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La ruée vers le GNL en Europe : volatilité du marché et commerce clandestin du gaz russe

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Les efforts déployés par l’Europe pour reconstituer ses réserves de gaz naturel liquéfié (GNL) cet été devraient créer une volatilité accrue du marché, alimentée par une disponibilité mondiale limitée.

La demande de la région a augmenté en raison d’une combinaison de facteurs, dont un hiver plus rigoureux, une production éolienne réduite et une reprise de l’activité industrielle, qui ont tous conduit à un épuisement plus rapide des stocks de gaz. Alors que les stocks de gaz de l’UE ne sont plus qu’à 39 % de leur capacité, contre 63 % un an plus tôt, le bloc est confronté à une situation énergétique précaire qui révèle sa dépendance aux importations de GNL.

La sécurité énergétique de l’Union européenne est en pleine mutation depuis que l’Union européenne a décidé de rompre ses liens avec le gazoduc russe en réponse à l’invasion de l’Ukraine par Moscou en 2022. Cette décision visait à réduire la dépendance de l’Union à l’égard de l’énergie russe et à priver le Kremlin d’une source de revenus essentielle, mais elle a également placé l’Europe dans une position de plus en plus vulnérable. Sans approvisionnement régulier par gazoduc, les pays européens se sont tournés vers les importations de GNL auprès de fournisseurs mondiaux, notamment les États-Unis, le Qatar et la Norvège.

Le marché du GNL est toutefois très concurrentiel et l’Europe n’est pas le seul acheteur. Les pays asiatiques, notamment la Chine et le Japon, se disputent les mêmes quantités limitées de GNL, ce qui fait grimper les prix. Cette concurrence, combinée aux goulets d’étranglement logistiques et aux contraintes d’approvisionnement constantes, a conduit à un marché de plus en plus volatil. Toute perturbation des chaînes d’approvisionnement en GNL, qu’elle soit due à des conditions météorologiques extrêmes, à des tensions géopolitiques ou à des déficits de production, pourrait faire grimper les prix et obliger l’Europe à se démener pour garantir un approvisionnement suffisant en gaz avant l’hiver prochain.

Malgré les sanctions de l’UE sur les combustibles fossiles russes, le GNL russe continue d’affluer en Europe . Alors que l’UE a interdit le charbon russe et considérablement réduit les importations de pétrole, le GNL russe est resté largement épargné par le cadre des sanctions du bloc. Cette échappatoire a permis aux pays européens de continuer à acheter du GNL à la Russie, bien que de manière plus discrète.

L’un des moyens de ce type est de passer par des plateformes commerciales intermédiaires. La Russie a augmenté ses exportations de GNL vers des pays comme la Chine, l’Inde et la Turquie, qui revendent à leur tour le gaz à des acheteurs européens. Ce commerce détourné permet à l’énergie russe de continuer à alimenter les économies européennes, malgré la position officielle de l’UE contre le financement des efforts de guerre de Moscou.

En outre, certaines cargaisons de GNL russe arrivent directement dans les ports européens, notamment dans des pays comme l’Espagne, la Belgique et la France. Ces pays continuent de recevoir des cargaisons de GNL du projet russe Yamal, souvent dans le cadre de contrats à long terme antérieurs à l’invasion de l’Ukraine. La réticence à rompre ces accords met en évidence la difficulté de couper complètement l’approvisionnement énergétique russe sans conséquences économiques graves.

La dépendance de l’UE au GNL a un coût financier élevé. Contrairement au gazoduc, qui fonctionne souvent sur la base de contrats à long terme avec des prix fixes, les marchés du GNL sont beaucoup plus sensibles aux fluctuations. Le prix spot du GNL peut grimper de façon spectaculaire en réponse à des chocs extérieurs, ce qui en fait une source d’énergie imprévisible et coûteuse.

Pour les consommateurs et les industries européennes, cette volatilité se traduit par des factures d’énergie plus élevées et des pénuries potentielles d’approvisionnement. Les industries qui dépendent d’un approvisionnement en gaz stable et abordable, comme l’industrie manufacturière et chimique, pourraient avoir du mal à rester compétitives face à la hausse des coûts. En outre, l’imprévisibilité des expéditions de GNL, compte tenu de leur dépendance au transport maritime, ajoute un niveau de risque supplémentaire à la sécurité énergétique de l’Europe.

Pour atténuer ces risques, l’Europe a considérablement accru ses capacités en matière d’énergies renouvelables, en augmentant ses investissements dans les projets éoliens, solaires et d’hydrogène. Toutefois, ces mesures prennent du temps à se concrétiser et les perspectives énergétiques à court terme restent fragiles.

L’UE cherche également à conclure davantage d’accords de GNL avec des fournisseurs non russes. Les États-Unis sont devenus un partenaire clé, expédiant des quantités record de GNL vers l’Europe. Cependant, les exportations américaines ne sont pas illimitées et, l’Asie lorgnant également du côté du gaz américain, la concurrence est féroce.

En outre, l’Europe cherche à améliorer ses mesures d’efficacité énergétique et à réduire sa consommation globale de gaz. Certains pays ont mis en œuvre des initiatives pour encourager une consommation énergétique plus faible, notamment des subventions pour les pompes à chaleur et l’amélioration de l’isolation des bâtiments résidentiels. Bien que ces efforts soient louables, il est peu probable qu’ils compensent entièrement le besoin structurel d’importations de gaz dans un avenir proche.

La décision de l’UE de couper l’approvisionnement en gaz russe par gazoduc a été une décision géopolitique audacieuse, mais elle a eu des conséquences inattendues, notamment une dépendance accrue aux marchés du GNL et la poursuite des importations d’énergie russe par des canaux indirects. Ce paradoxe met en évidence la complexité de la géopolitique de l’énergie, où les réalités économiques entrent souvent en conflit avec les intentions politiques.

Alors que l’Europe se prépare à un nouvel hiver avec des approvisionnements en gaz incertains, les décideurs politiques doivent trouver un équilibre entre la garantie d’une énergie abordable et le respect de leur engagement à réduire la dépendance aux combustibles fossiles russes. Le renforcement des chaînes d’approvisionnement alternatives, l’accélération de la transition vers les énergies renouvelables et la suppression des failles qui permettent au GNL russe d’entrer sur le marché constitueront des étapes cruciales vers un avenir énergétique plus résilient et indépendant pour le continent.

Pendant ce temps, la ruée vers le GNL en Europe se poursuit, et la volatilité du marché devrait persister alors que le bloc navigue dans un paysage énergétique de plus en plus précaire.

EU Briefs publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Briefs.

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