L’organe directeur de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête externe sur le procureur en chef, Karim Khan, à la suite d’allégations d’inconduite sexuelle. Reuters, citant deux personnes proches du dossier, rapporte qu’un document interne circulant parmi les États membres demande à Khan de démissionner temporairement de ses fonctions au tribunal des crimes de guerre basé à La Haye pendant que l’enquête se poursuit.
Le document, qui n’est ni daté ni signé, a été distribué aux États membres par le personnel de la CPI, selon les journalistes qui l’ont examiné. La déclaration exhorte Khan à se retirer pour garantir l’impartialité pendant l’enquête. Le bureau de Khan a adressé des demandes à ses représentants légaux, mais les appels téléphoniques et les multiples demandes de commentaires seraient restés sans réponse.
Khan a nié les accusations d’inconduite, qui ont été signalées pour la première fois à l’organe directeur de la cour le mois dernier. Depuis, il a demandé que le mécanisme de contrôle interne de la CPI ouvre une enquête sur ces allégations. Une source proche de la situation a informé Reuters que la décision de mener une enquête externe avait été prise lors d’une réunion jeudi à laquelle participait le premier groupe de l’organe directeur de la Cour, l’Assemblée des États parties (AEP).
Actuellement, les juges de la CPI examinent également une demande distincte de Khan, soumise en mai, visant à obtenir des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ministre de la Défense et les dirigeants du Hamas. Khan a déclaré que les accusations d’inconduite coïncident avec ce qu’il décrit comme une campagne de désinformation visant à saper son bureau.
Le document interne de la CPI distribué pour examen suggère que l’organe de surveillance indépendant de la Cour, chargé de traiter les questions de conduite, aurait dû ouvrir une enquête officielle sur ces accusations lorsqu’elles ont été soulevées pour la première fois. Cependant, selon une source proche du dossier, la victime présumée a exprimé des doutes quant à l’indépendance de l’organe interne de la CPI, étant donné que son nouveau chef était auparavant employé par Khan. Des inquiétudes quant à l’impartialité de l’enquête interne ont émergé à la suite d’informations selon lesquelles des détails confidentiels sur les allégations avaient été divulgués.
Le document indique également une pression croissante sur Khan pour qu’il quitte temporairement son poste, permettant à l’un de ses adjoints d’assumer ses fonctions de procureur pendant la durée de l’enquête.
Cette évolution représente un défi important pour la CPI, qui opère dans le cadre du mandat de poursuivre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Les allégations contre Khan, qui occupe le poste de procureur en chef de la CPI depuis juin 2021, surviennent à un moment critique pour la Cour alors qu’elle s’attaque à plusieurs affaires très médiatisées et fait face à des pressions et des critiques externes sur son rôle et sa juridiction dans la justice internationale.
L’enquête externe pourrait avoir des implications de grande portée à la fois pour la direction de la CPI et pour ses affaires en cours. En tant que personnage de haut rang au sein de la cour, le départ temporaire de Khan nécessiterait des ajustements provisoires de la poursuite pour maintenir la continuité opérationnelle de la cour. L’Assemblée des États parties, en tant que principal organe législatif et de gestion de la CPI, détient le pouvoir de décider des questions d’administration des tribunaux, et ses décisions dans ce contexte seront probablement examinées de près par la communauté internationale.
Le tribunal devrait se pencher sur ces questions au cours des prochaines semaines, alors que les parties prenantes évaluent la meilleure façon de maintenir la crédibilité de l’institution tout en gérant les allégations concernant son procureur en chef.