La commission Développement DEVE du Parlement Européen a organisé une visite de travail à Lusaka en Zambie.
« J’étais la cheffe de la délégation, en tant que 1ère vice-présidente de cette commission. J’étais accompagnée de mes collègues, les députés Mr György Hölvényi de Hongrie, de Mr. Udo Bullmann d’Allemagne et de Mr. Carlos Zorrinho du Portugal. »
Ce fut la première mission de la « Team Europe » menée conjointement avec la Commissaire aux partenariats internationaux, Madame Jutta Urpilainen.
L’objectif de notre mission était de constater de visu la situation politique du pays, suite aux élections de septembre 2022 et au nouveau processus démocratique que le Président a entamé.
Nouvelles orientations politiques
Parmi ses grandes réformes, la lutte contre la corruption demeure le point fort de la nouvelle orientation politique. Les programmes sont axés sur l’amélioration des systèmes d’éducation et de santé de la Zambie, l’augmentation de la production d’énergie verte et le renforcement de la sécurité alimentaire.
L’entrevue prévue avec le président eu lieu à huit clos au cours duquel le président nous a informées, la Commissaire et la cheffe de la délégation de sa mission de paix en Ukraine et en Russie. Cette mission de paix initiée par 7 chefs d’Etat Africains avait eu lieu quelques jours auparavant.
La Zambie est le deuxième producteur africain de cuivre et dépend de son exploitation minière pour plus de 70 % de ses exportations et environ 30 % de son revenu national. Malgré un taux de croissance initial impressionnant au cours de la dernière décennie, la Zambie s’est dégradée, passant du statut de pays à faible revenu intermédiaire (PRFI) en 2011 à celui de pays à faible revenu (PFR) jusqu’à 2022.
La Zambie est un partenaire sûr, qui a soutenu l’UE lors des deux résolutions de l’ONU condamnant l’invasion russe de l’Ukraine. Les pays africains sont directement touchés par la guerre en cours depuis février 2022, car beaucoup dépendent de l’approvisionnement en céréales et en engrais en provenance d’Ukraine et de Russie pour nourrir leur population. Toute augmentation des prix des denrées alimentaires de base a un impact particulièrement négatif sur les populations africaines.
Jutta Urpilainen, commissaire aux Partenariats internationaux, a annoncé à Lusaka la reprise de l’aide budgétaire à la Zambie et le lancement de trois programmes « Global Gateway » d’un montant de 110 millions d’euros, lors de la conférence de presse en présence du chef de l’Etat et de son ministre des Finances et de la Planification nationale.
Les programmes sont axés sur l’amélioration des systèmes d’éducation et de santé de la Zambie, l’augmentation de la production d’énergie verte et le renforcement de la sécurité alimentaire. La commissaire Urpilainen et le ministre des Finances Musokotwane ont également annoncé l’intention d’entamer des négociations en vue d’un accord de partenariat stratégique sur les chaînes de valeur durables des matières premières critiques.
Nous avons eu le plaisir de rencontrer des membres du secteur privé local dans le domaine de l’agriculture. Leur objectif était de développer l’agro-business en vue d’exporter leurs produits en Europe. Considérant que la malnutrition représente un défi important à relever, la Zambie envisage de réorienter sa politique agricole de manière à nourrir en priorité la population. Les fermes bio organiques que nous avons visitées témoignent de cette nouvelle orientation. C’est un projet financé par l’UE.
Nous avons également pu poser des questions : Comment compte la Zambie établir, des marchés régionaux avec les pays voisins? Dans quelle mesure la Zambie développe-t-elle l’agriculture biologique dans le pays? Utilise-t-elle des cultures génétiquement modifiées pour le maïs ou le soja ? Comment envisage la Zambie de concilier la demande concurrentielle d’eau pour le développement de l’agriculture et de l’exploitation minière ?
