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Macron et Draghi appellent à l’unité européenne alors que la menace tarifaire de Trump se profile

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Les dirigeants européens Emmanuel Macron et Mario Draghi ont souligné l’urgence pour l’Europe de s’unir en réponse à la politique commerciale du président élu des États-Unis, Donald Trump. S’exprimant au Collège de France, Macron et Draghi ont exprimé des inquiétudes communes concernant les plans de Trump pour des tarifs douaniers généralisés, qui, selon eux, pourraient conduire l’Europe dans une période turbulente de conflit commercial avec les États-Unis et la Chine.

Trump a proposé des droits de douane de 10 à 20 % sur toutes les importations, avec des droits de douane plus sévères de 60 % visant les marchandises en provenance de Chine. Cette approche, a fait valoir Macron, est susceptible de diviser l’Union européenne, d’autant plus que certains pays peuvent donner la priorité aux liens commerciaux avec les États-Unis ou la Chine. « Nous entrons clairement dans un monde de guerres tarifaires », a fait remarquer Macron, soulignant la nécessité de « politiques commerciales défensives » qui protègent les intérêts économiques de l’Europe.

Un appel à l’autonomie européenne

Macron et Draghi ont tous deux plaidé pour une Europe plus forte et plus autonome. Ils ont exhorté Bruxelles à renforcer les investissements stratégiques et à réduire sa dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. Mario Draghi, auteur d’un récent rapport sur la compétitivité européenne, a souligné que sans action décisive, l’Europe risque ce qu’il a appelé une « lente agonie ». Il a averti : « Si l’Europe ne change pas, elle pourrait être confrontée à un déclin économique prolongé. »

Pour Macron, le protectionnisme de Trump reflète une tendance croissante où les puissances mondiales, notamment les États-Unis et la Chine, ne respectent pas les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon lui, cela ne laisse pas d’autre choix à l’Europe que d’agir de manière cohésive. « Nous avons sacrifié notre demande intérieure pendant des années, en privilégiant des modèles macroéconomiques axés sur l’exportation », a expliqué Macron, appelant l’Europe à investir dans les secteurs public et privé tout en simplifiant les réglementations qui entravent souvent la croissance technologique.

Pression sur l’UE pour qu’elle choisisse un camp

Les propositions tarifaires de Trump pourraient bientôt forcer l’UE à choisir entre ses liens économiques avec les États-Unis et la Chine. M. Draghi a exprimé ses inquiétudes quant au fait que la réglementation européenne pourrait être mise sous pression pour faire de la place aux entreprises technologiques américaines, tandis que les industries européennes pourraient être confrontées à des pressions supplémentaires. « Il y aura plus de droits de douane, et l’Europe est plus dépendante du marché américain qu’elle ne l’était il y a cinq ans », a observé Mario Draghi.

Ces tensions ont déjà mis en évidence des dissensions au sein de l’UE, en particulier dans les secteurs vulnérables à la concurrence extérieure. L’Allemagne, par exemple, a critiqué les récents droits de douane de l’UE sur les véhicules électriques chinois, craignant des répercussions sur son propre secteur automobile. Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est fait l’écho de cette préoccupation, notant que « les surcapacités et les importations sous-évaluées restent des menaces permanentes pour l’Europe ».

Un paysage politique fragile

Les appels à l’unité de Macron et Draghi interviennent dans un contexte d’instabilité politique en Europe. Face aux défis intérieurs français et à l’annonce par le chancelier Scholz d’élections anticipées en Allemagne, Macron a reconnu la difficulté d’aligner les intérêts européens. « La situation politique est précaire dans toute l’Europe », a déclaré Macron. Malgré ces défis, il estime que l’avenir de l’Europe dépend de la capacité de l’UE à surmonter les divisions internes et à présenter une position unie.

La détermination de Macron à positionner l’Europe comme une puissance géopolitique s’aligne étroitement sur la vision de Draghi d’une « Europe autonome ». Cette vision, a expliqué M. Draghi, est moins une alliance économique traditionnelle qu’une promotion de la résilience par des investissements dans la défense et la technologie, facilités par une dette européenne partagée. Les deux dirigeants ont souligné que les réglementations européennes devraient se concentrer moins sur la bureaucratie et plus sur la facilitation de l’innovation et de la compétitivité.

Préoccupations concernant la mise en œuvre

Si l’alignement stratégique de Macron et Draghi met en évidence une vision européenne partagée, des obstacles subsistent à la mise en œuvre de ces objectifs. Les principales économies européennes, telles que l’Allemagne et les Pays-Bas, entretiennent des liens commerciaux étroits avec la Chine, tandis que la France et l’Espagne ont généralement plaidé en faveur de politiques plus isolées. Cela a créé une lutte permanente pour rapprocher les intérêts, alors même que Bruxelles reconnaît la nécessité d’une approche européenne plus forte en matière de commerce et de résilience économique.

La récente décision de l’UE d’imposer des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, motivée par les inquiétudes de la France, n’a fait qu’aggraver les divisions au sein du bloc. Certains États membres, en particulier ceux dont l’économie est fortement axée sur les exportations, affirment que ces droits de douane pourraient mettre en péril la compétitivité mondiale de l’Europe. Macron a reconnu ces défis mais a souligné que la souveraineté européenne devait être une priorité : « Nous n’avons plus d’autre choix que de rester unis », a-t-il déclaré.

Une vision optimiste de l’avenir de l’Europe

Malgré les défis, Macron a terminé ses remarques sur une note optimiste, soulignant que l’Europe avait « tous les ingrédients sur la table » pour tracer une nouvelle voie. « Si nous prenons les bonnes décisions maintenant, sans délai, l’Europe a le potentiel d’en sortir plus forte », a-t-il déclaré, soulignant les diverses forces et valeurs partagées de l’Europe comme des atouts cruciaux pour faire face aux tensions mondiales.

Le contraste entre les plans de transition rapide de Trump et les efforts continus de l’UE pour s’unir n’a pas échappé à Macron. Il a suggéré que l’Europe pouvait encore prendre un élan stratégique, malgré un environnement politique incertain. Alors que la position de Macron sur la souveraineté trouve un écho auprès de son public national, son objectif plus large est d’orienter l’UE vers un avenir autonome.

Alors que l’UE fait face à ces pressions, le front uni de Macron et Draghi sert à la fois d’appel à l’action et de rappel des risques posés par la division. À l’approche de l’investiture de Trump, la réponse de l’Europe sera cruciale pour déterminer son rôle dans un paysage commercial mondial en mutation.

EU Briefs publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Briefs.

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