Dans le contexte des tentatives de relance de l’accord nucléaire avec l’Iran, peu d’attention est accordée à l’ingérence de la République islamique au-delà du Moyen-Orient, notamment en Afrique, écrit Alexandre Grinberg thejc
L’enracinement du groupe chiite libanais en Afrique puise ses racines dans les liens existants entre le Hezbollah et les communautés chiites qui y sont basées. Grâce à cela, le Hezbollah a établi une base à partir de laquelle opérer au nom du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), une branche des forces armées iraniennes, et de la Force Qods, une unité d’élite du CGRI.
En République centrafricaine (RCA) par exemple, le Hezbollah opère avec l’Unité 400 de la Force Qods afin de recruter et de former des membres du groupe terroriste Saraya Zahra. Cette stratégie est le modèle à travers lequel les Iraniens visent à établir des ramifications similaires au Cameroun, au Ghana, au Niger et en République démocratique du Congo (RDC), le tout avec l’intention de saper les intérêts occidentaux et ceux des nations sunnites-arabes dans ces domaines.
Les techniques souvent utilisées est d’opérer sous une couverture de missions diplomatiques, via des postes d’attachés culturels. Des organisations iraniennes telles que l’Organisation de la culture et des relations islamiques (ICRO) sont utilisées comme façade pour les activités secrètes de la Force Qods.
Un attaché culturel dans une ambassade africaine, par exemple, a utilisé sa position pour désamorcer la propagande de l’État iranien, ainsi que sa forme spécifique d’islam chiite fondamentaliste. Le déguisement de l’attaché a été levé grâce à son soutien public au Front Polisario. Créé en 1975 en tant que groupe autoproclamé aligné sur les communistes pour l’indépendance du Sahara occidental, le Front Polisario s’est transformé en un autre mouvement corrompu, privilégiant l’enrichissement personnel au bien-être de son peuple.
Entre autres activités discutables, l’attaché culturel s’est rendu dans les camps de réfugiés algériens à Tindouf, utilisés par le Polisario comme terrain de recrutement – y compris d’enfants soldats – et comme camp d’entraînement, afin d’organiser des rencontres entre des membres du groupe et des militants du Hezbollah. Plus important encore, ils ont également coordonné le transfert des missiles sol-air SAM1, SAM9 et Strela passés des membres du CGRI au Front Polisario. En conséquence, le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran.
En raison de ces efforts, l’influence iranienne au Sahara occidental facilitée par le Hezbollah est clairement établie, des membres de haut rang du Hezbollah fournissant un soutien militaire au Polisario qui en train de passer d’un prétendu mouvement indépendantiste local à un nouveau mandataire utilisé par Téhéran pour diffuser davantage son influence, ajoutant une menace supplémentaire à la stabilité régionale.
L’Afrique joue ainsi un rôle central, bien qu’involontaire, dans la stratégie iranienne d’expansion idéologique et de déstabilisation régionale visant à nuire aux intérêts occidentaux.
La perspective de voir des régions africaines déjà instables telles que le Sahara occidental tomber sous l’emprise de Téhéran devrait être une grave préoccupation pour la communauté internationale.
Les négociations menées par les États-Unis pour relancer l’accord nucléaire qui omettent les activités régionales de l’Iran ne feraient que renforcer cette tendance inquiétante. L’enracinement de l’Iran en Afrique est une menace aiguë pour les intérêts occidentaux – en particulier pour l’Europe, qui est directement touchée par l’instabilité régionale et le chaos dû aux migrations.
Les pays qui cherchent à relancer l’accord nucléaire agiraient dans leur propre intérêt en insistant sur le fait que l’arrêt de l’ingérence régionale de l’Iran au-delà du Moyen-Orient figure sur la liste des « conditions sine qua non » pour un accord meilleur et plus long.
Alexandre Grinberg est conseiller géopolitique du groupe Reut, un groupe de réflexion non gouvernemental en Israël