Le Premier ministre italien Mario Draghi, appelé à la rescousse pour sortir son pays de la crise sanitaire et économique, a détaillé mercredi au Parlement les grandes lignes de son programme pour répondre aux nombreux défis qui l’attendent.
Voici les principaux chantiers auxquels devra s’atteler “Super Mario”, l’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) surnommé ainsi pour avoir contribué en 2012 à sauver la zone euro, empêtrée dans une crise de la dette.
La troisième économie de la zone est à genoux, ravagée par l’impact de la pandémie, et a subi en 2020 l’une des pires chutes du PIB de la zone euro, avec un plongeon de 8,9%.
“Comme les gouvernements de l’immédiat après-guerre, nous avons la responsabilité de lancer une Nouvelle Reconstruction”, a déclaré M. Draghi mercredi lors de la présentation de son programme au Parlement.
Au fil des années, l’Italie a accumulé une dette colossale de près de 2.600 milliards d’euros, soit 158% du PIB fin 2020, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.
Pour relancer la croissance et réduire ainsi la dette, le gouvernement compte sur un plan de plus de près de 210 milliards d’euros financé par l’Union européenne, dont il doit impérativement présenter les grandes lignes à Bruxelles d’ici fin avril.
Au nombre de ses priorités figurent l’innovation, l’environnement, le tourisme vert, la recherche scientifique, la formation des jeunes, la santé.
M. Draghi va mettre sur le métier plusieurs réformes – fiscalité, fonction publique, justice – en les axant sur la simplification et la numérisation.
L’Italie est l’un des pays les plus touchés en Europe par la pandémie de Covid-19, avec plus de 92.000 morts pour plus de 2,6 millions de cas.
La campagne de vaccination, lancée en grande pompe fin décembre, a subi de très forts ralentissements en Italie en raison de livraisons réduites de vaccins.
Devant le Sénat mercredi, M. Draghi a appelé à “combattre la pandémie par tous les moyens” et à accélérer le plan de vaccination. “Notre premier défi est d’obtenir des quantités suffisantes de vaccins et de les distribuer rapidement et efficacement”, a-t-il dit.
Selon des chiffres du ministère de la Santé mis à jour mercredi, moins de 1,3 million de personnes, sur une population de 60 millions, ont été vaccinées.
La crise a mis en lumière les carences du système italien de santé. M. Draghi souhaite notamment doper les services de proximité dans les territoires, lesquels affichent de grandes disparités, et développer la télémédecine.
Le soutien politique large dont bénéficie Mario Draghi pourrait se révéler à terme sa principale faiblesse.
Allant de la gauche à l’extrême droite eurosceptique de la Ligue de Matteo Salvini, cette majorité aura de grandes difficultés à rester soudée sur le long terme, estiment les analystes, même si dans l’immédiat Mario Draghi n’a rien à craindre du fait de la grande popularité dans l’opinion publique italienne qui le voit comme le sauveur de la nation.
“L’unité n’est pas une option, l’unité est un devoir”, a-t-il lancé mercredi au parlement.
Selon un sondage publié début février dans le quotidien La Stampa, deux Italiens sur trois ont confiance en Mario Draghi et son futur gouvernement.