La proposition, présentée par la haute représentante de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune (FCE), Kaja Kallas, vise à engager jusqu’à 40 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine cette année. Cela représenterait une augmentation substantielle par rapport aux 20 milliards d’euros fournis par l’UE en 2024. Ce plan exigerait que chaque État membre contribue proportionnellement à la taille de son économie.
L’UE est confrontée à une incertitude croissante quant à l’avenir du soutien américain à l’Ukraine, notamment sous l’administration du président Donald Trump. Ce dernier a pris des mesures pour renouer le dialogue diplomatique avec la Russie et a encouragé des négociations entre Kiev et Moscou. Le président américain a annoncé mardi son intention de s’entretenir avec le président russe Vladimir Poutine au sujet d’une éventuelle résolution du conflit.
À l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles lundi, Kallas a déclaré que sa proposition bénéficiait d’un « large soutien politique », même si les discussions sur les détails devaient se poursuivre. L’initiative est fortement soutenue par les pays d’Europe du Nord et de l’Est, qui comptent parmi les plus fervents soutiens de l’Ukraine.
Cependant, plusieurs pays d’Europe du Sud, dont l’Italie et l’Espagne, restent hésitants. Leur prudence reflète un clivage plus large au sein de l’UE : les pays géographiquement plus proches de la Russie ont fourni une part plus importante de l’aide à l’Ukraine, tandis que ceux plus éloignés y ont contribué moins en termes relatifs. Selon les données de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, l’Estonie, le Danemark et la Lituanie ont consacré plus de 2 % de leur PIB à l’aide à Kiev entre janvier 2022 et décembre 2024. En revanche, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, la Slovénie et Chypre ont chacun contribué à hauteur de moins de 0,5 % de leur PIB.
Réserves d’Europe du Sud
L’Italie et l’Espagne, troisième et quatrième économies de l’UE, ont souligné la nécessité de poursuivre les discussions avant de s’engager sur l’augmentation proposée du financement. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a indiqué que Rome évaluerait la proposition à la lumière des développements géopolitiques à venir, notamment de l’appel de Trump à Poutine .
« Nous attendons l’entretien téléphonique entre Trump et Poutine pour voir si des avancées seront réalisées en vue d’un cessez-le-feu », a déclaré Tajani. Il a également souligné les contraintes financières auxquelles fait face l’Italie, qui s’efforce d’augmenter ses dépenses de défense. « Il y a beaucoup de dépenses à gérer », a-t-il ajouté.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, s’est montré tout aussi évasif, déclarant : « Nous verrons comment le débat évolue, mais à ce stade, aucune décision n’a été prise. » Il a rappelé que l’Espagne avait déjà promis 1 milliard d’euros d’aide militaire à l’Ukraine cette année, insistant sur le fait que Madrid n’avait pas attendu la proposition de Kallas pour démontrer son soutien à Kiev.
La France a également exprimé des inquiétudes concernant cette proposition, selon des diplomates de l’UE, bien qu’elle n’ait pas adopté de position définitive.
Positions de la Hongrie et de la Slovaquie
Si certains pays ont hésité à s’engager à augmenter leur financement, d’autres ont clairement indiqué qu’ils n’y participeraient pas. La Hongrie, dirigée par le gouvernement pro-russe du Premier ministre Viktor Orbán, s’est montrée l’opposant le plus virulent à l’aide militaire à l’Ukraine. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a réaffirmé la position de Budapest en déclarant sur les réseaux sociaux : « Nous ne nous laisserons pas entraîner dans cette affaire et nous ne laisserons pas l’argent des contribuables hongrois servir à financer des livraisons d’armes à l’Ukraine. »
La Slovaquie, sans bloquer activement la proposition, a également indiqué qu’elle ne contribuerait pas au fonds. Selon trois diplomates de l’UE, la Slovaquie a déclaré qu’elle ne ferait pas obstacle à l’initiative, mais qu’elle refuserait de participer au financement d’une aide militaire supplémentaire.
Malgré l’opposition de certains milieux, les responsables de l’UE estiment que la Hongrie et la Slovaquie ne seront pas en mesure de bloquer complètement le projet, car les contributions seraient volontaires plutôt qu’obligatoires.