Le secrétaire général de la Ligue arabe, le vice-président turc et le président du Conseil européen se sont rendus à Beyrouth samedi pour s’entretenir avec les responsables libanais, quatre jours après la catastrophe.
Quatre jours après les explosions meurtrières qui ont ravagé le port de Beyrouth et de nombreux quartiers de la capitale libanaise, plusieurs dirigeants internationaux se sont rendus au Liban samedi pour exprimer leur soutien aux autorités et à la population et organiser l’aide internationale qui a déjà commencé à affluer vers ce pays sinistré.
C’est le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, qui a atterri en premier samedi matin à Beyrouth et exprimé le soutient total et la solidarité de la Ligue avec le Liban. Il a été suivi par le vice-président turc, Fuat Oktay, ainsi que le président du Conseil européen, Charles Michel.
« Il y a un sentiment très fort de solidarité avec la population libanaise », a affirmé M. Aboul Gheit au palais présidentiel de Baabda, après s’être entretenu avec le chef de l’État Michel Aoun. « J’ai dit au président Aoun : +Vous êtes forts malgré toutes les difficultés et malgré cette grande catastrophe. Vous allez réussir à relever le défi. Je lui ai exprimé le soutien total de la Ligue arabe et le fait qu’elle est prête à apporter son soutien dans la mesure du possible. La réaction arabe a été très rapide et j’en suis satisfait. Le président m’a exprimé sa gratitude et m’a dit qu’il y a désormais assez de matériel médical pour le moment », a ajouté le responsable égyptien devant les journalistes sur place.
« Nous ne sommes pas la Banque mondiale »
Ahmad Aboul Gheit a également fait savoir qu’il participera dimanche à une visioconférence internationale de donateurs en soutien au Liban qui se tiendra à 12h GMT, selon la présidence française. « Je vais participer au sommet virtuel convoqué par la France demain. Je transmettrai aux États arabes et à leurs chefs de diplomatie un rapport complet sur ma visite et sur ce que j’ai vu, et dans les prochaines semaines le Conseil économique et social de la Ligue va se réunir et j’évoquerai durant la réunion le dossier libanais », a-t-il souligné. « La Ligue arabe est également prête à participer à toute enquête sur la catastrophe. Tout le soutien, toutes nos condoléances, et nous accomplirons notre devoir dans la mesure de nos capacités, car nous ne sommes pas la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, mais de nombreux pays arabes ont des capacités bancaires et chacun d’entre eux se chargera d’apporter un soutien en fonction de ses capacités » a affirmé Ahmad Aboul Gheit.
En réponse à la question de savoir si la catastrophe a été provoquée par une frappe israélienne, Ahmad Aboul Gheit a affirmé : « Il est difficile d’en juger, mais toutes les options sont ouvertes, comme l’a évoqué hier le président Aoun ». Pour sa part, le président Aoun a remercié M. Aboul Gheit pour son soutien. « Le Liban a besoin de toute aide, sur tous les plans, et les espoirs sont grand dans les Etats arabes », a affirmé M. Aoun.
Selon l’explication officielle des autorités, la tragédie est due à un incendie dans un entrepôt de feux d’artifice qui ont mis le feu à 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans un entrepôt du port de Beyrouth depuis 2014 « sans mesures de précaution », de l’aveu même du Premier ministre Hassane Diab. Cependant, le président Michel Aoun avait évoqué la possibilité que ce drame ait été provoqué par une « intervention extérieure », parlant d’un éventuel missile ou d’une bombe. Plus de 60 personnes sont toujours portées disparues à Beyrouth, quatre jours après l’explosion qui a tué au moins 154 personnes et fait 5.000 blessés, dont 120 sont dans un état critique, et 300.000 sans abri, selon un bilan encore provisoire.
Le secrétaire général de la Ligue arabe s’est ensuite entretenu à Aïn el-Tiné avec le président du Parlement, Nabih Berry, et lui a exprimé le soutien de la Ligue. Il lui a répété qu’elle était prête à participer aux enquêtes sur la catastrophe. Ahmad Aboul Gheit s’est ensuite rendu au ministère des Affaires étrangères, endommagé par les explosions, où il a inspecté les dégâts. Il a aussi été reçu par l’ex-Premier ministre Saad Hariri, ainsi que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
Il s’est ensuite entretenu avec le Premier ministre Hassane Diab. Au
cours de cette réunion, M. Aboul Gheit a réitéré l’appel de la Ligue à
la communauté arabe et internationale à se tenir aux côtés du Liban,
réaffirmant que son organisation mettra toutes ses capacités à la
disposition du Liban, notamment dans le domaine de la reconstruction.
