Ce lundi matin 9 mars débute en banlieue d’Amsterdam le procès du vol MH17. Le Boeing de la compagnie Malaysia Airlines avait été abattu à l’été 2014 au-dessus de l’est de l’Ukraine en guerre. Trois Russes et un Ukrainien seront jugés, vraisemblablement par contumace. Un tiers des 289 victimes étaient néerlandaises.
Il est très peu probable de voir arriver, ici, les quatre hommes, la Russie et l’Ukraine n’extradant pas leurs ressortissants poursuivis à l’étranger. Ils seront donc jugés par contumace. Ils risquent des peines pouvant aller de 30 ans de prison à la perpétuité. Le parquet néerlandais les soupçonne d’avoir convoyé le système BUK dont l’un des missiles a atteint l’avion. Les enquêteurs internationaux ont établi que l’avion avait été abattu par un missile provenant de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk dans le sud-ouest.
Au moment du drame, les quatre suspects occupaient des postes clés au sein de la rébellion prorusse dans le Donbass. Le plus médiatique est Igor Guirkine, 49 ans, qui était « ministre de la Défense » de la République populaire autoproclamée de Donestsk. Il a été démis de ses fonctions et est rentré à Moscou, un mois après le crash.
Un homme sera quand même représenté par des avocats : Oleg Poulatov, 53 ans, ancien officier des forces armées russes, bras droit du chef du renseignement miliaire des séparatistes.
Ce procès hors normes se tient au complexe judiciaire hautement sécurisé de Schiphol, tout près des pistes de l’aéroport d’Amsterdam d’où le Boeing de la Malaysia Airlines avait décollé le 17 juillet 2014.
Des centaines de membres des familles des victimes sont attendues et plus de 400 médias du monde entier ont été accrédités. Cette première phase d’audiences doit durer deux semaines, mais le procès pourrait s’étaler sur une voire plusieurs années.
Les familles des victimes manifestent à La Haye
Près de six ans après les faits, les familles de victimes attendent beaucoup de ce procès. À la veille de l’ouverture des audiences, certaines d’entre elles ont participé à une manifestation.
Pour l’occasion, 298 chaises blanches vides ont été installées en rangées sur la pelouse qui fait face à l’ambassade de Russie à La Haye. Hans de Borst dont la fille de 17 ans a été tuée a pris part à cette manifestation silencieuse. « Les suspects sont russes, rappelle-t-il. Depuis le premier jour, le gouvernement russe empêche la recherche de la vérité. Je peux comprendre pourquoi, parce qu’à partir du moment où il admet qu’il est impliqué dans cette catastrophe, il doit aussi admettre qu’il prend part à la guerre dans l’est de l’Ukraine, ce qu’il nie ».
La guerre en Ukraine, Robby Oehlers l’a vue de près. Ce musicien néerlandais a décidé, quelques mois après la tragédie, de se rendre dans le Donbass pour tenter de retrouver des restes ou des effets de sa cousine de 23 ans. L’attitude de la Russie, qui met régulièrement en doute les conclusions des enquêteurs internationaux et qui sort régulièrement des versions fantaisistes, l’irrite au plus haut point.
« Je trouve ça frustrant que la Russie, après toutes ces années, continue de dire, ça n’est pas nous, déclare-t-il. D’abord, ils nous ont parlé d’un chasseur ukrainien, après d’un missile ukrainien, à chaque fois ils ont une nouvelle version. Ils ont même montré une photo trafiquée d’un avion de combat en train de tirer sur un avion. Ils ont utilisé Photoshop. C’est honteux ». Les familles de victimes néerlandaises sont persuadées que les autorités russes connaissent la vérité, mais la bloquent volontairement.
RFI