L’ex-représentant spécial de l’Organisation des Nations unies au Moyen-Orient, Lakhdar Brahimi, qualifie de «grave injustice» le veto américain contre la désignation du diplomate Ramtane Lamamra comme émissaire de l’ONU en Libye.
Dans un entretien accordé à la chaîne russe RT, ce diplomate algérien expérimenté assure que Ramtane Lamamra avait toutes les qualités pour cette mission onusienne en Libye.
«Ramtane Lamamra est une personnalité connue dans le monde, en Afrique, en Libye. Les Nations unies et l’Union africaine étaient d’accord pour lui confier cette mission. Mais voilà que les Etats-Unis mettent leur veto. C’est une grave injustice», affirme-t-il à ce média russe, non sans désolation. Lakhdar Brahimi, qui connaît bien les dédales des Nations unies, considère que les Etats-Unis ont joué un rôle négatif dans ce dossier. «L’intérêt que portent les Etats-Unis à la Libye est faible, voire dans certains cas négatif.
Ce n’est pas cela qui a fait qu’ils soient contre un envoyé spécial africain en Libye, alors que les Nations unies et l’Union africaine étaient d’accord sur cette option», ajoute-t-il, laissant entendre que les Américains ont cédé au lobbying de certains de leurs alliés dans la région qui voyaient d’un mauvais œil la nomination d’un diplomate algérien chevronné comme Ramtane Lamamra à la tête de la mission de l’ONU en Libye.
Parmi les alliés américains hostiles à un tel choix, il y a les Emirats arabes unis, l’Egypte et le Maroc qui soutiennent le maréchal Khalifa Haftar dans sa guerre contre le gouvernement de l’union nationale de Tripoli. Cela contrairement à l’Algérie qui favorise l’approche du dialogue entre toutes les fractions pour une entente nationale inter-libyenne.
Choisie par ses pairs africains et soutenue par le secrétaire général de l’ONU, la candidature de Ramtane Lamamra au poste d’émissaire des Nations unies en Libye a été refusée en août dernier par les Etats-Unis, en leur qualité de membre permanent du Conseil de sécurité. Aucun argument n’a été fourni pour justifier l’opposition américaine à cette candidature qui remplissait pourtant tous les critères nécessaires pour l’accomplissement de la mission onusienne en Libye. Ramtane Lamamra allait remplacer le Libanais Ghassan Salamé qui a démissionné le 2 mars 2020 pour «des raisons de santé». Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine de 2008 à 2013, puis ministre des Affaires étrangères de 2013 à 2017, Ramtane Lamamra est un brillant diplomate et très respecté aussi bien au niveau africain qu’international.
Lakhdar Brahimi, qui a longtemps travaillé pour l’ONU, estime que «les Africains peuvent contribuer positivement au règlement de ce conflit, si on les laisse faire». Reconnaissant la complexité de la situation en Libye, cet ancien chef de la diplomate algérienne dit voir des lueurs d’espoir et des signes qui prêtent à l’optimisme.
Interrogé sur le dossier du Sahara occidental, Lakhdar Brahimi a relevé le blocage des négociations entre les autorités marocaines et le Front Polisario qui auraient assurément conduit vers une «solution mutuellement acceptée».