Dimanche 13 octobre 2024, Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a exhorté les États membres de l’Union européenne à investir davantage dans le développement des technologies de défense. Les commentaires de M. Borrell, décrits dans un communiqué sur le site web du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), ont souligné la nécessité cruciale d’un engagement financier et d’une collaboration accrus au sein de l’UE pour renforcer ses capacités de défense.
Selon Borrell, les États membres de l’UE dépensent collectivement 14,4 milliards d’euros par an pour la recherche et le développement militaires, un chiffre éclipsé par les 130 milliards d’euros investis par les États-Unis dans le même secteur. Ce qui est plus inquiétant, cependant, c’est la nature fragmentée de ces investissements. « Chaque État membre fixe ses propres priorités et mène des activités distinctes », a noté M. Borrell, décrivant l’approche décousue comme inefficace et préjudiciable à la préparation globale de l’Europe en matière de défense.
Manque de coopération et fragmentation
M. Borrell a souligné que seulement 18 % des achats d’équipements de défense au sein de l’UE se font dans le cadre d’initiatives de coopération. La grande majorité des achats sont effectués au niveau national, ce qui contribue encore au manque de synergie dans les efforts de défense européens. Cette approche décentralisée, a-t-il affirmé, laisse l’industrie européenne de la défense « trop petite, trop fragmentée et manquant d’innovation ». Le manque d’investissements unifiés, en particulier dans les technologies de pointe, est une préoccupation majeure alors que le paysage géopolitique devient de plus en plus volatile.
M. Borrell a souligné que les entreprises de défense de l’UE devaient avoir un meilleur accès aux fonds européens d’innovation et collaborer plus étroitement avec les instituts de recherche et les universités. En favorisant des relations plus étroites entre l’industrie et les universités, l’UE pourrait stimuler le développement de nouvelles technologies de défense et renforcer son autonomie stratégique. En outre, la collaboration entre les entreprises de défense des États membres doit aller au-delà de la recherche et du développement et s’étendre à la production conjointe, une étape que Borrell considère comme cruciale pour créer une industrie européenne de la défense plus cohésive et plus robuste.
Renforcer la collaboration entre les secteurs public et privé
Un autre aspect clé de l’appel de Borrell était la nécessité d’une interaction renforcée entre le secteur de la défense et l’industrie privée. Il a souligné les avantages potentiels de l’exploitation de l’innovation et des progrès technologiques dans le secteur privé, en particulier dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, les drones et les capacités spatiales, qui deviennent de plus en plus vitaux pour les opérations militaires modernes.
Bien que le secteur de la défense de l’UE recèle un potentiel important, M. Borrell a souligné que la libération de ce potentiel nécessite une approche coordonnée et audacieuse. « L’Europe se trouve à un tournant critique », a-t-il déclaré, soulignant que si des initiatives telles que le Fonds européen de la défense et le pôle d’innovation pour la défense de l’UE ont progressé, il reste encore beaucoup à faire pour consolider ces acquis.
L’importance stratégique de l’innovation
Dans un paysage mondial en évolution rapide, les progrès technologiques sont devenus une caractéristique déterminante des stratégies de défense modernes. M. Borrell a souligné que l’Europe devait rester à l’avant-garde des innovations dans des domaines clés tels que l’intelligence artificielle et les capacités spatiales. Ne pas investir dans ces domaines placerait l’UE dans une situation de désavantage stratégique, d’autant plus que d’autres puissances mondiales continuent de faire des progrès substantiels dans le domaine des technologies de défense.
« Bien que nous ayons progressé dans des initiatives telles que le Fonds européen de la défense et le pôle d’innovation pour la défense de l’UE, nous devons voir plus grand et agir avec plus d’audace », a insisté M. Borrell. Il a appelé à des investissements importants dans les technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle, les drones et les capacités spatiales, qu’il a identifiées comme cruciales pour garantir que l’UE reste un acteur mondial de la défense.
Un appel à l’action
Le message de Borrell était clair : dans un monde rempli de conflits et d’instabilité, l’Europe doit repenser son approche de la défense. Ses remarques interviennent à un moment où l’UE est confrontée à des défis de sécurité accrus sur plusieurs fronts, notamment la guerre en Ukraine, l’évolution de la dynamique de la sécurité au Moyen-Orient et les tensions croissantes dans la région indo-pacifique. À mesure que l’environnement géopolitique devient plus imprévisible, la nécessité d’une capacité de défense européenne unifiée et technologiquement avancée devient de plus en plus pressante.
L’appel de M. Borrell en faveur d’investissements plus substantiels et d’une plus grande collaboration au sein du secteur de la défense de l’UE représente une impulsion stratégique visant à renforcer la position de l’Europe sur la scène mondiale. En mettant en commun leurs ressources, en coordonnant leurs efforts et en encourageant l’innovation, l’UE pourrait non seulement renforcer sa sécurité, mais aussi construire une industrie de défense plus résiliente et indépendante.