Légende photo : Des manifestants rassemblés le 5 janvier 2020 devant le domicile du Premier ministre désigné Hassane Diab, à Beyrouth. Photo Luca Mouzannar
Les noms de personnalités évoquées jusqu’à présent pour faire partie du gouvernement « sont juste une forme de test pour voir si le peuple les accepte », selon un manifestant
Quelque 200 manifestants se sont rassemblés sous la pluie dimanche après-midi devant le domicile du Premier ministre désigné Hassane Diab à Tallet el-Khayat, le conspuant et réclamant un véritable gouvernement de technocrates.
Brandissant une banderole proclamant « Tous, sans exception, Hassane Diab fait partie d’entre eux », les manifestants qui s’abritaient sous leurs parapluies ont copieusement insulté le Premier ministre désigné qui œuvre à former un gouvernement, le traitant de « menteur ».
« Diab dehors », « Diab démissionne! », criaient les manifestants, selon notre correspondant sur place Luca Mouzannar. « Nous refusons Diab parce qu’il est corrompu », affirme Khaled, un manifestant, estimant que les noms de personnalités évoquées jusqu’à présent pour faire partie du gouvernement Diab « sont juste une forme de test pour voir si le peuple les accepte ».
« Nous rejetons Hassane Diab, nous voulons un gouvernement propre et indépendant qui arrête la corruption et les vols, et qui puisse récupérer les fonds volés. Diab ne pourra sûrement pas faire tout cela », dit de son côté une autre manifestante, Sofia.
« S’ils ne veulent pas nommer des gens représentant la révolution, qu’ils choisissent au moins des personnalités neutres, des technocrates », déclare pour sa part Mohammed, critiquant le fait que certains partis politiques s’immiscent dans le processus de nomination des membres du nouveau gouvernement.
Plusieurs manifestants se sont ensuite
dirigés en soirée vers le centre-ville de Beyrouth pour se rassembler
devant l’une des entrées du Parlement, située rue Weygand.
Depuis plus de deux mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d’incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 21 décembre, à l’issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné l’ex-ministre Hassane Diab, appuyé par les partis du 8-Mars, au poste de Premier ministre. Ce dernier a promis la formation d’un gouvernement de technocrates indépendants, comme le réclament les manifestants. Ces derniers rejettent toutefois la nomination de M. Diab, qu’ils estiment issu de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ.
Selon plusieurs responsables et observateurs, la naissance du gouvernement Diab pourrait intervenir dans les prochains jours. « Nous sommes sur le point d’annoncer la naissance du cabinet », a déclaré dans la soirée le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, proche conseiller du président du Parlement et leader dru mouvement Amal, Nabih Berry.
OLJ