La journée de la «Tolérance zéro» à l’égard des Mutilations Génitales Féminines (MGF) a été célébrée le 6 février au sein du parlement européen de Bruxelles. C’est avec plaisir que nous avons accueilli les participant-e-s venus de plusieurs pays de l’Union européenne. Écrit Dr Pierrette HERZBERGER-FOFANA
Mme la Commissaire Helena Dalli nous a fait l’honneur de prononcer le discours de bienvenue lors de notre événement sur «La Tolérance zéro» à l’égard des mutilations génitales féminines. Nous la remercions bien sincèrement. La Commissaire s’engage contre toutes formes de violence et discriminations faites aux femmes. Dans son allocution, Mme Dalli a mis l’accent sur le fait que les mutilations génitales féminines et les mariages forcés sont une violation des droits des femmes. A cette occasion, elle a précisé le rôle de l’Union européenne.
L’engagement des Hommes, multiplicateurs
Nous nous sommes réjouis de la présence de nos intervenants, le multiplicateurs qui nous ont présenté le projet. Ce projet marque une nouvelle étape dans la lutte contre les mutilations génitales féminines et les mariages forcés.
Il s’agit d’une coopération entre trois organisations Lessan, FEA et HIMILO menée dans leurs pays respectifs : Allemagne, France et Hollande. Ces multiplicateurs et médiateurs s’investissent dans ce projet financé par l’Unio européenne et qui s’intitule : «Les hommes défendent l’égalité des sexes: Amplifier le changement.»
La participation des hommes dans la lutte contre les mutilations génitales donne un souffle nouveau à ce long combat que mènent les organisations de la société civile. En effet :
Car tant que «Les princes charmants» ne déclareront pas haut et fort qu’ils sont prêts à épouser des femmes non excisées, il sera difficile de gagner notre pari: l’éradication des mutilations génitales féminines. La pratique des mutilations perdurera.
Les mutilations génitales féminines causent de nombreux ennuis sur le plan de la santé et freinent l’épanouissement des femmes et des filles. C’est pourquoi les activités des médiateurs sur le terrain sont indispensables car ils identifient les victimes de l’excision. Ils entretiennent un dialogue permanent avec les communautés concernées.
Allemagne. «Lessan». Hambourg
En Allemagne, Dr. Gwladys Awo est la coordinatrice de ce projet avec son organisation «Lessan.» Elle a participé à la « Lettre de protection» en collaboration avec le gouvernement allemand de la Famille. Cette «Lettre de protection» est un document officiel qui permet de protéger les filles de la Diaspora lorsqu’elles se rendent en vacances dans le pays de leur parents. La lettre de protection rappelle que des conséquences juridiques sont prévues pour toute personne qui excise une fille ou une femme dans un pays qui pratique les mutilations génitales féminines À son retour en Allemagne, elle ou ses parents
peuvent être condamnés à une amende ou à une peine de prison qui peut aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement. En outre, le permis de séjour peut être révoqué.
Les multiplicateurs fournissent un travail de titan auprès des communautés concernées par les mutilations dans ces trois pays de l’Union Européenne. C’est pourquoi, j’ai accepté d’être la marraine du projet mené par mon état membre par l’organisation «Lessan». Les multiplicateurs de cette organisation sise à Hambourg ont développé des modules afin de sensibiliser les agents de la santé à utiliser un langage approprié et non discriminatoire lorsqu’ils ont à faire aux communautés ethniques qui vivent en Allemagne.
France. «Femmes Entraide et Autonomie»(FEA)
En France, la coordination du projet est entre les mains de Mme Sokhna Bâ Fall. Les médiateurs de l’organisation «Femmes Entraide et Autonomie» (FEA France) ont partagé leurs expériences, les raisons de leur engagement, leurs motivations. Ils ont expliqué comment ils aident à identifier les cas de femmes excisées vivant dans des localités éloignés des centres de santé. Ils ont abordé également le problème de la violence basée sur le genre. Ils conseillent et soutiennent les communautés lorsqu’elles entreprennent des actions de sensibilisation et de prévention auprès de leurs compatriotes.
