Les citoyens marocains ont décidé que les islamistes n’ajoutaient aucune valeur au pays. ainsi ont manifesté leur envie de s’engager dans la modernisation du royaume et mettre hors de nuire le PJD (Parti de la Justice et du Développement), au pouvoir depuis dix ans. Rapporte The Jérusalem Post
En Egypte, il a fallu une contre-révolution populaire et l’intervention de l’armée contre le gouvernement islamiste pour les chasser.
En Tunisie, le président a dû intervenir le 25 juillet pour geler le parlement, contrôlé par le parti Ennahda, et dissoudre le gouvernement.
Au Maroc, la tâche a été laissée au processus démocratique. Les islamistes sont arrivés aux urnes et leur droit de diriger un gouvernement est inscrit dans la constitution. Ils avaient deux législatures, mais, faute de majorité absolue, ils devaient gouverner en alliance avec d’autres partis.
C’est aux citoyens de décider s’ils peuvent continuer ou partir. Ils ont décidé que les islamistes n’ajoutaient pas de valeur au pays et aux citoyens. On leur reproche de prendre des décisions impopulaires et d’être arrogants. C’est d’ailleurs un trait commun à tous les islamistes.
En pleine crise pandémique, le Maroc a organisé trois élections en même temps, législatives, régionales et municipales. Le processus démocratique ne doit pas être modifié et ce choix s’est avéré pertinent. Le taux de participation a atteint 50,35% (42% en 2016), et était encore plus élevé dans les provinces du sud, où il était supérieur à 60%.
L’enjeu de ces élections était de la plus haute importance. Le gouvernement était dirigé par une coalition dirigée par des islamistes du Parti de la justice et du développement, qui disposait de 125 sièges dans la première chambre du parlement. Son arrivée dans les affaires remonte à 2011, au plus fort du mouvement appelé printemps arabe. Bien qu’il n’ait ni initié ni participé à la préparation de ce mouvement, le PJD a surfé sur cette vague pour se proposer comme le « sauveur » du pays, la seule alternative possible. C’est un argument qui sera répété lors des deux mandats du parti à la tête du gouvernement.
Cependant, à en juger par les résultats, les électeurs n’ont pas utilisé ce critère lors de l’élection du 8 septembre. D’où la sanction très sévère infligée au parti. Il n’a obtenu que 12 députés. Même le secrétaire général, qui est le chef du gouvernement, n’a pas pu conserver son siège. Ses ministres non plus.
Le parti qui est sorti vainqueur de ces élections est le Rassemblement national des indépendants (RNI, centriste) dirigé par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et du Développement rural du gouvernement actuel. Son parti a remporté 97 sièges. Il est suivi du Parti Authenticité et Modernité (82) et du Parti Istiqlal (78). L’Union socialiste des forces populaires socialistes arrive loin derrière avec 35 sièges. Ce sont les parties les plus importantes ; les autres sièges sont répartis entre plusieurs autres formations.
La configuration du parlement est ainsi complètement modifiée. Le PJD, le parti qui domine la Chambre des représentants depuis 2011, devient le huitième parti par sa taille.
Si la majorité simple à la Chambre des représentants requiert 198 députés, une majorité confortable est néanmoins considérée comme comprise entre 210 et 220 députés. Cela laisse une grande marge de manœuvre au RNI, étant donné que selon la constitution, il lui appartient de constituer le futur gouvernement.
Les résultats de ces élections sont dus, entre autres, à la mobilisation des jeunes. La majeure partie de la campagne électorale s’est déroulée sur les réseaux sociaux, ce qui indique un changement radical dans la façon de faire de la politique. Les jeunes n’adhéraient pas au discours du PJD, centré sur des considérations morales, que ces mêmes islamistes ne respectaient pas. Plusieurs cas d’immoralité ou de détournement de fonds publics ont discrédité le parti.
Les préoccupations des jeunes portaient sur l’emploi, la santé, l’enseignement public et les opportunités économiques, et ils n’avaient rien vu venir depuis 10 ans. En revanche, ils ont pu observer le travail mené par les ministres du RNI (commerce, industrie, nouvelles technologies et finances), qui ont été les premiers au front contre la pandémie et ses effets économiques et sociaux.
Côté organisation, les observateurs marocains et étrangers ont été unanimes pour dire que le scrutin s’est déroulé dans des conditions normales.
En effet, peu après la fermeture des bureaux de vote, l’ambassade des Etats-Unis à Rabat a exprimé ses félicitations pour le succès du triple scrutin.
« L’ambassade des États-Unis félicite le Royaume du Maroc d’avoir organisé avec succès des élections aujourd’hui. Notre engagement commun envers les processus démocratiques renforce notre partenariat de 200 ans« , a écrit la représentation sur son compte Twitter.
De son côté M Josep Borrell Fontelles, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a salué la méthode et l’efficacité marocaine de mettre en place un chef de gouvernement.
« je salue la nomination rapide du premier ministre désigne M. Akhannouch. L’UE a déjà beaucoup travaillé avec M. Akhannouch dans ses fonctions précédentes et se rejouit dans la perspective de pouvoir continuer à renforcer son partenariat avec le Maroc« . a déclaré le Haut représentant via son twitter.