Le ministre canadien des Finances Bill Morneau a annoncé lundi sa démission sur fond de rumeurs de tensions avec Justin Trudeau sur la gestion de la pandémie, et alors qu’il est au cœur d’un scandale éthique visant également le chef du gouvernement.
« Alors que nous entamons une nouvelle phase de la lutte contre la pandémie, il est temps qu’un nouveau ministre des Finances puisse mener ce projet à bien sur un long chemin semé d’embûches ». c’est par ces mots que Bill Morneau a annoncé sa démission lors d’une conférence de presse surprise après une rencontre avec Justin Trudeau, alors que le pays traverse sa pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Le ministre démissionnaire a assuré avoir pris cette décision de sa propre initiative, sans y être contraint par le chef du gouvernement.
Bill Morneau occupait ce poste depuis 2015. Il a révélé qu’il comptait briguer le poste de secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Justin Trudeau lui a immédiatement offert son appui.
« Le Canada appuiera fortement sa candidature en vue de diriger cette importante institution mondiale qui jouera un rôle essentiel dans la reprise économique mondiale, a déclaré le Premier ministre canadien dans un communiqué. Grâce à son leadership, le Canada a développé une économie forte avec l’un des meilleurs bilans du G7, créé plus d’un million d’emplois et atteint le taux de chômage le plus bas de son histoire. »
Visé par une enquête de la Commission d’éthique
Depuis une semaine, plusieurs médias canadiens rapportent de profondes divergences entre Bill Morneau et le chef du gouvernement sur la façon de relancer l’économie canadienne, affaiblie par la pandémie de coronavirus, sans mettre en péril les finances publiques alors que le déficit attendu atteint plus de 340 milliards de dollars, soit 216 milliards d’euros.
Le ministre des Finances est par ailleurs visé par une enquête du Commissaire canadien à l’éthique sur ses liens avec l’association caritative We Charity (« Unis » en français) qui employait sa fille, et à laquelle le gouvernement avait attribué un important contrat sans appel d’offres.
Cette enquête vise également Justin Trudeau, dont la mère, le frère et l’épouse ont été rémunérés par cette association à hauteur d’environ 300 000 dollars pour leur participation à divers événements.
Tout comme le Premier ministre, Bill Morneau a présenté ses excuses pour avoir participé aux discussions sur l’attribution du contrat gouvernemental à l’association. Le contrat lui a depuis été retiré, sans mettre fin à la polémique qui a fait reculer le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau dans les sondages.
Source : RFI