Pays-Bas. «HIMILO»
Le projet est mené sous la houlette de Mme Zahra Naleie. Le point fort de leur travail est également la formation des professionnels de la santé. Ces derniers doivent apprendre à parler des mutilations avec tact sans heurter les sensibilités, surtout lorsqu’ils abordent le thème de l’asile en rapport avec les mutilations – En effet, les femmes et les filles, excisées sont confrontés à de nombreux défis en tant que requérantes d’asile. Elles ont besoin de soutien lorsqu’elles remplissent par exemple des formulaires pour obtenir un visa dans l’un des pays de l’Union européenne.
En Europe plus de 500 000 filles et femmes sont excisées. Dans notre état membre, l’Allemagne, il y aurait selon les statistiques plus de 70000 femmes qui ont subi une mutilation et plus de 4000 filles seraient menacées de l’être.
Participation de nos invités
Cet événement au parlement européen a été enrichissant. Les débats avec nos invités venus d’Allemagne, de France, de Hollande et de Belgique ont élargi notre réflexion. Parmi les panelistes, c’est avec plaisir que nous avons accueilli nos collègues députés Samira Rafaela et Max Orville. Nous remercions l’échevine de Bruxelles, soit l’adjointe au maire Mme Lydia Mutyebele Ngoi. Elle a relaté le phénomène des mariages forcés en Belgique au sein de certaines communautés.
Nous saluons la participation du professeur Tobe Levin von Gleichen. Elle est probablement la première femme dans notre état membre, l’Allemagne, à avoir publié un article sur les mutilation génitales féminines en 1977. En 1998, Tobe Levin a fondé à Francfort FORWARD-Germany, aujourd’hui FORWARD for Women, dont j’étais membre du comité exécutif. Nous remercions Heidi Bezzaz qui fut durant des années la directrice exécutive de FORWARD-Germany. Elle a contribué à introduire la problématique des mutilations dans le programme des Verts de sa région à Francfort, en Hesse.
Conclusion
Depuis que le 6 février a été proclamée journée de la «Tolérance Zéro», nous avons fait un grand pas en avant. Bien sûr, il existe encore de nombreuses poches de résistance, mais l’espoir est permis que nous parviendrons à éradiquer ce fléau.
L’engagement de milliers d’activistes de par le monde a permis de gagner à notre cause, les décideurs politiques. Presque tous les états membres de l’Union européenne ont proclamé des lois pour mettre au ban les mutilations génitales féminines. Il est évident qu’une coutume qui est ancré dans les habitudes et considérée comme une tradition ne peut être abolie du jour au lendemain.
Aujourd’hui, nous pouvons déclarer haut et fort sans crainte de représailles quelconques ou critiques acerbes que les mutilations et les mariages forcés sont une violation des droits humains. L’engagement des hommes dans la lutte pour l’égalité des sexes est un signal fort.
L’égalité est encore loin d’être acquise, malgré les progrès réalisés. Cependant, ce projet a prouvé que les hommes et les femmes marchent la main dans la main afin d’abolir les mutilations génitales féminines et mettre fin aux mariages forcés. Ce projet ouvre une nouvelle perspective dans la lutte contre les mutilations féminines génitales et les mariages forcés.
Sources :
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana. «Female Genitale Mutilation(FGM) and Human Rights. »
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana. «Allemagne. Les mutilations génitales féminines sous le radar de la loi» www.xibaaru.sn/allemagne-les-mutilations-genitales-feminines-sous-le-radar-de-la-loi.7.2.21 de (Sénégal); /mediaguinee.org/allemagne-les-mutilations-genitales-feminines-sous-le-radar-de-la-loi 8.2.2011;/lequotidien.sn/allemagne-les-mutilations-genitales-feminines-sous-le-radar-de-la-loi/?. 11.2.2021
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana « Les Mutilations Génitales Féminines (MGF)
Université de Perth-Australie. http :77ww.arts.uwaa.edu.au/AFLIT/MGF1.html, juillet 2000, www.afrology.com