Une demande visant à brûler un Coran devant l’ambassade d’Irak à Stockholm a été refusée par la police jeudi (16 février) par crainte de l’augmentation du risque terroriste, sur fond de vives tensions avec la Turquie au sujet de la candidature de la Suède à l’OTAN.
La police de Stockholm a, pour la deuxième fois consécutive, refusé un brûlage de Coran initialement prévu lundi, a rapporté jeudi SVT Nyheter.
Brûler des livres religieux n’est pas en soi interdit par les lois suédoises, mais une manifestation de cette nature nécessite l’approbation de l’administration et un permis de manifestation, en particulier devant une ambassade étrangère. C’est ce permis que la police de Stockholm a refusé jeudi.
« La décision est justifiée par le fait que la manifestation pourrait conduire à une augmentation de la menace terroriste en Suède », a précisé la chaîne de télévision.
« Globalement, le service de sécurité estime que le brûlage de Corans en lui-même a augmenté, et pourrait augmenter à l’avenir, la menace d’attaques contre la Suède et les intérêts suédois à court terme », indique la décision de la police, prise en consultation avec le service de sécurité suédois connu sous le nom de Säpo.
« Nous avons bien sûr eu un dialogue avec le Säpo avant de prendre cette décision », a déclaré Ola Österling, attaché de presse de la police de Stockholm.
Le service de sécurité suédois a averti que les menaces d’attaques contre la Suède ont augmenté depuis que le militant d’extrême droite Rasmus Paludan a brûlé un Coran devant l’ambassade de Turquie en janvier, suscitant la colère du monde musulman et amenant le président turc Recep Tayyip Erdogan à demander à la Suède de modifier ses lois pour rendre cet acte illégal.
« Les réactions après le brûlage du Coran en janvier ont été nombreuses », a écrit le service de sécurité suédois sur son site web, soulignant la « détérioration de la situation sécuritaire à l’étranger » qu’il a entraînée.
Toutefois, dans un pays qui jouit traditionnellement d’une grande liberté d’expression, l’interdiction a suscité des remous chez les partisans d’une liberté d’expression totale.
« Un pays étranger ne peut pas venir dire à un autre pays comment modifier ses lois. Surtout quand cela affaiblit leur liberté d’expression et leur liberté de réunion », a déclaré au média EURACTIV l’eurodéputée sociale-démocrate Evin Incir.
D’autres, comme le journaliste et expert en liberté d’expression Nils Funcke, ont vivement critiqué le refus de la police d’accorder une autorisation.
« Je ne pense pas qu’il suffise de faire référence à une menace générale pour la Suède pour refuser à un citoyen l’exercice de ses droits démocratiques. Si cela devient le critère de référence, il y aura moins de manifestations à l’avenir », a déclaré M. Funcke aux médias suédois.
Source : EURACTIV