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L’Allemagne fait pression sur Bruxelles pour une plus grande flexibilité dans les dépenses de défense

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L’Allemagne est prête à demander une plus grande marge de manœuvre à l’Union européenne sur ses engagements en matière de dépenses de défense, alors que Berlin est confronté à un environnement de sécurité en évolution rapide et à une pression croissante pour renforcer ses capacités militaires.

Dans ce qui risque de préparer le terrain pour une confrontation significative au sein du bloc, les responsables du gouvernement du chancelier Friedrich Merz se préparent à demander officiellement un assouplissement des règles budgétaires imposées par l’UE, arguant que des contraintes budgétaires strictes menacent de compromettre la sécurité collective de l’Europe.

Des sources au sein du ministère allemand de la Défense ont confirmé vendredi que les discussions avec Bruxelles étaient à un « stade avancé », Berlin cherchant à obtenir l’assurance que les dépenses liées à la défense seront traitées avec plus de clémence dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance de l’UE , le cadre qui limite les déficits nationaux et les niveaux d’endettement.

Cette demande reflète l’inquiétude croissante de l’Allemagne quant à son état de préparation militaire, à un moment où l’ordre sécuritaire européen apparaît de plus en plus fragile. La guerre prolongée menée par la Russie en Ukraine, l’instabilité persistante dans les Balkans occidentaux et les menaces émergentes liées à la cyberguerre ont déclenché ce que les responsables berlinois qualifient de « réévaluation fondamentale » des priorités de défense nationale.

« Nous ne pouvons pas construire de défenses crédibles si nous sommes entravés par l’orthodoxie budgétaire », a déclaré un haut responsable du gouvernement.  « Les menaces sont réelles, elles s’amplifient, et l’Allemagne est déterminée à y faire face avec une posture de défense à la hauteur de la gravité de la situation. »

Un réveil militaire attendu depuis longtemps

L’establishment militaire allemand, longtemps critiqué pour son sous-investissement et ses lacunes opérationnelles, s’est retrouvé sous les projecteurs depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Malgré l’annonce historique du chancelier Olaf Scholz d’un fonds de défense de 100 milliards d’euros cette année-là, la Bundeswehr reste en proie à des pénuries d’équipement, à des difficultés de recrutement et à des infrastructures obsolètes.

Les experts de la défense avertissent que sans une augmentation soutenue des dépenses annuelles – bien au-delà de la référence conventionnelle de 2 % du PIB de l’OTAN – l’Allemagne ne parviendra pas à atteindre ses ambitieux objectifs de réarmement.

Pourtant, la voie vers une augmentation des budgets militaires est semée d’embûches. Le frein constitutionnel à l’endettement allemand, inscrit dans la loi depuis 2009, limite fortement les nouveaux emprunts. Parallèlement, le Pacte de stabilité et de croissance de Bruxelles exige que les déficits restent inférieurs à 3 % du PIB et la dette publique à 60 % – un défi de taille pour la première économie de l’UE, déjà soumise à d’importantes obligations budgétaires liées aux dépenses liées à la pandémie.

C’est au sein de ce corset financier serré que Berlin cherche désormais un espace de respiration.

Bruxelles face à un dilemme

La poussée allemande place la Commission européenne dans une position politiquement sensible. D’un côté, les dirigeants de l’UE ont souligné à plusieurs reprises la nécessité d’une plus grande autonomie stratégique et d’une défense collective. De l’autre, de nombreux États membres restent réticents à assouplir la discipline budgétaire, notamment dans le contexte des pressions inflationnistes et des inquiétudes liées à la dette dans l’ensemble de l’Union.

Le Premier ministre italien Giorgia Meloni et le Premier ministre néerlandais  Dick Schoof  font partie de ceux qui, en privé, soutiendraient l’appel de Berlin en faveur d’une « exception de défense » — un mécanisme qui exempterait certains investissements militaires des calculs de déficit.

Toutefois, les États frugaux du Nord, dont la Suède et le Danemark, ont exprimé des réserves, craignant que de telles exceptions n’ouvrent la voie à un laxisme budgétaire plus large.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, elle-même ancienne ministre allemande de la Défense, a jusqu’ici agi avec prudence. S’exprimant plus tôt cette semaine à Bruxelles, elle a reconnu la « nature unique des dépenses de défense » et a promis d’envisager une « flexibilité ciblée » dans le cadre budgétaire existant.

« Nous reconnaissons que l’Europe doit être capable de se défendre et que des investissements appropriés sont nécessaires », a-t-elle déclaré. « Mais la responsabilité budgétaire reste le fondement de notre puissance économique. »

Une proposition formelle sur la manière dont les dépenses de défense seront traitées devrait être publiée avant les vacances d’été.

Des batailles nationales à venir

Sur le plan national, Merz est confronté à un exercice d’équilibre tout aussi délicat. Son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), soutient largement l’augmentation des dépenses de défense, la considérant comme essentielle au rétablissement de la crédibilité de l’Allemagne sur la scène internationale. Mais au sein de la coalition, les Verts et les Démocrates libéraux ont exprimé des inquiétudes quant à la viabilité de la dette et au risque d’inflation du secteur de la défense.

L’opinion publique est également divisée. Si un récent sondage du Spiegel a montré un soutien majoritaire au renforcement de l’armée, une profonde aversion persiste chez les Allemands pour tout ce qui relève du militarisme ou d’un réarmement agressif.

Les critiques avertissent que, si elle n’est pas gérée avec soin, la politique de défense pourrait aliéner les jeunes électeurs et raviver de vieilles craintes quant au rôle historique de l’Allemagne en Europe.

Pour l’instant, l’urgence de la situation internationale semble toutefois susciter un consensus – du moins parmi les décideurs politiques – selon lequel l’Allemagne ne peut plus se permettre de faire preuve de prudence.

« Nous vivons à l’ère du hard power », a déclaré sans détour une source du ministère de la Défense. « Si l’Allemagne veut façonner l’avenir de l’Europe, elle doit être prête à la défendre – et cela commence par un investissement sérieux dans sa propre sécurité. »

EU Briefs publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Briefs.

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