Au cours d’un entretien téléphonique ce mercredi, le président russe, Vladimir Poutine et le président turc, Recep Tayyip Erdogan ont dit souhaiter « la mise en œuvre complète » des accords de désescalade russo-turque en Syrie, en particulier dans la région d’Idleb, où le régime de Damas mène depuis des mois une offensive meurtrière.
Ces derniers jours, les forces turques et syriennes se sont affrontées violemment dans la région d’Idleb. Malgré le ton diplomatique de l’échange russo-turc, le président Erdogan a tenu ce mercredi un discours va-t-en-guerre devant son groupe parlementaire, menaçant de frapper les forces du régime syrien « partout » en cas de nouvelle attaque.
Alors que huit soldats turcs venaient d’être tués dans des tirs du régime syrien à Idleb, il y a une semaine, Recep Tayyip Erdogan donnait jusqu’à la fin du mois à Bachar el-Assad pour retirer ses troupes des zones reprises par le régime ces dernières semaines.
Dans ces zones, l’armée turque maintient 12 postes militaires, en vertu d’un accord russo-turc signé à Sotchi en 2018. Après la mort de cinq soldats dans un autre affrontement ce mercredi, le ton du président turc n’est plus défensif, mais offensif.
Un discours offensif
« Nous sommes déterminés, d’ici fin février, à repousser le régime au-delà des frontières de l’accord de Sotchi, c’est-à-dire au-delà de nos postes d’observation. Dans ce but, nous ferons ce qu’il faut, sans hésiter, sur terre et dans les airs. Les avions qui frappent les populations civiles à Idleb ne pourront plus mener leurs actions aussi tranquillement qu’avant », a indiqué le président turc.
Puis Recep Tayyip Erdogan a ajouté : « Sur terre, nous chasserons les forces du régime au-delà des frontières que nous avons indiquées. À partir d’aujourd’hui, si nos soldats déployés sur nos postes d’observation ou ailleurs subissent la plus petite attaque, j’annonce que nous frapperons les forces du régime partout, sans tenir compte des frontières d’Idleb ou de l’accord de Sotchi ».
Le président turc ne cherche pas à calmer le jeu alors que ses soldats ne disposent d’aucune couverture aérienne en cas d’agression ou d’offensive en bonne et due forme. Si le régime de Damas se montre, lui aussi, inflexible, d’autres confrontations pourraient rapidement survenir.
Moscou agacé par les mises en cause d’Erdogan
Aux déclarations très dures du président Recep Tayyip Erdogan ce mercredi, le Kremlin a répondu en reprochant à la Turquie de ne pas avoir « neutralisé » les groupes rebelles et jihadistes qui opèrent dans la province. Une déclaration qui témoigne de l’agacement croissant des autorités russes face aux mises en causes du président turc.
C’est le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov qui s’est chargé de « mettre les points sur les i » avec Ankara. Le président turc Erdogan reproche à la Russie et au régime syrien d’avoir violé les accords de Sotchi, en continuant leur offensive à Idleb. Mais pour Moscou, c’est la Turquie qui n’a pas respecté ces accords signés à l’automne 2018.
Ankara avait l’obligation de contrôler les groupes rebelles et jihadistes de la province, or explique Dmitri Peskov, « es groupes bombardent les troupes syriennes et attaquent les installaions militaires russes, ce qui est innaceptable ».
D’intenses négociations en perspective
La Russie hausse le ton mais attention, on est loin d’avoir atteint le point de non retour, entre Moscou et Ankara. Le président russe Vldimir Poutine et son homologue ont eu un entretien téléphonique dans la matinée et une délégation turque devrait se rendre en Russie dans les prochains jours pour tenter de trouver une solution négociée.
C’est que la Russie et la Turquie n’ont pas grand-chose à gagner et beaucoup à perdre d’une confrontation militaire directe entre Ankara et Damas. On peut donc s’attendre dans les prochaines jours, au-delà de ces déclarations parfois virulentes, à une intense activité diplomatique entre les deux pays…
RFI