avant la crise du Covid-19, mais ces derniers mois l’ont révélé plus largement. Il faut se rappeler qu’au sein du parti communiste chinois, il existe cette perception des ‘forces occidentales hostiles’ – une perception qui flirte parfois avec les théories de complot que depuis longtemps des acteurs étrangers voudraient changer le système politique chinois, notamment en manipulant des acteurs locaux et en diffusant des idées qui ne seraient pas en accord avec celles du Parti communiste chinois. Xi Jinping considère que pour y faire face, non seulement il faut dire ‘stop’, mais il faut aussi riposter de manière systématique, ne rien laisser passer, quitte à inverser la critique. Cette approche est décidée et encouragée au plus haut niveau. C’est une tendance générale. Elle s’applique à de nombreux ministères et institutions officielles chinoises et n’est pas le fait de comportements individuels ou isolés de diplomates, ou restreinte au ministère des affaires étrangères.

La Chine estime avoir gagné la bataille sanitaire. Elle vante son efficacité face au Covid-19 et s’érige même en modèle mondial, en envoyant son aide sanitaire partout. Sortira-t-elle renforcée de cette crise, ou bien suscitera-t-elle de plus en plus d’agacement ?

Une chose est sûre : l’offre sanitaire, logistique, médicale et technologique que la Chine propose est acceptée par certains pays. Cette offre est perçue positivement, que ce soit au Pakistan, au Cambodge, en Serbie ou dans certains pays du Maghreb. À l’inverse, au même moment, cette assistance – ou plus précisément la communication officielle qui l’entoure – agace un nombre croissant de pays. Une certaine forme de polarisation vis-à-vis de la Chine émerge. Il ne s’agit pas d’une polarisation de type guerre froide au sens strict, avec deux blocs figés, mais plutôt de l’émergence d’au moins deux pôles, dont un est constitué par ce que la Chine considère être son cercle de pays « amis ». L’objectif affiché depuis plusieurs années par la diplomatie chinoise est de proposer ses initiatives – des nouvelles routes de la soie à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) – à un maximum de pays, y compris aux alliés des États-Unis. Dans le contexte actuel de crise du Covid-19, elle ne réussira probablement pas à élargir ce cercle de pays amis, mais la Chine n’est non plus isolée. Ce cercle pourrait se rétrécir, mais en même temps, il sera peut-être plus solide, constitué de pays qui soutiennent inconditionnellement la Chine, dans un contexte de rivalités profondes et prolongées entre Pékin et Washington.

Les Chinois savent que les autorités, dans un premier temps, ont dissimulé l’ampleur de l’épidémie et muselé les lanceurs d’alerte comme le docteur Li Wenliang. Le parti communiste a-t-il perdu la confiance d’une partie de la population ?

Il est toujours difficile de mesurer l’opinion publique en Chine, compte tenu de la propagande et de l’opacité qui entourent les questions politiques. D’un point de vue général, le Parti ne semble pas sensiblement affaibli par la crise sanitaire. Le président Xi Jinping a consolidé la présence du parti à tous les échelons de la société depuis 2013, et ce dense maillage géographique n’a pas été remis en cause par la crise. Au contraire, les comités de résident, affiliés au Parti, ont été en première ligne dans la gestion et la surveillance des quartiers, et le parti a continué à recruter ces dernières semaines, notamment au sein du personnel médical. Des cellules du parti ont même été créées dans les hôpitaux temporaires. Concernant le docteur Li Wenliang, la communication officielle a tenté de réajuster le tir : après l’avoir rappelé à l’ordre, les autorités l’ont quelques semaines plus tard érigé en héros national, face à l’émotion nationale qu’a suscité son décès. Le parti reste globalement une institution très solide, d’autant qu’il dispose de moyens technologiques conséquents à son service, en plus des moyens de surveillance humaine traditionnels.

Peut-on s’attendre à ce que la Chine se relève plus rapidement que tout le monde de cette catastrophe sanitaire ?

La Chine communique massivement autour de ce qu’elle dénomme la « victoire » du Parti contre le virus et le calendrier l’encouragera de continuer sur cette lancée. 2021 sera l’année des grandes célébrations autour des 100 ans de la création du parti communiste chinois. À cette date, la Chine communiquera largement sur sa victoire médicale autant que sur sa victoire économique. Elle affirmera que l’économie est repartie sur de bons rails, que la Chine a définitivement tourné la page de la crise sur tous les fronts, même si la réalité des faits est beaucoup plus complexe. Pour l’instant, la reprise demeure loin, car l’économie chinoise dépend encore fortement des exportations, et notamment de la demande des pays européens et des États-Unis. Une chose est certaine : la Chine mise plus que jamais sur son développement technologique. Fin mars, le gouvernement central a annoncé un plan de relance qui serait orienté vers les « nouvelles infrastructures », c’est-à-dire la 5G, les ‘data-centers’, les villes intelligentes, la ‘technologie blockchain’, entre autres. Plus que jamais, dans un contexte de rivalités technologiques entre Pékin et Washington, la Chine essayera de devenir autonome et de trouver des solutions technologiques 100 % chinoises. Elle espère que ça sera un moteur de croissance et un moyen de renforcer la présence de ses entreprises du secteur à l’étranger. Plus que jamais, la compétition fera rage dans ce domaine, et les avancées technologiques se convertiront très vite en enjeux géostratégiques.

RFI

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