Le vice-président turc, Fuat Oktay, est pour sa part arrivé à Beyrouth peu avant 11h, pour également rencontrer les responsables du pays. Lors d’un point de presse à l’issue de son entretien avec le chef de l’Etat libanais, le responsable turc, à la tête d’une haute délégation de son pays, a affirmé qu’Ankara « se tient aux côtés du Liban et lui apportera son aide ». « Nous avons envoyé jusque-là deux hôpitaux de campagne et du matériel médical ainsi que 400 tonnes de blé et de denrées alimentaires », a-t-il précisé. « La Turquie est prête à reconstruire le port de Beyrouth », a conclu M. Oktay. Il s’est ensuite entretenu avec le Premier ministre Hassane Diab, puis le chef du Parlement, Nabih Berry.
Le président du Conseil européen Charles Michel est, lui, arrivé à Beyrouth peu avant 13h, pour « témoigner de la solidarité de l’Europe avec le peuple libanais », alors que l’Union européenne a annoncé jeudi avoir débloqué 33 millions d’euros pour financer une première aide d’urgence. « Le Liban peut compter sur la solidarité de l’Europe avec des actes concrets pour le peuple libanais », a écrit M. Michel sur Twitter en début d’après-midi. « Aux Libanais je veux dire : vous n’êtes pas seuls. L’UE est à vos côtés. Des équipes ont été mobilisées pour venir en aide », a encore déclaré M. Michel à l’issue de son entretien avec le président Aoun, faisant également état d’une aide à long terme pour la reconstruction de la capitale. Charles Michel s’est également rendu sur le site des explosions, au port de Beyrouth.
Appel de Trump à Aoun
Vendredi soir, le président Aoun avait reçu un appel de la part de son homologue américain Donald Trump, qui lui a confirmé qu’il participerait dimanche à la visioconférence internationale de donateurs. « Nous ferons une visioconférence dimanche avec le président Macron, les dirigeants du Liban et des dirigeants d’autres pays dans le monde », a tweeté le président américain. « Tout le monde veut aider ! », a-t-il ajouté, mentionnant avoir parlé de la réunion avec le président français Emmanuel Macron.
Donald Trump a réitéré l’engagement d' »un soutien continu » des États-Unis « au peuple libanais ». Il « s’est engagé à poursuivre l’aide américaine en acheminant du matériel d’urgence afin de répondre aux besoins sanitaires et humanitaires en ces temps difficiles », a déclaré pour sa part la Maison Blanche. Les Etats-Unis ont envoyé « trois grands avions » remplis de matériel médical, d’eau et de nourriture, a détaillé Donald Trump sur son compte Twitter, précisant que du personnel médical et des techniciens étaient également « en route ». Le président Aoun a remercié Donald Trump pour son soutien, lui expliquant « les circonstances de la catastrophe, le nombre des victimes et des dégâts qu’elles a occasionnés », rapporte la présidence libanaise.
Dans ce contexte, le Congrès américain a salué dans une lettre signée par plusieurs de ses membres, notamment ceux d’origine libanaise Darin LaHood et Donna Shalala, l’aide américaine d’un montant de 15 millions de dollars annoncée vendredi, mais ils ont appelé le secrétaire d’État Mike Pompeo à accorder plus de soutien au Liban.
Le président Aoun a également été contacté par le Premier ministre britannique, Boris Johnson, samedi matin. M. Johnson lui a exprimé sa solidarité et les condoléances de la reine Elizabeth II. Il a également réitéré « l’engagement du Royaume-uni de se tenir aux côtés du Liban ». M. Aoun a remercié son interlocuteur pour l’aide urgente d’un montant de cinq millions de livres sterling, octroyée par Londres.
Depuis mercredi, l’aide internationale ne cesse d’affluer et le président français Emmanuel Macron était le premier chef d’État étranger à se rendre à Beyrouth, jeudi, moins de 48h après la catastrophe.
Source : OLJ