Le pays pourrait être bouclé entièrement durant deux semaines.
Au cours des dernières 24 heures, le Liban a enregistré 1.389 nouveaux cas (dont cinq en provenance de l’étranger) et six nouveaux décès, selon le dernier bilan quotidien publié dimanche par le ministère de la Santé. C’est dans ce contexte, que le ministère de l’Intérieur a décidé dimanche de renforcer le couvre-feu dans tout le pays, de 21h à 5h, et d’isoler 115 villes et villages. Le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan a lui mis en garde les Libanais : « la catastrophe approche », a-t-il dit.
Le nombre total de cas enregistrés depuis le 21 février s’élève désormais à 82.617, et un total de 643 décès. En tout, 42.904 patients se sont rétablis, alors que 790 personnes sont encore hospitalisées, dont 270 en soins intensifs.
Alors qu’il effectuait une visite au centre médical de Deir el-Ahmar à Baalbeck, M. Hassan a affirmé que le Liban « est face à un tournant très dangereux » et que « la catastrophe approche ». « Les gens doivent voir la catastrophe que nous avons observée en Europe, nous espérons que nous ne la connaîtrons pas au Liban, a déclaré le ministre. Nous nous sommes comportés depuis le début avec une responsabilité nationale globale. Aujourd’hui, nous sommes à un tournant très dangereux et nous nous approchons de la catastrophe ».
« Nous ne dormons pas pour pouvoir assurer des lits en soins intensifs pour les malades (…) Certains hôpitaux ne répondent pas aux appels à l’ouverture d’unité pour traiter les patients souffrant du Covid-19 », a dénoncé Hamad Hassan, appelant à la responsabilité et « à reconnaître que le pays est en danger et que des décisions courageuses soient prises au niveau gouvernemental ». Il a en outre indiqué avoir contacté le Premier ministre sortant Hassane Diab avec qui il a discuté du fait qu’une « décision devrait être prise au niveau national. Parce que l’expérience du bouclage localisé n’a pas été encourageante, même si elle répondait aux réticences des gens de voir le pays bouclé entièrement ».
Un confinement de deux semaines ?
M.
Hassan a dans ce cadre indiqué que le comité scientifique du ministère
de la Santé avait recommandé de confiner le pays durant deux semaines.
« La commission du coronavirus va se réunir demain à midi pour faire ses
recommandations au comité ministériel national, qui à son tour soumettra
une recommandation. C’est le Conseil des ministres qui prendra la
décision et nous devons élever la voix pour assurer une sécurité absolue
aux Libanais », a-t-il indiqué.
Le
président de l’Ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, a
quant à lui appelé les citoyens à « prendre au sérieux » les mesures de
prévention contre la pandémie, notamment le port du masque et le respect
de la distanciation sociale. « Les hôpitaux arrivent aux maximum de leur
capacité », a-t-il averti.
Pour sa part, l’ancien ministre de la Santé Mohammad Jawad Khalifé a déploré le « mépris et l’irresponsabilité » des Libanais face aux mesures prises pour lutter contre la pandémie, alors qu' »aucun traitement sérieux » n’a encore été trouvé contre le virus.
Le Liban
est entré lundi dans sa quatrième semaine de bouclage partiel, une
stratégie adoptée fin août par le comité interministériel pour le suivi
du Covid-19, par laquelle des zones classées rouges au baromètre de
l’épidémie sont fermées une semaine durant. En recourant à cette
stratégie de bouclage localisé, le gouvernement espère freiner – voire
vaincre – la propagation de l’épidémie qui ne cesse de gagner du
terrain. Les bars et boîtes de nuit sont également fermés sur l’ensemble
du territoire jusqu’à nouvel ordre, alors que le secteur touristique
paie déjà un lourd tribut depuis la double explosion du 4 août au port
de Beyrouth qui a ravagé des quartiers entiers de la capitale.
Vendredi, la commission de suivi des mesures préventives contre le coronavirus avait recommandé d’interdire les rassemblements privés de plus de six personnes, d’étendre le couvre-feu quotidien de 21h à 5h le lendemain. Elle avait aussi demandé aux hôpitaux privés de consacrer 10% des lits d’hospitalisation et 20% des lits en soins intensifs aux malades atteints de Covid-19.
OLJ