Le 19 juillet, les enquêteurs ne se sont pas contentés de perquisitionner l’appartement de l’eurodéputée Marie Arena, ils ont aussi visité celui voisin de son fils Ugo Lemaire et le siège de BRC & Co, la société de vente de CBD dont il est un cofondateur. Une importante somme d’argent a été saisie chez le fils de l’élue. Rapporte Le Soir.
Une somme d’un peu plus de 280.000 euros en liquide, dont certains billets enliassés, a été découverte le 19 juillet dernier au cours d’une des six perquisitions menées chez Marie Arena et dans son entourage, a appris Le Soir de sources concordantes. Cet argent se trouvait dans l’appartement bruxellois d’Ugo Lemaire, le fils de 32 ans de Marie Arena, dans un logement attenant à celui de l’eurodéputée socialiste. Qui a d’ailleurs ouvert la porte elle-même aux officiers de la police judiciaire, avec son double des clés, en l’absence de son fils. L’origine de l’argent n’est pas encore connue, aucun lien avec le dossier Qatargate n’a pu en l’état être établi.
En novembre 2018, Ugo Lemaire avait enregistré, avec cinq associés, BRC & Co, une SPRL active dans la vente de CBD, le cannabis vidé de sa substance psychotrope, et donc légal. Toutefois, le produit de base reste le même : le chanvre.
A ce stade des investigations, la justice n’a pas ouvert de dossier distinct du Qatargate, par exemple sur des soupçons de trafic de stupéfiants et de blanchiment. Le dossier reste donc dans le giron de la juge Aurélie Dejaiffe. Comme la justice a toujours procédé dans le cadre de ce dossier, les enquêteurs vont analyser ces billets pour en relever les empreintes digitales et traces ADN. Histoire d’établir ou d’exclure de possibles concordances.
Ugo Lemaire n’était pas joignable pour réagir à ces informations, ni le jour de la perquisition ni ce mardi. Ses avocats, Mes Denis Bosquet et Maxime Nardone, n’ont pas souhaité faire le moindre commentaire.
Le pas de côté du juge Claise
Ugo Lemaire est apparu dans le dossier du Qatargate par le biais d’écoutes directes de la Sûreté de l’Etat effectuées au domicile du principal suspect dans ce dossier, Antonio Panzeri. Comme Le Soir l’a révélé précédemment, M. Panzeri se vantait d’avoir proposé d’ajouter le fils de Mme Arena à une liste de personnes pouvant recevoir des places tous frais payés pour un match de la Coupe du monde au Qatar. Interrogé sur ce point par téléphone, Ugo Lemaire avait démenti avoir reçu la moindre proposition en ce sens, et encore moins être allé au Qatar.
La création de BRC & Co est par ailleurs à l’origine du départ contraint du juge Michel Claise de la direction de l’enquête sur la corruption au Parlement européen. Même si, selon nos informations, l’ancien juge titulaire du dossier avait lui-même ordonné des vérifications sur la comptabilité de l’entreprise active dans le cannabis légal, la découverte par l’avocat de Marc Tarabella de la présence du fils d’une suspecte – Marie Arena – avec le propre fils du juge parmi les fondateurs avait forcé Michel Claise à se déporter. Nicolas Claise et Ugo Lemaire sont tous deux actionnaires de BRC & Co, selon les derniers bilans publiés au Moniteur belge, bien que le second n’en soit plus administrateur depuis décembre 2021. Le siège de la société faisait lui-même l’objet de l’une des six perquisitions effectuées le 19 juillet.
Arena « blanchie » par Panzeri
Marie Arena, quant à elle, est citée depuis le début de l’affaire du Qatargate. Dès le premier rapport déclassifié de la Sûreté transmis à la justice en juillet 2022, où elle apparaissait déjà comme suspecte des activités d’ingérence de Panzeri et consorts. Devenu « repenti » dans le cadre d’un accord passé avec le parquet fédéral, l’ancien eurodéputé italien avait toutefois tenu à blanchir, au cours de diverses auditions, son amie de toute activité illégale.
Néanmoins, un autre rapport issu des services de renseignement, déclassifié en janvier dernier, laisse planer des soupçons de cadeaux du Qatar en faveur de Marie Arena – qui nie catégoriquement. Comme Le Soir l’a écrit le 20 juillet dernier, ces cadeaux seraient constitués d’une montre de luxe, d’un collier et d’une somme d’argent. Les perquisitions à son domicile ont été tardives, mais néanmoins réalisées en juillet afin de relever des éléments informatiques.
Contactée pour réagir à la somme d’argent découverte à l’adresse d’Ugo Lemaire, l’avocate de Marie Arena n’a pas donné suite.
Source : Le Soir