Les dirigeants kosovar et serbe « ne sont pas parvenus à un accord » jeudi 18 août à Bruxelles sous l’égide de l’UE afin d’apaiser les tensions entre les deux pays, mais « les discussions reprendront dans les prochains jours », a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
« Il y a encore du temps d’ici le 1er septembre », date prévue d’entrée en vigueur de nouvelles règles administratives et frontalières imposées par Pristina et dénoncées par Belgrade, a-t-il ajouté, à l’issue de la rencontre convoquée après un nouvel épisode de violences dans le nord du Kosovo fin juillet. Il n’a pas précisé le format des discussions à venir.
Le Premier ministre kosovar Albin Kurti et le président serbe Aleksandar Vucic, réunis dans le cadre du « Dialogue Belgrade-Pristina » piloté depuis 2011 par la Commission européenne, ont « accepté que le processus devait continuer […]. Je ne baisse pas les bras », a souligné M. Borrell, rendant compte des discussions devant la presse.
Aleksandar Vucic a reconnu, dans un message sur Instagram, que « la journée avait été compliquée » : « Je ne peux pas dire qu’elle a été couronnée de succès, mais je ne ferai pas d’autre commentaire, car je garde espoir que, par quelque miracle, nous pourrons arriver à une solution de compromis », a-t-il ajouté. Il doit rencontrer dimanche (21 août) à Belgrade les représentants des Serbes du Kosovo.
L’Otan avait averti mercredi (17 août), après une rencontre avec les deux dirigeants, que sa force de maintien de la paix au Kosovo (Kfor) était « prête à intervenir si la stabilité était menacée » et à renforcer ses effectifs si nécessaire.
Alors que se poursuit l’offensive russe en Ukraine, « la communauté internationale ne veut pas assister à un regain de tensions. Les deux parties seront entièrement responsables en cas d’escalade sur le terrain », a prévenu Josep Borrell.
Avant la rencontre, il avait jugé qu’ « il était temps de progresser vers une normalisation complète des relations » entre les deux pays, condition clef de leur adhésion à l’UE.
Invoquant un principe de « réciprocité », Pristina prévoit d’imposer des permis de séjour temporaires aux personnes entrant au Kosovo avec une carte d’identité serbe, et exige des Serbes du Kosovo qu’ils remplacent les plaques d’immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo.
Ces nouvelles mesures ont entraîné un nouvel épisode de violences fin juillet dans le nord du Kosovo, où la minorité serbe les juge vexatoires. Sous pression des Etats-Unis, Pristina avait reporté leur mise en œuvre au 1er septembre.
Le Premier ministre kosovar Albin Kurti avait imputé, mercredi à Bruxelles, la responsabilité des tensions à « des structures serbes illégales transformées en gangs criminels, qui érigent des barricades » dans le nord du pays.
Belgrade n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée par le Kosovo en 2008, une décennie après une guerre sanglante qui a fait 13 000 morts, en majorité des Kosovars albanais.
Depuis, la région est le théâtre de frictions épisodiques. Les quelque 120 000 Serbes du Kosovo, dont un tiers vit dans le nord du territoire, ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina, restant fidèles à Belgrade.
Serbie et Kosovo aspirent tous deux à entrer dans l’UE : Belgrade a depuis 2012 le statut de candidat officiel, ce qui lui a permis d’engager des négociations, tandis que le Kosovo est seulement « candidat potentiel ». Cinq pays de l’UE refusent cependant toujours de reconnaître l’indépendance de l’ex-province serbe.
Euractiv