L’entraîneur d’athlétisme Alberto Salazar, déjà suspendu quatre ans pour « incitation » au dopage, pourrait également être écarté à vie de toute fonction auprès des athlètes, après des accusations d’abus et de discriminations.
Salazar a été placé sur une liste de personnes bannies à titre provisoire par l’US Center for SafeSport, l’organisme indépendant créé en 2017 pour lutter contre les situations abusives dans le sport américain. Cette mesure s’accompagne d’une « injonction d’éloignement », ajoute l’instance sur son site internet. Elle pourrait conduire à une exclusion à vie de toute fonction d’encadrement auprès des athlètes.
Cette décision intervient trois mois après le témoignage de l’ex-prodige du demi-fond Mary Cain qui avait révélé au New York Times avoir « émotionnellement et physiquement abusé » alors qu’elle s’entraînait sous l’égide de Salazar dans le cadre du groupe d’entraînement, Nike Oregon Project, aujourd’hui démantelé. La jeune femme a notamment fait état de pressions pour perdre du poids, qui avait entraîné chez elle une aménorrhée pendant plus de trois ans, la fracture de cinq os en raison d’une ostéoporose et des pensées suicidaires. Salazar a réfuté ces accusations, reconnaissant cependant avoir eu un langage « dur » envers plusieurs athlètes.
L’US Center for Safe Sport, qui lutte principalement contre les abus sexuels dans le sport mais peut aussi traiter de cas de violences émotionnelles, n’a pas souhaité préciser si sa décision concernant Salazar était ou pas liée à cette affaire.
« SafeSport ne fait pas de commentaires sur les affaires qu’elle traite afin de protéger ses enquêtes en cours et l’intégrité des personnes impliquées, notamment les victimes potentielles », indique l’instance.
Salazar, ancien entraîneur entre autres de Mo Farah, quadruple champion olympique et sextuple champion du monde (5.000 et 10.000 m), a déjà été suspendu pour une durée de quatre ans par l’antidopage américain. Il est notamment accusé de trafic de testostérone. L’entraîneur a fait appel de cette décision auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS).
AFP