Politique migratoire
La Zambie accueille actuellement environ 76 000 réfugiés et demandeurs d’asile, dont plus de 18 000 requérants résident dans le camp de réfugiés de Mantapala. La plupart de ces personnes (80%) sont des femmes et des enfants originaires de la République démocratique du Congo (RDC) et ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre.
C’est pourquoi le Programme Alimentaire mondial travaille en Zambie avec le secteur privé pour créer des aliments denses et nutritifs qui sont abordables pour la population locale. Les programmes se concentrent en particulier sur les femmes enceintes, celles qui allaitent et les jeunes filles vulnérables, ainsi que sur un programme de repas scolaires pour les enfants.
La Zambie dispose d’un excédent alimentaire. La production alimentaire dépassent régulièrement les besoins nationaux. Toutefois, le manque de diversification des cultures limite l’accès des populations à des aliments nutritifs en quantité suffisante. Pour y remédier, le PAM et l’UE s’associe aux petits exploitants agricoles pour promouvoir des chaînes de valeur sensibles à la nutrition.
Programmes de réformes
Le pays a connu une transition pacifique vers la démocratie sous la direction du président Hichilema, qui semble déterminé à lutter contre la corruption et à mettre en œuvre des réformes indispensables.
Lors de l’entrevue avec le président, ce dernier a remercié le Parlement européen pour la résolution de 2017 qui a contribué à sa libération de prison. Nous lui avons rappelé son discours en plénière à Strasbourg il y a exactement un an. Il a expliqué en détail son programme de réformes, notamment la nécessité d’augmenter les recettes, de mieux cibler les dépenses publiques et d’attirer les investissements internationaux dans des secteurs clés tels que la numérisation et l’agriculture.
Les programmes sont axés sur l’amélioration des systèmes d’éducation et de santé de la Zambie, l’augmentation de la production d’énergie verte et le renforcement de la sécurité alimentaire, l’exploitation des ressources minières critiques, dans un esprit de saine
L’enseignement
Le président Hichilema a introduit la gratuité de l’enseignement pour tous dans le primaire et le secondaire et a recruté plus de 30 000 enseignants. Bien que de nombreux défis subsistent, notamment en ce qui concerne la qualité de l’éducation et le manque d’infrastructures, les députés ont pu exprimer le soutien du Parlement Européen à cet égard.
Toutefois, la Zambie a également l’un des niveaux d’inégalité de revenus les plus élevés au monde ce qui impacte sur l’éducation des enfants. de manière disproportionnée, bien que des mesures importantes aient été prises en 2022 pour y remédier. Ces derniers doivent être assurés de bonnes conditions de vie afin d’étudier correctement.
Restructuration de la dette
La mission des députés du Parlement Européen en Zambie est arrivée à point nommé puisqu’elle a coïncidé avec un accord sur la restructuration de la dette avec les différents créanciers, y compris la Chine qui est redevable d’un tiers des 18 milliards de dollars de dette. Une série de réunions a eu lieu entre les députés européens sur cette question avec le FMI, la Banque africaine de développement et le ministre des Finances. Les députés zambiens ont exprimé leurs préoccupations sur la façon d’attirer davantage d’investissements, le manque d’espace fiscal et le besoin d’une main-d’œuvre qualifiée.
Nous avons participé, avec nos collègues-députés et les membres du gouvernement zambien à la signature d’accords de développement entre l’Union Européenne et la Zambie dans le domaine de l’éducation, de la santé et de l’économie verte, soit une enveloppe de 60 Millions d’Euros.
Conclusion
Dans le domaine de l’éducation nous avons visité une école pour des enfants vivant avec un handicap. Leur prestation impressionnante est un signe d’espoir pour la jeunesse zambienne.
La Zambie est entrain de mettre en place une stratégie afin d’accélérer le processus démocratique.
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana,
Députée au Parlement Européen
1 ère Vice-Présidente de la Commission «Développement»
Vice-Présidente de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE
Vice-Présidente de la Délégation avec le Parlement Panafricain