L’ambassadeur du Liban à Londres et le directeur de la compagnie aérienne libanaise se veulent rassurants.
Un vol de la compagnie libanaise Middle East Airline, bondé de Libanais rapatriés vendredi soir depuis Londres en période de lutte contre le coronavirus, a suscité une polémique, après des images diffusées par des passagers qui dénoncent le non respect des mesures de distanciation, ce qui a poussé les autorités libanaises à réagir.
Sur les images enregistrées dans des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, une passagère filme un échange houleux entre un employé de la compagnie et un passager qui se plaint du fait que la distanciation sociale n’est pas respectée. En effet, un siège est censé rester vide entre chaque passager, afin de tenter d’éviter des contaminations au Covid-19. Le passager affirme avoir déboursé un montant non négligeable pour effectuer un test de dépistage PCR avant de monter à bord du vol et réclame qu’un siège soit gardé vide entre lui et les autres passagers.
« Nous ne voulons juste pas mourir »
« Ne vous moquez pas de nous, vous ne pouvez pas vous payez notre tête », lance alors ce passager excédé. Une passagère filme la scène avec son portable et dénonce elle aussi le non respect de cette mesure. C’est alors qu’intervient l’une des employées de la MEA et demande à la passagère d’arrêter de filmer. « Ceux qui sont mécontents peuvent débarquer du vol », lance l’employée. « Personne ne se soucie de l’argent dépensé, nous ne voulons juste pas mourir », souligne une autre passagère, visiblement inquiète.
Les prix des billets pour un retour simple atteignent des montants exhorbitants, 1.200 pounds selon une passagère, une question qui provoque la colère parmi les Libanais. La MEA affirme de son côté que ces prix sont justifiés car les vols ne sont pas pleins, en raison des mesures de distanciation sociale, et que les appareils se rendent vides à destination des capitales étrangères.
Face à cette polémique qui enflait toujours samedi, l’ambassadeur du Liban au Royaume-Uni, Rami Mortada, a expliqué à la chaîne LBCI que 99 Libanais se trouvaient à bord du vol de vendredi en provenance de Londres, ainsi qu’un autre groupe de Libanais venus des Etats-Unis. Le diplomate ne donne pas de chiffre total pour les passagers. « Tous les passagers en provenance de Londres ont effectué des tests de dépistage PCR et les résultats se sont avérés négatifs. Il n’y a donc pas de risque s’ils s’assoient les uns à côté des autres », a-t-il affirmé. Pourtant, certains experts médicaux mettent en garde contre des résultats de dépistage qui peuvent s’avérer négatifs si la contamination est à ses premiers stades et que le corps du patient n’a pas encore développé suffisamment d’anti-corps pour lutter contre le virus.
Pour sa part, le directeur général de la MEA, Mohammad el-Hout, a affirmé à la chaîne que le groupe de Libanais qui venait des Etats-Unis a été installé séparément du groupe de Libanais qui résidaient au Royaume-uni.
Au lendemain de la fin de la 2e phase de rapatriements des Libanais de l’étranger, le nombre de contaminations locales (au Liban) au Covid-19 a enregistré une nette hausse en 24h, avec 11 nouveaux cas, alors que deux cas supplémentaires ont été confirmés parmi les rapatriés du Sénégal et du Koweït, selon le dernier bilan quotidien du ministère de la Santé publié vendredi. Le total de cas depuis l’apparition de la pandémie dans le pays le 21 février s’élève donc à 809 cas. Sur ce total de cas, 101 concernent des personnes expatriées qui sont rentrées au cours des deux phases de rapatriement organisées par le gouvernement.
Ces derniers jours, le nombre de contaminations parmi les Libanais rapatriés grimpait considérablement. Réagissant à ces développements, le ministre de la Santé, Hamad Hassan, avait toutefois souligné que cela n’empêcherait pas la poursuite des vols de rapatriement, mais que les retours constituaient « un défi » pour la situation sanitaire dans le pays. Une troisième phase aura lieu entre le 14 et le 24 mai et bénéficiera à plus de 12 000 personnes. Ces rapatriements concerneront un nombre largement supérieur à celui des première et deuxième phases qui ont permis le retour de près de 8 500 personnes.
OLJ