Le Brabançon est devenu, à 24 ans, le premier coureur à réussir le double olympique CLM-route.
Il y a de grands Belges, il en fait partie. Il y a de grands olympiens, il en fait déjà partie » : les mots sont de Pierre-Olivier Beckers, ancien président du COIB, époustouflé comme toute la planète du sport par la performance majuscule de Remco Evenepoel. Une semaine après avoir conquis le titre en CLM, l’ancien champion du monde a réussi ce que personne d’autre n’avait réussi avant lui : le doublé. Ce petit bonhomme de 171 centimètres sous la toise est un géant du cyclisme et du sport, qui a déjà presque tout gagné à 24 ans seulement.
Il était l’un des favoris, tout le peloton savait qu’il allait passer à l’offensive à un moment ou un autre d’un parcours de 273 km usant et pourtant, personne n’a pu lui résister. Pas plus Mathieu van der Poel qu’une équipe française tout heureuse de saisir les deux autres médailles restantes (l’argent pour Valentin Madouas et le bronze pour Christophe Laporte).
Remco Evenepoel ne fait rien comme les autres, son destin cousu de fil d’or est exceptionnel, dans l’acception première du terme. Parti seul à 15 bornes du but, sans même placer une réelle offensive, simplement en élevant le tempo d’un cran pour se défaire de son dernier rival, il s’est imposé un chrono en solitaire qui a ressemblé à une traversée triomphale de Paris. Mais sur son chemin de gloire, le Brabançon nous réserve toujours une petite surprise. La crevaison et le changement de vélo consécutif, à trois bornes du Trocadéro, ont encore accéléré son rythme cardiaque et celui de tout un pays mais il avait déjà creusé un écart si profond, supérieur à la minute, que cet incident a finalement ressemblé à une péripétie.
Secouant la tête d’incrédulité, haranguant la foule dans une communion à vous ficher la chair de poule, il s’est arrêté juste après la ligne, dans un cadre majestueux, soulevant le vélo puis les bras, avec la Tour Eiffel en arrière-plan. Une image pour la postérité, un titre pour l’éternité.
Ce succès, Evenepoel le doit aussi au travail tactique parfait d’une équipe belge au plan bien plus clair que l’eau de la Seine. Alors que Tiesj Benoot avait comme d’habitude fait montre d’altruisme pour réduire l’échappée matinale à néant, Wout van Aert contrôlait Mathieu van der Poel dès les premières accélérations, Jasper Stuyven dégoûtait les derniers velléitaires. La Belgique pouvait chavirer.
Double champion olympique dans la foulée d’un podium sur le Tour de France, après avoir été champion du monde sur route et du chrono, vainqueur de grand tour et de deux éditions de Liège-Bastogne-Liège, champion d’Europe du CLM… Il coche déjà presque toutes les cases, dans la première séquence de sa carrière. Quel sera son prochain challenge ? Un succès sur le Tour des Flandres l’an prochain (il le découvrira), une victoire au Tour dans un futur proche.
La Belgique compte désormais trois champions olympiques en cyclisme sur route, après André Noyelle en 1952 et Greg Van Avermaet en 2016. Elle tient surtout en Remco Evenepoel un champion hors norme, stratosphérique, pour lequel on est à court de superlatifs.
Le Soir