Le roi Albert II a confirmé que les résultats ADN montraient qu’il était bel et bien le père biologique de Delphine Boël.
Selon un communiqué des avocats du Roi Albert II : « Sa Majesté le Roi Albert II a pris connaissance des résultats du prélèvement ADN auquel Il s’est prêté à la demande de la cour d’appel de Bruxelles. Les conclusions scientifiques indiquent qu’Il est le père biologique de Madame Delphine Boël.
Même s’il existe des arguments et des objections juridiques pour justifier le fait qu’une paternité légale n’est pas nécessairement le reflet d’une paternité biologique et que la procédure adoptée Lui paraît contestable, le Roi Albert a décidé de ne pas les soulever et de mettre un terme dans l’honneur et la dignité à cette procédure pénible.
Le Roi Albert tient à faire observer que, depuis la naissance de Madame Delphine Boël, Il n’a été mêlé à aucune décision familiale, sociale ou éducative quelconque relative à Madame Delphine Boël et qu’Il a toujours respecté le lien qui existait entre Madame Delphine Boël et son père légal.
Plus de quarante ans plus tard, Madame Delphine Boël a décidé de mettre fin à son lien légal et socio-affectif avec son père et de changer de famille. Et cela au travers d’une procédure longue, douloureuse et qui s’est révélée judiciairement contradictoire.
Cette procédure n’a pas respecté la vie privée des parties. Respectueux des institutions judiciaires, le Roi Albert s’est abstenu pour Sa part d’intervenir dans les débats hors des prétoires. Voilà pourquoi, Il a décidé de réagir et d’expliquer sa position dans cette affaire ».
20 ans de « saga » Delphine Boël
L’affaire avait commencé en octobre 1999 avec la publication d’un livre sur la Reine Paola, « Paola van la’dolce vita’ tot koningin », sous la plume du journalisme flamand Mario Danneels ; l’auteur y faisait allusion à une relation extra-conjugale du prince Albert dans les années 60. Et de révéler que de cette liaison (entre 1966 et 1984, apprendra-t-on plus tard) était née une fille. À l’annonce de la nouvelle, Paola aurait à l’époque demandé le divorce mais la « raison d’Etat » avait été la plus forte. Le couple s’était ensuite ressoudé, uni face aux médias. Uni dans l’absence de commentaires surtout. Hormis cette allusion du roi à des problèmes conjugaux lors du discours de Noël 1999 : « La Reine et moi, nous nous sommes remémoré des périodes très heureuses, mais aussi la crise que notre couple a traversée il y a plus de 30 ans ». Il n’admettait cependant pas être le père biologique de Delphine B.
Delphine Boël, une artiste, née à Uccle le 22 février 1968, fille de la baronne Sybille de Sélys Longchamps et jusque récemment (2018) officiellement de Jacques Boël, administrateur bien connu de sociétés. C’est en 2013 qu’elle a enclenché les procédures judiciaires visant à faire reconnaître officiellement sa vraie filiation, saisissant la justice pour obtenir un test ADN. Longtemps refusé par le Roi et ses conseils. Avec la difficulté de devoir d’abord obtenir le retrait du nom de son père « tuteur légal » Jacques Boël, avant de pouvoir rechercher et identifier un père biologique. 1ère audience de toute l’affaire en février 2017. La demande de contestation de paternité vis-à-vis de Jacques Boël a été estimée recevable mais non fondée en première instance ; Delphine Boël avait fait appel de ce jugement. Jacques Boël n’avait pas contesté l’action en désaveu de paternité. Il s’était livré à un test ADN qui avait révélé qu’il n’est effectivement pas le père biologique de Delphine. Alors que le tribunal de première instance avait estimé en mars 2017 que Jacques Boël était le père légal de Delphine, compte tenu du fait qu’ils s’étaient comportés comme père et fille pendant des années, la cour d’appel avait pris le contrepied de ce jugement en estimant qu’il ne l’était pas.
Le 25 octobre 2018, l’arrêt de la cour d’appel de Bruxelles ordonne au roi Albert II de se soumettre à un test ADN dans les 3 mois. Le Roi refuse le test ADN et se pourvoit en cassation contre ce jugement le 1er février 2019. Finalement, le Roi se soumettra au test ADN le 28 mai 2019, suite à la décision de la Cour. Les résultats de ce test étaient confidentiels tant pour le Roi que pour la Cour qui a ordonné cette mesure. Mais voilà, le 13 décembre, la Cour de Cassation rejetait les derniers pourvois d’Albert II contre deux décisions de la cour d’appel de Bruxelles. Plus rien ne s’opposait donc à la communication des résultats des tests aux parties. Albert II, 85 ans désormais, a choisi de prendre les devants en annonçant lui-même le « verdict ».
Et maintenant ?
Reste à la Cour d’appel à entériner ces résultats et à se prononcer sur la recevabilité de la demande de reconnaissance de paternité, déposée par Delphine Boël il y a longtemps déjà… Rappelons que même si elle est reconnue, Delphine Boël ne pourra pas recevoir d’argent de l’Etat, entrer dans l’ordre de succession, ou occuper une fonction officielle. Elle pourrait, en revanche, bénéficier d’une partie de l’héritage de son père.
Fabien Van Eeckhaut