Les vingt-sept États membres de l’Union européenne sont désormais d’accord d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine du Nord, quelques mois après le blocage d’une poignée d’entre eux. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ouvriront mardi à Tirana et Skopje la porte de la salle d’attente de l’Union.
Le Conseil (États membres) s’apprête ainsi à rejoindre la position de la Commission et du Parlement, gagnés depuis longtemps au lancement du processus de négociation avec ces deux petits pays des Balkans occidentaux.
Au sommet d’octobre dernier, le président français Emmanuel Macron avait bloqué, avec quelques autres pays, une décision favorable. Ce refus européen a conduit le Premier ministre nord-macédonien, le social-démocrate Zoran Zaev, à convoquer des élections qui sont prévues pour le 12 avril, avec le souhait de demander aux électeurs de valider sa stratégie politique.
La France réclamait une révision de la méthode d’adhésion afin de mettre davantage l’accent sur les contrôles des réformes fondamentales tout au long de la procédure. Une nouvelle approche, formulée il y a quelques semaines par la Commission européenne, a fini par convaincre tous les États membres.
Ce lundi, les ambassadeurs des 27 ont donné leur feu vert. Les ministres des Affaires européennes devraient faire de même mardi lors d’une vidéoconférence informelle à laquelle participera, pour la Belgique, le ministre Koen Geens (CD&V), en charge des Affaires européennes.
L’accord sera ensuite soumis aux chefs d’état et de gouvernements qui devront donner mandat à la Commission européenne de préparer un cadre de négociations. Ce cadre de négociations devra être entériné lors d’un sommet européen et une date sera alors décidée pour l’ouverture des négociations.
Bouffée d’espoir
L’accord trouvé lundi redonne toutefois espoir aux deux pays candidats. Mais la route sera encore difficile et incertaine pour l’Albanie, car l’Allemagne et les Pays-Bas ont exigé de Tirana des réformes à accomplir avant l’ouverture formelle des négociations.
L’Albanie doit adopter une réforme électorale, assurer un financement transparent des partis politiques et des campagnes électorales.
Elle doit également poursuivre la mise en œuvre de la réforme judiciaire, notamment en assurant le fonctionnement de la Cour constitutionnelle et de la Haute Cour, et finaliser la mise en place des structures spécialisées dans la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, précise le projet d’accord.
Ces réformes devront avoir été réalisées avant la conférence intergouvernementale qui lancera officiellement l’ouverture des négociations.
« Le feu vert des Etats membres va alléger l’atmosphère pour le sommet des Balkans prévu début mai à Zagreb, s’il peut se tenir« , a commenté un diplomate de haut rang.
Mais le processus d’adhésion va prendre des années pour ces deux pays et la grande question qui va se poser sera la capacité de l’Union européenne de les intégrer et d’en accepter de nouveaux, a-t-il averti.
Actuellement, l’UE mène des pourparlers d’adhésion avec la Serbie, le Monténégro et la Turquie, mais ils sont en léthargie concernant ce dernier pays. L’Albanie est candidate depuis 2014 tandis que la Macédoine du Nord a introduit sa demande en 2005. Ce pays, ex-« Ancienne république yougoslave de Macédoine« , a notamment accepté de changer de nom pour apaiser les tensions récurrentes avec Athènes.
Belga