Conférence de Haut niveau à Barcelone
Le racisme demeure un problème persistant dans l’Union Européenne. Les actions de l’Union Européenne favorisent l’adoption de lois et de politiques visant à lutter contre le racisme et les diverses formes de discrimination y compris le profilage racial «racial profiling».
Cet événement était organisé dans le cadre de la présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne à Barcelone du 2 au 4 novembre2023. Cette conférence de haut niveau a fait appel à un large éventail de parties prenantes. La première journée de la conférence était ouverte à tous les participants. Elle visait à partager les expériences et les meilleures pratiques couvrant les trois thèmes de l’événement. De nombreux débats ont eu lieu durant ces deux jours. Nous remercions vivement les organisateurs pour cet échange de vues qui a permis d’élaborer des pistes de recherches et des solutions afin de mettre en lumière la devise de l’Union Européenne «Unis dans la diversité».
La situation de la communauté noire dans le monde est un héritage direct de la période de l’esclavage, de la traite des Africain-es ou « traite N…ière », du colonialisme et du néocolonialisme. L’Espagne ne fait pas exception à la règle.
Toutefois, le racisme institutionnel et structurel anti-noir ne se manifeste pas seulement aux États-Unis, il existe également en Europe. Dans différentes parties du monde, nous voyons comment le racisme menace la vie des descendants d’Africain-es par des violences de tous ordres, des meurtres et, indirectement, par la pauvreté structurelle, l’exploitation du travail et le manque d’opportunités.
La seconde journée á laquelle nous avons participé a réuni des délégués gouvernementaux des États membres de l’UE, des représentants des organismes de promotion de l’égalité, des institutions nationales des droits de l’homme et des bureaux des médiateurs des 27 États membres de l’Unon Européenne.
Le podium rassemblait des députés du Parlement Européen, des représentants des institutions européennes, d’organisations de la société civile, d’organisations
internationales, ainsi que d’activistes et d’experts de la lutte contre le racisme.
La modération était assurée par Monica Semedo, députée européenne pour le
Luxembourg, Au cours des discussions, les différents représentants des pays ont présenté la situation de discriminations qui prévaut dans leur état. Il s’agissait des pays suivants : Espagne, Portugal, et la région des Acores, Belgique, Luxembourg, France.
La Décennie des personnes d’ascendance africaine 2015-2024 : Reconnaissance, Justice et Développement
Personnellement, nous avons mis l’accent sur la Décennie qui est passée presque sous silence dans la plupart des états membres de l’Union Européenne. Dans notre état membre, l’Allemagne, nous avons introduit en 2015 «Black History Weeks », dans notre ville Erlangen. La première édition a été consacrée aux 3 survivants de la période du national-socialisme qui avaient fait des témoignages émouvants. L’un d’entre eux Gert Schramm avait été incarcéré à l’âge de 14 ans au camp de Buchenwald, les 2 autres, Théodor Michael et Marie Nejar se sont vus retirer la nationalité allemande en raison de la couleur de leur peau.
En effet, la Décennie pour les personnes d’ascendance africaine proclamée par les Nations-Unies (2015-2024) tire á sa fin. Malheureusement, dans la plupart des pays européens, peu de mesures ont été mises en œuvre pour atteindre l’objectif de lutte contre le racisme anti-Noir et la discrimination envers les personnes d’origine africaine. Tout comme certains pays de l’UE n’ont toujours pas mis en œuvre le « Plan d’action contre le racisme 2025-2025» que nous avons voté en septembre 2020 au Parlement Européen.
L’Afrophobie
Sous le thème «Reconnaissance, Justice et Développement, » cette Décennie offre un cadre opérationnel pour encourager les États à éradiquer les injustices sociales héritées de l’histoire et à lutter contre le racisme, les préjugés et les discriminations raciales dont les personnes d’ascendance africaine sont encore victimes.
De- nombreuses études, comme le rapport «Own Initiative 2021/2243» ou l’étude récente de l’UE, montrent que ce groupe de population est également exposé à une forte discrimination dans le domaine de la santé, de l’accès au marché du travail et au logement, de l’éducation, des autorités de sécurité et de la justice ainsi que dans de nombreux autres domaines.
La communauté noire africaine et afro-descendante d’Europe a estimé qu’il était
nécessaire d’apporter une réponse forte à la violence historique et structurelle à l’Afrophobie, à laquelle les Afro-Européens sont soumis.
Pistes de recherches: Des solutions possibles.
Parmi les mesures que nous préconisons, l’introduction des « European Black
Studies » dans les universités européennes pourrait être un premier pas. La
connaissance de l’autre permettrait de favoriser un dialogue au sein d’une institution telle que l’université et serait le complément du travail commencé dans les écoles.
Pour cela, il est important de faire une révision des manuels scolaires concernant l’histoire commune Europe – Afrique en ce qui concerne les chapitres tragiques, telle l’esclavage, la colonisation ou la question des œuvres d’art africaines spoliées.
Revisiter l’histoire commune des deux continents pourrait contribuer à changer le discours et donner une autre image des personnes d’ascendance africaine qui
vivent en Europe. Un véritable débat avec des thèmes douloureux ou même qui
fâchent serait aussi l’occasion d’entamer un véritable dialogue avec notre voisin le plus proche, l’Afrique et donner une nouvelle dimension à des débats constructifs.
Il serait aussi important de revoir l’histoire des troupes Afro-Américaines qui ont
participé au débarquement de la Normandie. Ils ont libéré l’Europe et particulièrement l’Allemagne du joug nazi. Ils ont occupée l’Allemagne jusqu’au moment de la Réunification en 1990. Leur rôle est méconnu de la plupart des
citoyens en Europe.
Conclusion
Cet événement de deux jours, organisé par le ministère espagnol de l’égalité, l’agence européenne des droits fondamentaux (FRA), la Commission européenne, a abordé les facteurs qui sous-tendent le racisme structurel en Europe, ce que l’UE et ses États membres font pour y remédier, ainsi que la manière dont les personnes d’ascendance africaine sont représentées dans la fonction publique et dans les médias. Les participants ont plaidé pour une véritable représentation des descendants d’Africains dans les instances européennes, soulignant les questions connexes des disparités en matière d’emploi qui confinent les Afro-Européens dans des emplois précaires, mal rémunérés et ne correspondant pas souvent à leur véritable qualification. Ce manque de représentation est lié aux diverses manifestations du racisme structurel.
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana,
Députée au Parlement Européen
1 ère Vice-Présidente de la Commission «Développement»
Vice-Présidente de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE
Vice-Présidente de la Délégation avec le Parlement Panafricain
